« Les médecins ne travaillent pas assez »

Une médecin de Baie-Comeau réplique au ministre de la Santé

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 25 octobre 2025
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La Dre Mirika Gagné a lancé une action de mobilisation la semaine dernière, soit de porter un carré rouge et blanc. Photo courtoisie

Exaspérée par les déclarations du ministre de la Santé sur la présence jugée insuffisante des médecins de famille dans leurs bureaux, la médecin de famille de Baie-Comeau, Dre Mirika Gagné, prend la parole pour défendre sa profession. 

Elle déplore les propos qu’elle juge réducteurs à l’égard des omnipraticiens et met en garde contre les conséquences d’un discours qui, selon elle, mine la motivation des médecins déjà à bout de souffle.

La Dre Gagné, médecin de famille depuis plus de douze ans, a senti le besoin de remettre les pendules à l’heure. « Ce qu’on entend dans les médias, ce n’est pas ce qu’on vit sur le terrain. Ce n’est pas ce que je vois chez mes collègues non plus, affirme-t-elle. Le gouvernement donne l’impression que les médecins ne travaillent pas assez, alors qu’on est à bout de ressources. »

L’omnipraticienne partage son temps entre son cabinet et l’hôpital. « Je ne peux pas être à deux endroits en même temps. On nous demande d’être à l’urgence, en salle d’hospitalisation, et en clinique de première ligne », donne-t-elle en exemple.

Elle rappelle que chaque heure travaillée correspond à des soins donnés à des patients. « Mon revenu, ce sont des actes médicaux rendus. Ce n’est pas un salaire de bureau. Chaque dollar représente un service que j’ai offert. »

Selon elle, les commentaires du ministre témoignent d’une incompréhension du rôle des médecins de famille. « On a l’impression qu’on ne reconnaît pas notre travail. C’est ce qu’il y a de plus décourageant. »

Les récentes critiques du ministre Dubé auraient eu un effet démotivant chez plusieurs médecins, estime la Baie-Comoise. « Quand on donne tout ce qu’on a, souvent au détriment de notre santé et de notre famille, et qu’on se fait dire qu’on ne fait pas assez, c’est très difficile. »

Elle s’inquiète aussi des départs observés ailleurs au Québec. « Des dizaines de médecins ont quitté le réseau depuis quelques mois, et d’autres songent à le faire. On ne peut pas se permettre de perdre davantage de monde dans un réseau déjà en sous-effectif. »

« On fait partie de la solution »

Face à cette situation, Dre Mirika Gagné refuse de baisser les bras. Elle porte désormais un petit carré rouge et blanc, symbole de solidarité entre médecins, pour exprimer son inquiétude. « C’est notre façon de dire qu’on est préoccupés pour l’avenir du réseau. »

« On n’est pas les adversaires du gouvernement. On est dans la même équipe. On veut faire partie de la solution », insiste celle qui a lancé ce mouvement de mobilisation. Selon elle, les réformes en cours devraient être élaborées en collaboration avec les professionnels de terrain. 

Avec environ 700 patients à sa charge, l’omnipraticienne demeure attachée à sa communauté et à sa profession. « J’adore la relation que j’ai avec mes patients. C’est pour eux que l’on continue. Mais il faut que le gouvernement comprenne qu’on ne peut pas toujours en faire plus avec moins », conclut-elle.

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Jean Lemieux
Invité
Jean Lemieux
13 jours il y a

Chere médecin,
Je suis Québécois ayant vécu de longues périodes de ma vie dans des pays aux cultures différentes, notamment en Scandinavie et au Moyen-Orient. Cela m’a permis de faire une comparaison des systèmes de santé. 
 
Lorsque vous vous présentez dans une clinique ou un hôpital, vous n’avez pas à attendre des heures dans une salle d’attente. Je n’ai jamais attendu plus de trente minutes avant de voir un médecin. 
 
C’est malheureux, mais notre système de santé est malade, et sans la contribution de tous, il n’y aura pas de progrès. Les mesures prises par vos organisations sont exagérées, surtout celle qui retarde la graduation des nouveaux médecins. 
 
Vous auriez avantage à changer la dynamique en renouvelant vos leaders.  

Marc Hervieux
Invité
Marc Hervieux
13 jours il y a

Très bon commentaire