SLA : Arlette Girard reste sereine face à la maladie

Par Charlotte Paquet 26 février 2019
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Avec son magnifique regard bleu de mer toujours aussi brillant de sagesse, d’intelligence et d’humanité, Arlette Girard raconte son voyage avec la SLA, un voyage en aller simple seulement. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Face à la maladie, certains se découragent et se laissent aller. D’autres, au contraire, bataillent jusqu’à leur dernier souffle. Arlette Girard, elle, voit son dernier jour approcher avec une sérénité incroyable. La sclérose latérale amyotrophique (SLA) l’emporte déjà tranquillement, mais elle est prête. Prête et résiliente.

Quelle femme extraordinaire que l’ancienne mairesse de Chute-aux-Outardes (2005-2013) qui, la semaine dernière, dans le confort de sa résidence, s’est racontée au journal Le Manic avec son éternel regard bleu de mer brillant de sagesse et d’humanité.

« Moi, je sais où je m’en vais. Je prépare ma valise tranquillement », explique-t-elle avec un clin d’œil sur sa préparation vers le grand départ.

Le 10 mai, cela fera un an que le terrible diagnostic est tombé. Un an, mais la maladie s’était installée bien avant. Aussi appelée maladie de Lou Gehrig, elle entraîne les personnes atteintes à devenir prisonnières de leur corps, mais leurs capacités intellectuelles demeurent intactes. La mort survient habituellement de trois à cinq ans après le diagnostic.

Des symptômes

Déjà au cours de 2017, les premiers symptômes apparaissaient (fatigue excessive, démarche changée) sans qu’Arlette Girard mette alors le doigt sur la SLA. Plus les mois passaient et plus Arlette Girard s’inquiétait de son état.

Pendant un temps, elle a pensé que l’arthrite rhumatoïde dont elle souffre depuis ses 23 ans était en cause. Au début de 2018, sa rhumatologue de Québec l’a rassurée là-dessus, mais l’a rapidement dirigée en neurologie.

« Elle voyait que j’avais perdu beaucoup de masse musculaire au niveau de mes bras et mes jambes. (…) Le lendemain matin, elle avait organisé un rendez-vous à l’hôpital de l’Enfant-Jésus. J’ai rencontré la neurologue pendant un bon trois heures, j’ai passé des examens approfondis et très douloureux aussi, car ils nous rentrent des aiguilles dans le système nerveux, ils envoient des électrodes pour voir comment ça réagit », raconte la dame de 72 ans.

Le cœur net

D’autres examens suivront à l’hôpital de Baie-Comeau, notamment des résonances magnétiques au niveau de la colonne cervicale et de la colonne lombaire. De retour à Québec, le 10 mai 2018, Arlette Girard en aura le cœur net quand sa neurologue lui dira : « J’ai à vous annoncer que vous avez la SLA ».

« Quand elle m’a annoncé ça, j’ai fait : « Je le savais ». Jean-François s’est effondré, ça l’a démoli », se souvient l’ancienne mairesse en faisant référence à son fils qui l’accompagnait. Si elle le savait, c’est que ses recherches sur Internet pour identifier la cause de ses maux l’avaient conduite vers la SLA.

Après avoir posé des questions, elle s’est fait confirmer l’absence de guérison possible. Le seul médicament existant pouvait prolonger d’environ trois mois environ la vie de la personne atteinte. « J’ai dit non. J’ai dit s’il n’y a pas de remède, on va composer avec ça », rappelle-t-elle. Depuis ce jour, elle estime avoir perdu 60 % de sa capacité physique.

« J’aime mieux qu’ils m’annoncent que j’ai ça et qu’il n’y a pas de remède que de m’annoncer que j’ai un cancer. Parce que dans ma tête, je sais pour l’avoir vécu avec mon mari (décédé en 2010), avec un cancer, t’as toujours espoir de t’en sortir. Donc, t’essaies toutes sortes de choses et souvent, ça ne marche pas », laisse-t-elle tomber, en soulignant préférant savoir ce qui l’attend et s’y préparer peu à peu.

Une vie bien remplie

Après 30 ans passés dans l’enseignement à l’école primaire de son village, Arlette Girard a œuvré pendant plusieurs années dans le milieu communautaire, principalement pour l’amélioration de la condition des femmes, que ce soit comme employée ou administratrice.

« J’avais de la facilité à aller chercher beaucoup de bénévoles. Je n’avais qu’à lever le petit doigt. J’avais de la facilité à vendre ma salade, car j’y croyais (aux causes défendues) », précise-t-elle.

Elle venait tout juste de remettre sa démission du Club politique féminin lorsqu’elle a déposé sa candidature au poste de mairesse de Chute-aux-Outardes en 2005, municipalité dont elle a toujours été une grande et fière ambassadrice. « Il fallait que je prêche par l’exemple », lance-t-elle en riant.

Son passage à la mairie de son village chéri, elle a choisi de le limiter à deux mandats. Pas question de se représenter à l’élection de 2013. « C’était clair dans ma tête, je ne suis pas celle pour m’accrocher au pouvoir », raconte-t-elle.

Par la suite, Arlette Girard présidera la Fondation de la santé et des services sociaux de Manicouagan pendant trois ans. Entretemps, des gens réclameront son aide pour remettre sur les rails le club FADOQ de Chute-aux-Outardes, ce qu’elle a réussi de main de maître avec d’autres personnes. En juin 2018, la maladie l’obligera à quitter la présidence.

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