Portneuf-sur-Mer : la maison cachette d’Erika Soucy

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 28 octobre 2025
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Erika Soucy a présenté son livre La maison cachette le 25 octobre à la bibliothèque municipale de Portneuf-sur-Mer. Photo Johannie Gaudreault

Parler de violence conjugale avec des enfants n’est pas chose simple. L’autrice Erika Soucy a réussi à le faire avec délicatesse dans son nouveau livre La maison cachette.

L’autrice originaire de Portneuf-sur-Mer a voulu faire œuvre utile en racontant son passage en maison d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, il y a 30 ans.

« L’éditeur de La Pastèque m’a donné carte blanche. J’ai dit que j’aimerais écrire une histoire sur les maisons d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence », raconte-t-elle lors de la présentation de sa bande dessinée à la bibliothèque de Portneuf-sur-Mer, le 25 octobre.

« Quand j’étais petite, j’ai séjourné pendant une courte période à la maison l’Amie d’Elle à Forestville. J’en garde un bon souvenir, un souvenir lumineux. Ça n’a pas été triste à la maison l’Amie d’Elle », poursuit l’artiste.

Le livre demeure une fiction, mais inspirée de son expérience. « J’ai changé les noms et évidemment, les toutous ne parlent pas dans la vraie vie. Mais dans la pièce, on trafique un peu ça, on ajoute de la magie », explique celle qui a pensé cette histoire comme une quête de lumière et de bonheur.

Erika Soucy ne la voit pas comme un drame même si on aborde une situation dramatique. « Mon histoire, elle finit bien, mon parcours est heureux et il se passe plein de beaux moments dedans. Alors c’est ça que je voulais montrer. »

Pour ce faire, l’autrice s’est remise dans la peau de la petite fille qu’elle était. « Je me rappelais qu’il y avait des toutous qui nous avaient été donnés, qui faisaient que je me sentais bien. Il y a beaucoup d’éléments authentiques, des petits détails que je n’ai pas eus à inventer parce qu’ils étaient réels et je ne pouvais pas me tromper », témoigne-t-elle.

Son objectif n’était pas non plus d’écrire une histoire captivante avec des rebondissements qui n’en finissent plus. Il y a une quête : Tania veut fêter l’anniversaire de son petit frère Laurent.

« Elle est simple cette quête-là et, en même temps, elle est universelle aussi. Quel enfant n’a pas l’envie de fêter son anniversaire ? », partage Erika. 

En plus de parler de son parcours, Erika Soucy a réalisé une lecture publique. Photo Johannie Gaudreault

Une démarche profondément personnelle

Connue pour ses œuvres ancrées dans la réalité nord-côtière, notamment Les murailles, Erika Soucy n’a jamais séparé son art de son vécu.

« J’ai toujours eu une démarche autobiographique et mon éditeur a décidé de l’assumer », dit-elle. Cette approche se retrouve dans ses romans, ses pièces de théâtre, mais aussi dans ses scénarios pour la télévision. Elle a notamment signé pour la série Léo et Les Perles.

Avec La maison cachette, elle s’aventure pour la première fois dans la littérature jeunesse illustrée.  L’illustratrice Geneviève Bigué qui l’accompagne a su, selon elle, « ajouter de la magie sans effacer la réalité ». Chaque élément visuel du livre a été minutieusement réfléchi.

« Au début, tout est sombre, presque noir et à la fin, c’est plus orangé, plus lumineux. C’est le retour au bonheur, à la sécurité », décrit-elle.

L’illustratrice a même dû ajuster certains dessins à la demande de l’autrice. « Au départ, Tania avait l’air triste, mais moi, je ne me souviens pas d’avoir beaucoup pleuré. J’étais coupée de mes émotions, comme plusieurs enfants le sont dans ce contexte. »

Une quinzaine de personnes sont venues à la rencontre de l’autrice native du village. Photo Johannie Gaudreault

Un outil pour les familles et les intervenants

Plus qu’un récit littéraire, La maison cachette se veut aussi un outil éducatif. Erika Soucy dit être en contact avec le réseau des maisons d’hébergement pour que le livre y circule au Québec. « J’aimerais que ça devienne un support de discussion entre les enfants et les parents », fait-elle savoir. Deux maisons d’hébergement de la Côte-Nord ont déjà leur copie.

La bande dessinée est pour un public de 7 ans, mais les adultes y trouvent aussi leur compte. « Il y a beaucoup de sous-textes, mais les enfants comprennent à leur façon. Ce qui compte, c’est de laisser venir leurs questions et d’y répondre », mentionne l’autrice.

La résidente de Québec n’a jamais oublié ses racines nord-côtières. C’est à Portneuf-sur-Mer qu’elle a puisé sa voix d’autrice. Aujourd’hui, elle continue de porter la région dans ses mots, tout en explorant de nouvelles formes artistiques.

Le livre est destiné à un public de sept ans, mais les adultes y trouvent leur compte aussi. Photo Johannie Gaudreault

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