Florance Désormeaux raconte sa transsexualité et plus encore

Par Charlotte Paquet 6 juillet 2017
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Baie-Comeau – Florance Désormeaux publiera sous peu un premier ouvrage intitulé Simplement moi, l’histoire de ma vie. L’ancienne entrepreneure de la Manicouagan, connue alors sous le prénom de Bruno, s’y livre corps et âme en racontant son cheminement vers la transsexualité, sa dépression et ses phases suicidaires. En toile de fond, un incroyable souffle d’espoir!

L’auteure a résidé à Pointe-aux-Outardes de 2004 à 2013. Celle qui gagne aujourd’hui sa vie comme massothérapeute à Lévis était alors propriétaire de l’entreprise Les planchers B.D. Elle a aussi possédé pendant trois ans le Rigolfeur et un parc de jeux gonflables sur le boulevard Laflèche, à Baie-Comeau.

« Je voyais la quarantaine arriver et après la mort de mon garçon (il s’est suicidé à l’âge de 16 ans en 2009), on s’est dit : « On va ralentir. On ferme tout ça et on profite de la vie », explique Florance Désormeaux au bout du fil.

Tout ça s’est produit dans la même période que la prise d’une autre importante décision. « J’ai quitté la Côte-Nord pour faire ma transition d’homme à femme », confie l’ancienne Manicoise. Après une première année de traitement d’hormonothérapie particulièrement difficile, avec une dépression et une « quasi » tentative de suicide, Bruno-Florance Désormeaux a finalement changé de sexe le 7 décembre 2015, le jour même de son quarantième anniversaire de naissance.

Depuis ses 10 ans

Comme cadeau de fête, on ne peut guère faire mieux, d’autant plus quand, depuis notre enfance, un mal-être par rapport à notre corps nous habite.

« Je le sais depuis l’âge de 10 ans que je n’étais pas dans le bon corps, mais je refusais de me l’avouer. Après le suicide de mon garçon, j’ai rencontré quelqu’un sur la Côte-Nord qui me l’a mis en pleine face. Ma conjointe de l’époque m’a beaucoup aidée. Elle voulait que je sois bien, mais voulait aussi que je reste Bruno », se remémore celle qui a consulté un psychiatre à Chicoutimi pour l’aider à y voir clair.

« Entre le sentir, l’accepter et vouloir le faire, ça prend un certain courage », assure Florance Désormeaux. Car, comme tant d’autres personnes, le Bruno d’avant s’est déjà demandé comment une personne pouvait en arriver à la transsexualité. «Moi, le changement de sexe, j’avais déjà vu ça et je m’étais dit : « Faut-il êtrefucké pour passer par là », admet-elle.

Aujourd’hui, Florance affirme se sentir beaucoup mieux dans son corps et être beaucoup plus en contrôle et consciente de ses émotions et de ce qu’elle est. D’ailleurs, les émotions en montagnes russes souvent associées à la gent féminine, elle dit les comprendre aujourd’hui. « Là, aujourd’hui, je me rends compte de la différence entre la drive d’un homme et la drive d’une femme », souligne-t-elle en riant.

Et même si elle est passée d’un corps d’homme à un corps de femme, elle n’en demeure pas moins attirée par les femmes. Aujourd’hui, elle est d’ailleurs en couple avec une conjointe.

« Ce n’était pas un problème d’orientation sexuelle, mais bien d’identité sexuelle. Je n’ai pas plus aujourd’hui le gout d’être avec un homme », insiste-t-elle.

L’écriture

L’écriture de Simplement moi, l’histoire de ma vie est venue tout naturellement. Au départ, explique l’auteure, elle s’est mise à coucher sur papier son cheminement à la demande d’une femme qui était entrée dans sa vie. « Elle voulait comprendre par où j’étais passée. J’avais commencé à écrire pour elle. Ensuite, j’en rajoutais et j’en rajoutais, mais en pensant le garder privé », précise-t-elle.

La décision de publier, Florance Désormeaux l’a prise en se disant que son histoire pouvait aider d’autres personnes. Oui, elle y parle de sa transsexualité, mais pas juste de ça, insiste-t-elle. Sa dépression, ses pensées suicidaires y ont une place, tout comme le synchronisme et les anges.

Son livre, elle le publie à compte d’auteure pour préserver toute sa liberté. « Je me donnais la possibilité de tout faire avec mon livre et que personne ne me mettrait de barrières », raconte-t-elle. Une maison d’édition intéressée l’a bien approchée, mais elle considérait que son histoire n’était pas assez sensationnelle, souligne l’auteure.

Florance Désormeaux explique avoir refusé d’amplifier la réaction émotive de son père lorsqu’il a appris la nouvelle de son changement de sexe. « Ce que j’ai mis dedans (dans le livre), c’est ce que mon père a fait. Il m’a dit « Je t’aime et on ne te laisse pas tomber », conclut-elle.

Le livre est déjà disponible en version numérique et sortira en format papier le 15 juillet. L’auteure invite les gens à consulter sa page Facebook pour en savoir plus.

 

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