La mère de la victime livre un témoignage poignant

Par Charlotte Paquet 17 mai 2017
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Baie-Comeau – Les représentations sur sentence de Dave Deschênes se sont amorcées vendredi, au palais de justice de Baie-Comeau, avec l’émouvant témoignage de Nancy Imbeault, venue confier à la juge Nathalie Aubry, de la Cour du Québec, chambre criminelle, les conséquences qu’a eues le décès de son fils ainé, en ce début de nuit du 7 septembre 2014.

L’étape des représentations se poursuivra le 4 juillet et pourrait durer deux jours. On se souviendra que Samuel Arsenault, qui venait d’avoir 18 ans, a perdu la vie lors d’une collision survenue entre sa motocross et le véhicule conduit par Dave Deschênes sur le boulevard Manicouagan. Il a été démontré que le jeune homme faisait du bruit avec son bolide cette nuit-là. Il avait d’ailleurs été interpellé par l’accusé à ce chapitre peu de temps avant l’impact.

Deschênes a admis sa culpabilité, en mars dernier, à une accusation de délit de fuite mortel, tandis que l’accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort était retirée faute de preuve à présenter par le ministère public.

Mme Imbeault a tenu à prendre la parole en son nom et au nom de son conjoint pour mentionner à la juge Aubry les conséquences du départ tragique de Samuel, mais aussi pour lui permettre de « mettre une image » sur qui était son fils. D’entrée de jeu, elle l’a décrit comme un enfant qui mordait dans la vie à 100 % et comme un être sensible, serviable, généreux et sans aucune méchanceté. Il était un passionné de vélo de montagne et de moto.

« Nous sommes conscients que Samuel a eu un comportement irréfléchi et téméraire », a avoué la maman éplorée par rapport à ce dramatique début de nuit. Selon elle, oui, son fils aurait mérité de voir son permis de conduire révoqué ou de recevoir une contravention, mais pas de perdre la vie.

Mme Imbeault considère que Dave Deschênes a fait sa loi lui-même au lieu de porter plainte à la police comme n’importe quel citoyen aurait fait. « Jamais on ne va lui pardonner. Tout ce qu’on souhaite, c’est qu’un jour, il ait un semblant de conscience pour réaliser le mal qu’il a fait », a-t-elle souligné, tout en reconnaissant qu’aucune sentence ne ramènera son fils, mais qu’elle pourrait lui redonner confiance en la justice et assouvir sa colère.

Trois personnes démolies

Depuis le départ précipité de Samuel, la famille est démolie et a toujours besoin d’aide psychologique, a indiqué la maman. Le père a développé une maladie incurable en raison du stress. Le fils cadet, Elliot, vit toujours avec la crainte de perdre un proche.

La journée du 7 septembre 2014 restera à jamais gravée dans la mémoire de la famille. Mme Imbeault a raconté l’arrivée de la famille à l’hôpital pour l’identification et l’absence totale de préparation et d’aide psychologique à ce moment-là. « Un infirmier m’attendait et la seule phrase qu’il a prononcée, c’est : « On l’a nettoyé », a laissé tomber la dame. Elle dit avoir eu de la difficulté à l’identifier puisque son visage était à moitié détruit.

Fait à noter, dans la déclaration faite à la juge Aubry, la maman n’a pas manqué d’insister à quelques reprises sur l’attitude arrogante de l’accusé lorsque le hasard, ou la malchance a-t-elle dit, l’a mise en sa présence depuis septembre 2014.

« Vous, votre conjoint et le petit frère de Samuel, vous avez vécu des moments dramatiques. Aucune sentence ne va panser votre blessure. Sachez que j’ai bien compris votre position. J’espère pour que votre cheminement va continuer dans l’intérêt d’Elliot. Ce genre de blessure là est difficile à vivre, je comprends », a souligné la juge Aubry à Mme Imbeault avant qu’elle ne retourne s’asseoir dans la salle d’audience.

Rapport présentenciel

La deuxième partie de la journée de vendredi a été consacrée au témoignage de Josiane Saint-Laurent, l’agente de probation chargée de produire un rapport présentenciel dans lequel elle conclut à un risque de récidive faible et suggère une réinsertion sociale pour Dave Deschênes.

La représentante du ministère public, Me Émilie Goulet, rejette le rapport présentenciel en alléguant le manque de rigueur de l’agente de probation dans sa préparation.

Maintenant que la preuve soumise par Me Goulet est terminée, à la reprise des représentations sur sentence, le 4 juillet, ce sera au tour de l’avocat de la défense, Me Christian Maltais, de présenter sa preuve.

 

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