Il faut vivre une campagne électorale de l’intérieur pour comprendre la gamme d’émotions qu’ont dû traverser les nombreux candidats, leur famille et leur garde rapprochée. Bien sûr, certains d’entre eux ont abordé l’élection municipale avec légèreté, tantôt élus par acclamation ou simplement conscients que les candidats sortants jouissaient pour quelques-uns d’un capital de sympathie difficile à surpasser. Mais plusieurs candidats ont vu leur parcours s’arrêter brusquement, alors qu’ils y croyaient profondément. On peut penser connaître les humeurs d’une population, mais c’est dans l’urne que tout se passe.
La Côte-Nord n’a pas fait exception, il y a eu de tout : des couronnements prévisibles, mais aussi quelques batailles épiques et sans doute bien stressantes pour les candidats. Le fait est que tout ce beau monde vivra à sa façon un lendemain de veille dont il se souviendra pour les bonnes ou les moins bonnes raisons. Aujourd’hui, toute l’attention est tournée vers les nouveaux élus, car les attentes sont grandes. J’ai une pensée particulière pour ceux et celles qui, battus, s’en retournent à la maison, parfois après plusieurs années d’implication.
La politique peut être ingrate et particulièrement lorsqu’il y a une soif pour le changement. Ne soyez pas trop dur avec vous-même. Au contraire, soyez fiers de ces années dédiées à votre communauté. Personne ne pourra vous les enlever. Des années d’implication qui ont demandé de votre part nombre de sacrifices. Mais, c’est aussi ça la démocratie ; parfois elle nous invite à la danse, parfois elle nous remercie. Un bon test pour notre humilité et notre résilience.
Bien sûr, il va de soi de féliciter les nouveaux élus. Peu importe la taille de la municipalité, nos élus nord-côtiers auront d’énormes défis. De son côté, le maire de Baie-Comeau, M. Desbiens, a su rallier tant son équipe que la population. Une population qui vraisemblablement a aimé ce qu’elle a vu au cours du dernier mandat, au point de lui accorder un appui des plus convaincant. N’en doutez pas, ce genre d’appui ne passe pas inaperçu dans les autres paliers de gouvernement et procure une assurance et une légitimité à toute épreuve. M. Desbiens pourra rapidement reprendre les discussions aux différentes tables de travail.
Sept-Îles quant à elle, comptera sur une équipe renouvelée, seulement deux conseillers sortants ayant été reconduits. La controverse autour du dossier de l’hôtel de ville n’y est certainement pas étrangère. La population n’aime pas voir la dissension au sein de l’équipe municipale, bien consciente qu’elle paralyse et nuit au développement d’une ville. Quelques-uns ont sans aucun doute payé le prix de cette dissension. L’enjeu pour le nouveau Conseil consistera à ne pas tomber dans le même piège : prendre des décisions difficiles sans mettre l’équipe en péril. Plusieurs conseils municipaux auraient intérêt à suivre une petite formation sur le travail d’équipe et la démocratie. L’encre ne sera pas séchée sur les bulletins que la pression reprendra de plus belle sur les nouveaux élus, pour qu’ils statuent dans le dossier de l’hôtel de ville. Il faudra trouver une sortie de crise en affichant l’unité du Conseil. Un premier test de leadership qui donnera le ton au mandat de cette nouvelle équipe.
De son côté, Port-Cartier a choisi le changement en confiant les rênes de la ville à Mme Beaupré. M. Thibault, sans doute un peu victime de l’usure du temps, aurait aimé poursuivre pour un troisième mandat, mais vraisemblablement, la population souhaitait là aussi le changement.
L’engagement communautaire n’a rien d’un long fleuve tranquille. À peine élu, l’adoption du premier budget nous ramène à la réalité ; celle de toutes ces obligations qui ne peuvent attendre, celle des marges de manœuvre souvent bien minces pour répondre aux attentes créées lors de la campagne. D’ailleurs, la population se chargera de rappeler à chacun ses engagements.
Je souhaite à tous les élus nord-côtiers, de Blanc-Sablon à Tadoussac, de ne jamais perdre le plaisir de servir, de cultiver le respect et l’humilité, de s’accomplir, de garder en tête toute l’importance de la concertation régionale et de toujours se rappeler à qui ils sont redevables.
Bon mandat !