Karyne Huard honore sa promesse d’adolescente faite à sa mère

Par Charlotte Paquet 4 Décembre 2018
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Karyne Huard et son conjoint Éric Valcourt s’apprêtent à surprendre des familles démunies en leur offrant des épiceries de Noël pour une septième année. Ils paient l’une d’elles de leurs poches et bénéficient de dons de la population pour les autres. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Dans son adolescence, Karyne Huard a connu ce qu’est de recevoir des paniers d’épicerie à Noël parce que ta famille en arrache financièrement. Aujourd’hui, à 37 ans, elle s’apprête à redonner au suivant pour une septième année.

Quelle belle histoire que celle de la Baie-Comoise au grand cœur interpellée par Le Manic et tellement redevable envers ce qu’elle et sa famille ont reçu dans le temps.

Le 23 décembre, en compagnie d’une amie, Karyne Huard et son conjoint, qui fait équipe avec elle depuis le début de l’aventure, iront livrer des épiceries à six ou sept familles démunies de la région, peut-être plus même. Ces gens auront alors la surprise de réaliser l’ampleur du cadeau lorsqu’on frappera à leur porte. Une épicerie dont la valeur atteindra jusqu’à 400 $ leur sera offerte, en plus de présents pour les enfants.

« Quand on était plus jeune, ma mère a eu deux cancers. Pendant quelques années, on a eu recours aux épiceries dans le temps des Fêtes. On n’était pas dans la grosse misère, mais limite. J’ai toujours promis à ma mère que quand j’allais être capable, j’allais le faire (rendre la pareille) », explique celle dont la maman a été emportée par un troisième cancer en 2015.

À 30 ans, Karyne Huard a décidé que le jour était venu de redonner au suivant. « Avec mon conjoint, on a décidé de faire une épicerie pour une famille. Mon conjoint a mis 200 $ et moi 200 $ », explique-t-elle.

Bouche-à-oreille

Depuis cette première, le couple Huard-Valcourt a investi 400 $ par année pour apporter un peu de bonheur sur la table de gens qui l’ont moins facile que d’autres. Il récidivera bientôt. Le bouche-à-oreille a cependant fait prendre à son projet personnel une ampleur dont il n’aurait pu se douter.

Mis au courant de l’initiative, des gens ont commencé à offrir des dons en argent et en denrées. « Dès la deuxième année, on a remis deux épiceries. L’année suivante, c’était trois épiceries », raconte la Baie-Comoise. Sa mère contribuait alors en achetant des cadeaux pour les enfants.

En 2017, six familles ont reçu chacune une épicerie, en plus de présents pour les enfants. Au fil des ans, les collègues de travail des deux conjoints et de nombreuses autres personnes généreuses ont eu leur mot à dire dans l’aventure. « Chaque fois, je suis dépassée par la générosité de la population », assure Karyne Huard.

Cette année, deux commerces, en l’occurrence le restaurant Mikes et le Salon Jean, lui ont proposé de mettre une tirelire à la disposition de leur clientèle pour recueillir des dons. C’est une première.

Mme Huard précise que tous les dons en argent qu’elle reçoit vont aux épiceries. De grandes quantités de viande sont alors achetées, en plus d’autres aliments et produits qu’on retrouve habituellement dans les paniers de Noël.

Trouver les familles

L’initiatrice de ce beau projet a développé sa propre méthode pour identifier les familles à qui faire plaisir. « Au début de novembre, j’ai lancé un appel aux candidatures sur la page Facebook Donnez au suivant. Je fais ensuite un survol sommaire (des propositions), car je suis qui, moi, pour dire qu’une la mérite et l’autre non », avoue-t-elle, en ajoutant que c’est souvent premier arrivé, premier servi.

« Je ne suis pas là pour enlever ce que les Lions ou d’autres font, je suis complémentaire », insiste Karyne Huard. D’ailleurs, ce ne sont pas tous les gens dans le besoin qui font des demandes de panier de Noël à des organismes reconnus.

La dame établit ensuite une stratégie avec les personnes qui ont proposé les noms de bénéficiaires afin de s’assurer que la cheffe ou le chef de famille sera sur place lors de la livraison. Quand la porte s’ouvre sur ce cadeau du ciel, c’est la surprise! « Très souvent, ils sont stupéfaits », dit-elle. Heureux, mais stupéfaits tout de même.

Mme Huard tient à garder l’étape de la remise des épiceries relativement intime, bien que bien des gens qui l’aident aimeraient l’accompagner. Elle fait la tournée des familles avec son conjoint. Cette année, une amie se greffera à eux. « Moi, pour avoir reçu déjà des épiceries, pour l’avoir vécu, je sais comment on peut se sentir. Plus il y a de personnes, plus ils sont gênés », conclut-elle.

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