Les services municipaux coûtent cher à Baie-Comeau

Par Charlotte Paquet 17 mai 2016
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Baie-Comeau – Les services municipaux coûtent cher à Baie-Comeau. Ils coûtent même 34,5 % plus cher que la moyenne des villes de 10 000 à 24 999 habitants, selon le plus récent Palmarès des municipalités de HEC Montréal en collaboration avec La Presse.

Réalisé annuellement à partir des données fournies par les municipalités au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, ce palmarès classe chacune à deux niveaux, le groupe de référence auquel il appartient et l’ensemble des localités du Québec. L’édition 2016 du palmarès réfère à la situation financière de l’année 2014.

Ainsi, parmi les municipalités de son groupe, Baie-Comeau, qui compte 22 404 habitants, occupe le 43e rang sur 52 pour le coût élevé de ses services. Dans l’ensemble des 762 municipalités étudiées, elle prend le 641e rang.

Pour établir le score global, les analystes ont attribué à chaque localité une moyenne pondérée à partir de 12 indicateurs, notamment les dépenses totales, le coût de la gestion administrative par habitant, le coût de la voirie par kilomètre et le coût du déneigement par kilomètre, entre autres.

Des exemples

Ainsi, avec des dépenses de 2 085 $ par habitant, et une moyenne de 1 726 $ dans le groupe de référence, Baie-Comeau occupe le 47e rang sur 57. Au chapitre de la taxation, elle prend le 55e rang sur 57 avec des revenus de 1 700 $ par tranche de 100 000 $ d’évaluation, face à une moyenne de 1 102 $.

La voirie représente une facture de 16 034 $ par km, ce qui est passablement plus que la moyenne du groupe de référence de 13 622 $ (43e/52). Au chapitre du déneigement, la Ville se trouve presque au fond de la cale avec un coût de 14 610 $ par km (51e/52) contrairement à 5 220 $.

S’il est un domaine dans lequel Baie-Comeau tire assez bien son épingle du jeu, c’est dans les déchets. Leur facture s’élève à 45 $ (21e/57) par habitant contrairement à une moyenne de 63 $. Ses dépenses d’administration (21e/57) représentent 14 % des dépenses globales par rapport à une moyenne de 14,61 %.

Côté rémunération, des écarts importants prévalent entre les groupes d’employés, selon le Palmarès des municipalités. Ainsi, la meilleure place obtenue par la municipalité toutes catégories confondues concerne la rémunération de ses cadres, professionnels et contremaîtres. Avec un salaire moyen de 57 569 $, comparativement à une moyenne de 98 744 $, Baie-Comeau occupe le 1er rang sur 50.

Toutefois, la tendance est à l’inverse pour les cols bleus. Cette fois-ci, c’est un 50e rang avec un salaire moyen de 97 768 $ alors qu’au sein des municipalités de 10 000 à 24 999 habitants, il se situe à 62 394 $. La rémunération globale moyenne de l’ensemble des employés se situe à 67 000 $ comparativement à 61 303 $ pour le groupe de référence, pour une 30e place.

Finalement, en raison d’un endettement qui se situe à 4 140 $ par tranche de 100 000 $ d’évaluation, alors que la moyenne de son groupe est de 2 137 $, Baie-Comeau occupe le 54e sur 57.

Ailleurs sur la Côte-Nord

Si l’on se fie au palmarès des municipalités, sur la Côte-Nord, les services municipaux coûtent cher. Dans les faits, les coûts sont même au-dessus de la moyenne dans toutes les localités étudiées.

À titre d’exemple, aux Bergeronnes (moins de 1 000 habitants), il est question d’un coût moyen des services de 23,69 % plus cher que la moyenne du groupe de référence. À Ragueneau (1 000 à 1 999 habitants), on parle d’un coût de 42,26 % plus élevé.

Du côté de Port-Cartier (5 000 à 9 999 habitants), le coût moyen de services est de 95,82 % plus cher tandis que l’écart est de 35,88 % à Sept-Îles ( 25 000 à 49 999 habitants) et de 128,37% à Havre-Saint-Pierre (2 000 à 4 999 habitants).

 


 « On partait de loin, de très loin » – François Corriveau

Baie-Comeau – « On partait de loin, de très loin. On ne peut pas renverser la vapeur en quelques années, notamment sur l’endettement. Mais on a réussi à freiner davantage l’augmentation de nos coûts par rapport aux villes dans le groupe cible ».

Le directeur général de la Ville de Baie-Comeau, François Corriveau, met certains bémols aux résultats du Palmarès des municipalités.

Le directeur général de la Ville de Baie-Comeau, François Corriveau, met certains bémols aux résultats du Palmarès des municipalités.

Le directeur général de la Ville de Baie-Comeau, François Corriveau, prend acte du Palmarès des municipalités HEC-La Presse, produit à partir des chiffres de 2014, mais il y apporte tout de même des bémols. La Ville préfère se fier à ses propres indicateurs de performance plutôt qu’au palmarès, remettant en question la fiabilité de certains résultats en raison de données manquantes. « L’an passé, on n’était pas fou des éléments de ce sondage-là et on ne l’est pas plus aujourd’hui », dit-il.

Palmarès ou pas, la municipalité sait que le virage entamé depuis l’arrivée du nouveau conseil municipal, en novembre 2013, porte ses fruits. D’ailleurs, entre 2012 et 2014, le score général de la Ville au palmarès est passé d’un coût moyen des services supérieur de 41,1 % à la moyenne des villes de même taille à un coût supérieur de 34,5 %. Par contre, au niveau du rang, ça n’a pas changé. Elle conserve le 43e sur 52.

« C’est clair qu’on va être meilleur que ça l’an prochain. On a coupé plusieurs millions de dollars », souligne M. Corriveau, faisait référence aux choix effectués depuis deux ans et demi. Entre 2009 et 2014, la croissance annuelle moyenne des dépenses a été de 0,5 % à Baie-Comeau tandis qu’elle a dépassé le cap des 1,5 % dans les villes de taille similaire.

Autres bémols

Si l’on se fie aux données du palmarès, Baie-Comeau se situe dans la moyenne provinciale au chapitre de son administration générale, ce qui semble une bonne nouvelle en soi, concède M. Corriveau.

Que la Ville occupe le premier rang au classement, comme avec les déchets, ou se retrouve dans les derniers rangs, notamment pour son endettement ou son déneigement, le directeur général prend les résultats avec un certain grain de sel.

D’ailleurs, il contredit les résultats concernant la rémunération du personnel. De dire que le salaire moyen des cadres, professionnels et contremaîtres se situe à 57 569 $ est totalement faux. « Je n’ai pas un cadre qui fait ça par année », indique-t-il. Quant aux cols bleus, d’indiquer que leur salaire moyen se situe à 97 768 $ est également erroné. Selon lui, il se peut que certains gagnent ça avec le temps supplémentaire, « mais la moyenne est vraiment plus basse que ça. »

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