Dans Charlevoix comme sur la Côte-Nord, des représentants de l’industrie forestière ont réagi à l’annonce d’une aide financière de 1, 2 milliards $ annoncée le 5 août par le premier ministre Mark Carney.
La coopérative Boisaco, dont le siège social est situé à Sacré-Coeur, accueille « favorablement » les annonces faites par M. Mark Carney.
On attend toutefois de connaître les détails des modalités qui serviront à distribuer les deniers annoncés.
« L’accès à ces aides dépendra probablement de plusieurs conditions, notamment en lien avec le volume d’exportations vers les États-Unis. Dans le cas de Boisaco, cette part est relativement faible, ce qui nous incite à demeurer attentifs aux détails à venir », commente Steeve St-Gelais, président de Boisaco.
Il estime que les mesures annoncées pourraient être davantage bénéfiques aux entreprises plus « exposées » au marché américain, comme c’est le cas pour Groupe Lebel, en contribuant à stabiliser le marché intérieur et à éviter une pression à la baisse sur les prix du bois au Canada.
Chez Groupe Lebel, qui possède notamment une scierie à Saint-Hilarion, dans Charlevoix, on considère que « toutes les mesures sont bonnes » pour aider l’industrie, surtout dans un contexte de « guerre commerciale » avec les voisins du sud.
« La situation n’est pas exactement la même ici que dans l’ouest, mais il y a des barrières à l’entrée pour les marchés, les fameux tarifs, et toutes les industries importantes sont touchées, dont le bois d’œuvre », indique Pierre- Olivier Morency, directeur croissance et innovation pour Groupe Lebel.
Heureusement, l’entreprise où il travaille a su diversifier ses sources de revenus au fil des ans.
« On a un beau réseau de scieries bien intégré avec des produits diversifiés. On est capable de passer à travers de moments difficiles, on l’a déjà fait dans le passé. Ça fait 70 ans qu’on est en opération. Le marché est cyclique, il monte, il descend. Quand le marché est bon, on investit. Et quand il est moins bon, on se replie. C’est ce qu’on a toujours fait. Actuellement, on poursuit nos opérations normalement », ajoute M. Morency.
Les tarifs auront immanquablement un impact sur les activités de l’entreprise.
« Pour les hausse de marché, dans une perspective de marché global, on ne dicte pas les règles, mais ce qu’on va essayer de faire, lentement, mais sûrement, est de refiler la hausse, les tarifs, à nos acheteurs américains. Ça ne se fera pas du jour au lendemain », ajoute M. Morency.
Qui recevra quoi?
Difficile, à ce jour, d’évaluer quelle part du financement annoncé récemment par Mark Carney atterrira dans les coffres des entreprises.
« C’est une bonne question, ça vient d’arriver donc à voir dans le fin détail comment on va bénéficier, mais c’est toujours une bonne nouvelle de voir qu’il y a un intérêt du côté du fédéral. Ça faisait longtemps qu’on attendait cette annonce », commente le représentant de Groupe Lebel.
Le son de cloche est similaire du côté de Boisaco, où l’on est particulièrement intéressé par le volet diversification.
« Nous sommes également en attente d’éclaircissements quant aux mesures liées à la diversification des produits et des marchés. Nous souhaitons évaluer si ces initiatives pourraient s’arrimer avec certains projets actuellement à l’étude chez Boisaco », indique Steeve St-Gelais.
Maisons Canada
«Nous allons être notre propre meilleur client en comptant sur davantage de bois canadien pour des projets canadiens», s’est exclamé le premier ministre Carney lors de l’annonce du 5 août.
Tant du côté de Groupe Lebel que du côté de Boisaco, la mise en place à l’automne du programme Maisons Canada est accueillie avec optimisme. Mark Carney en avait fait une promesse électorale.
« Nous saluons la volonté du gouvernement de doubler la construction de logements en mettant de l’avant le bois d’origine canadienne. Cette orientation répond à un besoin essentiel dans un contexte de pénurie de logements, tout en valorisant une ressource renouvelable et locale », indique Steeve St-Gelais de Boisaco.
Pierre-Olivier Morency, de Groupe Lebel, voit également d’un bon oeil cette volonté de valoriser le bois dans le secteur de la construction.
« On sait qu’il y a une crise du logement, les gens ont besoin de se loger et de voir un élan à ce niveau-là, ça va être positif. En tant que producteur de bois d’œuvre, notre marché de prédilection est le marché de la construction. Quand le marché va bien, nos scieries fonctionnent à plein régime. Au final, toutes les mesures d’aide sont bonnes, on va toutes les prendre parce qu’on veut continuer à scier et à opérer», conclut-il.