Air Canada annulera tous ses vols samedi
Des personnes marchent près de la zone d'enregistrement d'Air Canada dans le terminal 1 de l'aéroport international Pearson de Toronto, à Mississauga, en Ontario, le mercredi 13 août 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Arlyn McAdorey
Air Canada annulera tous ses vols à partir de samedi matin, si le transporteur aérien ne parvient pas à une entente avec ses 10 000 agents de bord, a prévenu la direction lors d’une conférence de presse à Toronto.
Le chef des opérations d’Air Canada, Mark Nasr, a précisé que le transporteur aérien devait annuler progressivement certains vols avant de suspendre tous les vols samedi matin. L’arrêt complet pourrait affecter près de 130 000 passagers par jour.
«Pour faire les choses de manières sécuritaires et en ordre, nous devons commencer maintenant (à annuler des vols)», a dit M. Nasr.
L’entreprise précise que les clients dont les vols sont annulés auront droit à un remboursement complet.
Les plus chanceux se verront offrir une place sur un vol d’une autre compagnie. «Toutefois, il est important de garder à l’esprit que nous sommes en pleine saison estivale, a souligné M. Nasr. Les places disponibles sur les autres compagnies aériennes sont extrêmement limitées.»
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) compte déclencher une grève samedi, peu avant 1 h. Le transporteur aérien imposera quant à lui un lock-out.
Les points en litige portent notamment sur le salaire des agents de bord et le travail non rémunéré lorsque les avions ne sont pas en vol.
L’employeur et le syndicat se sont renvoyé la balle, faisant porter l’odieux des inconvénients subis par les voyageurs à l’autre partie. Leurs versions des négociations sont diamétralement opposées. Air Canada a écourté sa conférence de presse en raison de la présence de membres syndiqués qui tenaient une pancarte en silence.
La chef des ressources humaines d’Air Canada, Arielle Meloul-Wechsler, s’est dite déçue du vote des agents de bord. Elle a accusé le syndicat d’avoir fait traîner les négociations dans les derniers jours et d’avoir mené les discussions à une «impasse».
Le SCFP renvoie également la balle à Air Canada, qu’il accuse d’avoir coupé court aux négociations. «Pour nos passagers, on se sent très mal», a commenté la présidente de la section locale des agents de bord de Montréal d’Air Canada, Natasha Stéa, en mêlée de presse après la conférence interrompue d’Air Canada.
«On a nos passagers à cœur, a-t-elle insisté. On est désolé de tout ce qui pourrait arriver. Ce n’est pas ça qu’on veut. Ce qu’on aimerait, c’est de retourner à la table pour avoir un contrat.»
Les deux parties ont mené une guerre de chiffres. Mme Meloul-Wechsler a présenté l’offre patronale comme étant généreuse. Elle a évoqué une augmentation de la rémunération totale de 38 % en quatre ans, ce qui ferait de ses agents de bord «les mieux payés au Canada».
Mme Stéa a rejeté du revers de la main la version patronale. «Ils parlent d’une offre qu’on n’a jamais vue. (…) On n’est pas les mieux payés au pays, a rétorqué l’agente de bord. Avec l’augmentation qu’ils proposent, on ne serait pas encore les mieux payés au Canada.»
Jeudi matin, la ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hajdu, a une fois de plus appelé les deux parties à rester à la table des négociations jusqu’à ce qu’un accord soit conclu.
Elle a pris acte du fait que la partie patronale a déposé une demande pour que les négociations passent à un arbitrage exécutoire et a dit avoir demandé au syndicat de répondre à la demande de l’employeur.
Plus tôt cette semaine, le SCFP avait écarté la possibilité d’accepter un arbitrage exécutoire, estimant qu’il s’agissait d’une tentative de l’employeur de priver les syndiqués de leurs droits.
Dans sa déclaration, la ministre Hajdu a réitéré que des médiateurs fédéraux sont disposés et aptes à travailler avec les parties «24 heures sur 24 jusqu’à ce qu’elles parviennent à un accord».
«J’exhorte les deux parties à mettre leurs différends de côté, à revenir à la table des négociations et à conclure un accord dès maintenant pour les nombreux voyageurs qui comptent sur vous», a-t-elle tranché.
Mme Stéa a dit craindre que le fédéral intervienne pour mettre fin au conflit. «Je pense qu’il y a un ton dans l’air, que le gouvernement va peut-être s’en mêler et nous enlever un droit. Et ça, ce n’est pas correct et ça me fait de la peine.»
Malgré les turbulences, l’action d’Air Canada gagnait 0,02 $, ou 0,10 %, à 19,68 $ à la Bourse de Toronto vers midi.