Pessamit adresse sa liste de demandes à Québec

Par Charlotte Paquet 23 Décembre 2017
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Baie-Comeau – Deux semaines après l’annonce à Baie-Comeau de la création de la grande aire protégée des Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan, le Conseil des Innus de Pessamit réclame au gouvernement du Québec de faire réellement partie du processus de création d’aires protégées sur son Nitassinan.

On se souviendra que la ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Isabelle Melançon, a confirmé l’intention de son gouvernement, le 28 novembre, à Baie-Comeau. Elle avait alors affirmé que l’exercice précédant cette annonce avait été fait en collaboration avec Pessamit.

En entrevue, le conseiller politique du conseil des Innus, Jack Picard, s’était dit content de l’annonce, mais pas tout à fait satisfait puisque la future aire protégée ne ratissait pas suffisamment large au sud.

Or, le 14 décembre, dans un long communiqué de trois pleines pages, Pessamit est revenu sur différents aspects qu’il considère importants dans le dossier des aires protégées sur son territoire ancestral.

En plus de réclamer une véritable participation des Innus à la gestion du territoire et des ressources du Nitassinan, sous la forme d’une cogestion basée sur le principe de nation à nation avec le gouvernement du Québec, le Conseil des Innus insiste sur l’importance culturelle du caribou forestier pour sa population.

« Autrefois, étant avec l’ours le seul gros gibier présent sur le Nitassinan, l’espèce a assuré la subsistance des Pessamiulnut (Innus de Pessamit) pendant des millénaires. En plus de répondre aux besoins alimentaires, le caribou servait entre autres à la confection de vêtements, d’abris, d’outils et d’artisanat », précise-t-il.

Et le sud?

Pessamit exige d’autres actions concrètes pour restaurer l’habitat du caribou dans l’ensemble du Nitassinan, y compris la portion sud, convoitée par l’industrie forestière et la plus accessible aussi pour la pratique des activités traditionnelles des Innus. Il cible en priorité les secteurs du réservoir Pipmuacan et de la rivière Sault-aux-Cochons

Le Conseil des Innus rappelle qu’il encourage ses membres, depuis 2005, à ne pas prélever le caribou afin de favoriser son rétablissement. Même s’il s’agit d’un « grand sacrifice culturel », sa recommandation est respectée, selon lui.

Pendant ce temps, martèle-t-il encore, « l’industrie forestière, reconnue comme étant le principal responsable du déclin des populations de caribous forestiers sur le territoire, poursuit ses opérations forestières dans des secteurs incontestés pour leur qualité d’habitat et hautement fréquentés par l’espèce, sous la directive du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ».

Enfin, Pessamit demande à Québec de mettre en place des stratégies d’aménagement adéquates afin d’assurer le maintien de l’espèce et la restauration de son habitat dans le territoire forestier sous aménagement. Il souhaite d’ailleurs y collaborer.

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