Les musées des régions éloignées en danger 

Par Emy-Jane Déry 10:39 AM - 28 octobre 2025
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Les directions générales des musées de la Gaspésie (Martin Roussy), de Rimouski (France Leclerc), du Bas-Saint-Laurent (Mélanie Girard), de la Côte-Nord (Mélissa Lacroix), de la Mer aux Îles-de-la-Madeleine (Carole Lemieux) et Jean-François Royal, président de la Société des musées du Québec ont tenu un point de presse, mardi, le 28 octobre 2025 pour faire connaître au gouvernement et au public l’urgence que leur financement soit ajusté. Photo courtoisie

Le Musée de la Côte-Nord sera fermé partiellement cet hiver pour une deuxième année consécutive, faute de financement. 

Comme les autres Musées du Québec basés en région éloignée, celui de la Côte-Nord peine à trouver des solutions créatives pour rester en vie. 

Sa petite équipe permanente composée de cinq personnes se partage les tâches du ménage du bâtiment, question de sauver un peu d’argent. 

Mélissa Lacroix est en poste depuis seulement quelques mois, comme directrice du Musée de la Côte-Nord. 

« Depuis que je suis arrivée, la grande majorité de mon temps, c’est d’essayer de trouver des façons d’économiser et de trouver du financement le plus possible », a-t-elle dit, lors d’un point de presse tenu mardi matin, par les directions générales des musées régionaux de l’Est-du-Québec. 

Tandis que plusieurs d’entre eux font face à un risque de fermeture, ils ont lancé un appel pressant au gouvernement du Québec d’ajuster le financement qui leur est accordé. Ils réclament un investissement immédiat de 2,54 M$ pour soutenir 43 musées situés en régions éloignées. Les cinq musées (Gaspésie, Rimouski, Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord, Îles-de-la-Madeleine) et la Société des musées du Québec ont dressé le portrait d’une « iniquité systémique » de leur financement. 

Concrètement, chaque dollar investi par le programme d’Aide au fonctionnement pour les institutions muséales (PAFIM) de Québec ne vaut que 0,65 $ dans ces régions, ont-ils plaidé. 

« Si on veut, par exemple, au Musée de la Gaspésie présenter une exposition itinérante qui a été fabriquée en ville, à Montréal, pour les gens qui sont à 200 km de circonférence autour de Montréal, le coût est à 15 000 $, mais rendu au Musée de la Gaspésie, c’est 30 000 $ », a illustré Martin Roussy, directeur général du Musée de la Gaspésie et porte-parole du regroupement. « C’est le double. C’est ce genre d’écart-là important qui crée ces coûts d’exploitation qui sont plus élevés », a-t-il poursuivi. 

L’éloignement et les contraintes logistiques se traduiraient par des coûts d’exploitation en moyenne 60 % plus élevés que dans le reste de la province. 

Une solution existe

Le regroupement des musées en région éloignée affirme aussi avoir mis le doigt sur une solution qu’il juge « réaliste ». 

En plus de l’investissement immédiat, il souhaiterait qu’un supplément à l’éloignement soit inclus au PAFIM, de façon permanente. 

« Ce supplément-là, à l’éloignement, se base sur un indice qui s’appelle l’indice de disparité régionale. C’est un indice qui existe déjà au gouvernement et qui est utilisé, par exemple, pour évaluer les coûts de construction d’un bâtiment », a expliqué M. Roussy. 

L’indice permet de calculer les coûts supplémentaires d’un projet liés à l’éloignement. Le regroupement a déposé des documents explicatifs au gouvernement. 

« On a rencontré les porte-parole en matière de culture des trois partis d’opposition pour les sensibiliser à notre dossier, ainsi que nos députés et les ministres responsables de nos régions », a souligné M. Roussy. 

Le regroupement espère que son appel à l’aide amènera le gouvernement à agir rapidement. 

« Parce que, oui, si rien n’est fait, le Musée de la Gaspésie, comme les autres institutions muséales en région éloignée, risque de devenir un bateau fantôme qui va emporter avec lui une part de notre histoire et de notre identité », a-t-il dit. « Des portes ouvertes dans lesquelles ont entre, mais avec plus les mêmes services. Des coquilles vides », a conclu Martin Roussy.