La fédération dénonce le manque de planification du CISSS

Par Charlotte Paquet 1 juin 2017
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Baie-Comeau – « Eux, ils disent qu’il y un manque flagrant de main-d’œuvre, mais font-ils affaire avec des agences de placement? Et s’il y a un manque de préposés pour cet été, pourquoi ça n’a pas été planifié en septembre 2016? »

Celui qui pose ces questions, c’est le président-directeur général de la Fédération professionnelle des préposés aux bénéficiaires du Québec, Michel Lemelin. Il n’en revient tout simplement pas de la décision du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord de mettre de côté l’exigence de formation pour le recrutement de préposés.

Selon lui, la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans la région aurait dû être prévue depuis plusieurs mois déjà. Il considère aussi que le CISSS pourrait faire appel aux agences privées pour recruter des préposés qualifiés.

La formation de préposé aux bénéficiaires, encadrée par le ministère de l’Éducation, existe depuis 2000. Échelonnée sur 25 semaines, elle représente 750 heures de formation. M. Lemelin voit mal comme une formation à l’interne de quatre semaines, comme le propose le CISSS, pourra suppléer au diplôme d’études professionnelles.

« J’ai hâte de voir la formation de quatre semaines. J’ai hâte de voir comment la personne va pouvoir s’en sortir avec ça. Il y aura de plus grands risques de blesser des patients, ou même ses collègues de travail, par des mauvaises manœuvres », s’inquiète M. Lemelin.

Rappelons que le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Vieille Capitale a également écarté les exigences de formation pour le recrutement de préposés aux bénéficiaires, voilà quelques mois, afin de faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Il a élaboré une formation maison de cinq semaines.

Une gifle pour l’éducation

Selon le PDG, le ministère de la Santé est littéralement en train d’envoyer une gifle au ministère de l’Éducation avec cette façon de faire. « On est en train d’essayer de saborder le programme de formation », déplore-t-il, rappelant les efforts consentis par les centres de formation professionnelle pour le recrutement de personnel qualifié.

M. Lemelin souligne d’ailleurs que le programme de formation de préposés aux bénéficiaires en établissement et celui d’assistance en soins à domicile sont sur le point d’être fusionnés en un programme qui couvrira 870 heures. Il s’agit, explique-t-il, d’une demande du monde du travail pour faire face à certaines lacunes observées principalement dans le savoir-être, l’un des deux éléments importants de la formation avec le savoir-faire.

M. Lemelin considère que l’orientation du réseau de la santé avec les préposés aux bénéficiaires risque de se répercuter dans d’autres titres d’emploi en situation de pénurie. Il cite notamment les infirmières. Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas faire de même avec les gestionnaires en éliminant l’exigence du diplôme universitaire, lance-t-il d’un ton ironique.

Après le CIUSSS de la Vieille Capitale et la CISSS de la Côte-Nord, il n’est pas dit que d’autres régions n’emboiteront pas le pas. Les régions de Chaudière-Appalaches et de l’Estrie ne sont pas prêtes à passer à l’action, mais l’idée d’une formation accélérée les intéresse.

Par contre, du côté de la Mauricie et de Lanaudière, il n’en est absolument pas question.

La Fédération professionnelle des préposés aux bénéficiaires du Québec est toujours en attente d’une décision du ministère de la Justice au sujet d’une reconnaissance officielle de l’emploi de préposé, ce qui pourrait se traduire par la mise sur pied d’un ordre professionnel ou encore d’une adhésion obligatoire à une association.

Il est évident dans l’esprit de M. Lemelin que la formation de préposé aux bénéficiaires doit être revalorisée.

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