La baleine à bosse peut enfin respirer, même si l’espèce demeure fragile
Si elle a connu une légère augmentation de sa population au cours des dix dernières années, la baleine à bosse demeure néanmoins une espèce qui demeure fragile. Photo courtoisie Cétamada
Si elle a connu une légère augmentation de sa population au cours des 10 dernières années, la baleine à bosse demeure néanmoins une espèce fragile. C’est du moins le constat que fait la Dre Schédir Marchesseau, médecin vétérinaire et spécialiste de cette espèce.
Celle qui est aussi vice-présidente de Cétamada, l’organisme qui a chapeauté le 4e Congrès mondial sur les baleines à bosse qui s’est déroulé du 15 au 19 octobre à Québec et à Tadoussac, offre un bilan nuancé de l’état actuel des populations de baleines à bosse dans le monde.
« La baleine à bosse est une espèce qui a beaucoup souffert de la pêche commerciale », explique la Dre Marchesseau, qui a rejoint l’équipe scientifique de Cétamada en 2015. Quoi qu’il en soit, grâce aux efforts massifs de conservation menés au cours des dernières décennies, les nouvelles sont encourageantes. Les populations du nord et du sud connaissent une augmentation annuelle dépassant les 10 %, ce qui trace un tournant remarquable pour une espèce autrefois menacée d’extinction.
Cette remontée spectaculaire s’explique par une mobilisation exceptionnelle de la part de la communauté internationale. « C’est une espèce emblématique qui est très aimée du public et qui a une résonance émotionnelle très forte », souligne l’experte. Cette connexion émotionnelle unique a permis aux organisations de conservation de mobiliser les ressources et l’attention nécessaires pour inverser le déclin. Le statut de conservation de la baleine à bosse auprès de l’Union internationale pour la conservation de la nature s’est largement amélioré ces dernières années, reflétant ces progrès tangibles.
Menaces persistantes et multiples
Le tableau n’est cependant pas entièrement rose. Malgré les avancées notables, la baleine à bosse reste un animal fragile qui fait face à une série de défis croissants. Les collisions avec les bateaux continuent de représenter une menace majeure pour les populations, particulièrement dans les zones côtières hautement fréquentées.
La diminution de ses proies alimentaires constitue également un problème croissant. L’augmentation de l’utilisation commerciale du krill, ressource cruciale dans la chaîne alimentaire marine, réduit les disponibilités nutritionnelles pour ces géants des océans.
La pollution acoustique représente un autre problème majeur. « Les baleines à bosse communiquent par des sons », rappelle l’experte des cétacés. À son avis, le bruit anthropique intensif dans les océans limite considérablement les communications entre les individus et peut réduire leur taux de survie. Toujours selon la Dre Marchesseau, cette perturbation sonore affecte l’ensemble du comportement social et reproductif de l’espèce.
Défis pour les populations
À ces situations historiques, la scientifique ajoute des menaces plus modernes. Selon Schédir Marchesseau, la pollution plastique contamine progressivement tout l’habitat des populations de baleines à bosse, avec des conséquences encore largement méconnues à long terme. Les changements climatiques posent aussi un défi de taille pour la survie de l’espèce, en créant une cascade d’impacts sur l’ensemble de l’écosystème marin.
Certains articles scientifiques récents tirent la sonnette d’alarme sur l’impact de ces changements globaux sur la baleine à bosse. Bien que la population soit actuellement en croissance, « il y a des variations qui peuvent rester très fragiles par rapport à toutes les menaces », reconnaît l’experte.
Pas de relâchement possible
La Dre Marchesseau est catégorique : il ne faut absolument pas relâcher les efforts de conservation. Les gains réalisés au cours des dernières décennies ne sont pas irréversibles. Chaque nouveau défi environnemental représente un risque pour cette espèce qui a déjà été extrêmement vulnérable.
« Quand on a la chance de les voir, c’est un cadeau », estime l’experte qui consacre sa vie à l’étude de ces animaux depuis dix ans. Pour elle, la baleine à bosse, symbole vivant de nos efforts de conservation, mérite une vigilance constante et un engagement renouvelé pour assurer sa survie à long terme.