« Depuis mes cinq ans, c’est comme si c’était en moi »

Par Charlotte Paquet 21 juin 2018
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Baie-Comeau – Pendant que les petits garçons québécois s’amusaient à se transformer en policier, en pompier ou en joueur de hockey vers la fin des années 60 début 70, Noël Jean-Baptiste, lui, jouait au prêtre dans son pays natal, Haïti. Ce samedi 23 juin, à la cathédrale Saint-Jean-Eudes à Baie-Comeau, la réalité le rattrapera avec son ordination à la prêtrise.

« Depuis mes cinq ans, c’est comme si c’était en moi », avoue le membre de la communauté de la Famille Myriam, rencontré par Le Manic à la maison-mère de Baie-Comeau. Ce samedi, sur le coup de 15 h, l’évêque du diocèse, Mgr Jean-Pierre Blais, célébrera l’ordination du petit frère Noël Jean-Baptiste au sein de la famille Myriam.

Les ordinations sont une denrée rare partout au Québec et la région de la Côte-Nord n’y fait pas exception. La dernière date de huit ans et c’était celle de Laurier Poulin, alors petit frère de la Famille Myriam. Et avant lui, il faut remonter à 1999 pour l’ordination de Jérôme Thibeault à Baie-Comeau, sa ville natale.

Ses premiers contacts avec les prêtres, le petit frère Noël Jean-Baptiste, âgé de 56 ans, les a eus dès sa tendre enfance quand sa mère l’emmenait à l’église.

De voir les prêtres avec leur chasuble devant l’assemblée allait chercher quelque chose en lui, même s’il ignorait de quoi il en ressortait à l’époque. « Le Seigneur se sert de tout pour nous parler », souligne-t-il, le sourire aux lèvres.

Il a beau avoir joué au prêtre dans son enfance, il aura fallu bien des années avant que l’homme embrasse la prêtrise. Comme la vie réserve aux gens bien des détours parfois avant d’atteindre un but, il a fait partie des Frères des écoles chrétiennes pendant 21 ans, une communauté qui n’a pas de prêtre, avant la quitter en 2004 pour se joindre à celle de la Famille Myriam. « C’est le Seigneur qui m’a permis de faire ce détour pour en arriver là », indique-t-il.

Pourquoi la Famille Myriam?

La dimension contemplative et missionnaire de la communauté, fondée par sœur Jeanne Bizier à Baie-Comeau en 1979, l’attirait. « Dans mon être, je sentais un appel à me donner au Seigneur. C’est la raison pour laquelle je me suis donné à la Famille Myriam », souligne-t-il. Dès son arrivée, son idée était donc arrêtée : il serait ordonné prêtre un jour.

Toutes ces années entre le début de sa formation de quatre ans à Baie-Comeau et son ordination lui auront permis de bien saisir la spiritualité intrinsèque de la communauté. « Il faut bien connaître la spiritualité et être Myriam », précise-t-il.

Une fois sa formation complétée, il dit avoir été en mission à Baie-Comeau pendant deux ans, puis ensuite à la maison de la Famille Myriam à Québec pendant deux autres années. En 2013, il est reparti en Haïti pour une mission de deux ans également.

À son retour au Canada, il a étudié au Grand séminaire de Montréal afin de compléter ses études en philosophie et quelques cours de mises à jour à ses études en théologie.

Pourquoi la prêtrise?

Pourquoi un homme aspire-t-il à devenir prêtre? Qu’est-ce qui l’attire? « Le Seigneur m’a demandé un service ecclésiastique. Ça prend le sacerdoce ministériel pour aider les baptisés », explique le petit frère. Il compare le rôle du prêtre à celui d’un médiateur entre le Seigneur et les baptisés. « Le Seigneur me prépare depuis mes cinq ans », rappelle-t-il.

Le petit frère Noël a hâte à samedi. « J’ai vraiment hâte d’être ordonné parce que c’est un grand jour et un grand événement. En même temps, je me sens très petit en sachant que c’est le Christ qui va passer par moi pour pardonner les péchés, pour faire l’eucharistie et pour changer le pain et le vin en son corps et en son sang », admet celui qui deviendra le troisième prêtre de la communauté de la Famille Myriam.

Les petites sœurs servantes (elles jouent le rôle de directrices) des 14 maisons disséminées dans six pays seront sur place, à Baie-Comeau, pour vivre ce grand jour avec l’un des leurs. Plusieurs autres membres de la Famille Myriam assisteront à l’ordination, tout comme quelques membres des Frères des écoles chrétiennes et d’autres prêtres.

Fait à noter, quand Noël Jean-Baptiste retournera dans son pays, il deviendra le père Noël puisque la coutume là-bas est d’appeler les prêtres sous le nom de père.

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