Deux chasseurs morts mystérieusement à Natashquan : le coroner n’a pas de réponses
Des croix sont visibles sur le site où est survenu le drame, à environ 1,1 km de la route 138, à Natashquan. Photo Facebook, Marcia Uapistan
Deux amis de longue date partie chasser l’oie aux abords d’un lac à Natashquan le 2 mai 2022 sont décédés tous les deux par arme à feu. Après trois ans d’enquête, le coroner est incapable de déterminer les circonstances exactes de ce drame mystérieux.
« Malheureusement, s’il est escompté que la présente investigation fasse toute la lumière sur ce qui s’est passé, il risque d’y avoir des déceptions », affirme d’entrée de jeu le coroner Bernard Lefrançois, dans les analyses visant à établir les circonstances des décès de Alex Mestokosho, 29 ans et de Marco Malec, 32 ans, tout deux de Natashquan.
Les rapports ont été achevés en date du 23 septembre dernier.
Le 2 mai 2022, les deux amis ont été reconduits au stationnement donnant accès à un sentier pour se rendre à un site de chasse aux abords d’un lac, à environ 1,1 km de la route 138.
Rien ne laisse penser qu’il y avait un conflit entre les deux, au contraire.
« La personne qui est allée les reconduire au lieu de chasse n’a rien rapporté de particulier dans leurs propos ou leur comportement », note le coroner.
De plus, aucun élément en lien avec une possible intervention d’un tiers dans l’affaire n’a été observé durant les autopsies.
Pourtant, un peu moins 5 h plus tard, des cris et des coups de feu sont entendus par une personne qui chassait non loin de là. Cette dernière s’est approchée et a retrouvé les deux corps ensanglantés, l’un à côté de l’autre.
« S’agissait-il d’un accident, d’un double suicide, d’un double meurtre causé par un tiers, d’un meurtre suivi d’un suicide, d’un accident suivi d’un suicide ? », questionne le coroner, qui n’arrive à aucune conclusion claire, malgré une enquête de trois ans.
Il n’est pas non plus en mesure d’exclure des hypothèses pour éliminer des théories.
« Voilà qui explique en partie pourquoi ce dossier s’est étiré dans le temps », souligne-t-il.
Quelques pistes
L’accident suivi d’un suicide est toutefois peu probable, selon Me Lefrançois, étant donné le peu de temps entre les deux détonations.
« On peut présumer qu’une personne qui aurait voulu se suicider après un accident qui a tué une autre personne l’aurait fait après un certain délai de réflexion », explique-t-il.
Dans un autre ordre d’idée, l’enquête n’a mené à aucune trace ou indice en lien avec un pacte suicidaire. Également, rien qui n’établit que les deux personnes avaient déjà tenu des propos suicidaires.
L’autopsie a par ailleurs confirmé que la distance de tir était « à bout touchant », « et que le tout pouvait être compatible avec une auto manipulation de l’arme à feu. »
« Mais la décharge mortelle aurait pu tout aussi bien être accidentelle suite à une mauvaise manipulation due à une consommation d’alcool qu’à un suicide », ajoute le coroner.
À ce propos, Marco Malec avait plus du double de la limite permise d’alcool pour conduire dans son organisme. Dans le cas de Alex Mestokosho, on parle de trois fois la limite. Les deux hommes étaient habitués de la chasse et expérimentés dans le maniement d’armes à feu. Cependant, il est possible que l’alcool soit venu changer la donne. Encore une fois, rien de concret pour en arriver à une telle conclusion, explique-t-on dans le rapport.
« L’alcool aurait-il pu faire perdre la tête à l’un ou à l’autre ? Possible. Mais rien ne nous permet de tirer des conclusions claires et nettes en ce sens. »
Morts suspectes à Natashquan : l’analyse de la scène se poursuit