Une plaque disparait sur un monument érigé en 1963

Par Charlotte Paquet 28 janvier 2017
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Dans l’ de septembre 1963, un reportage était consacré à la cérémonie de bénédiction du monument. Photo Société historique de la Côte-Nord.

Dans l’ de septembre 1963, un reportage était consacré à la cérémonie de bénédiction du monument. Photo Société historique de la Côte-Nord.

Baie-Comeau – En mai 1962, neuf draveurs à l’emploi de Quebec North Shore Paper (QNSP), aujourd’hui Produits forestiers Résolu, ont perdu la vie sur la rivière Toulnustouc à la suite d’un glissement de terrain sur l’une des deux rives. Ce pan tragique de l’histoire de la Manicouagan semble avoir sombré dans l’oubli au sein de la communauté. La disparition, au cours de l’été 2016, d’une plaque qui se trouvait sur un monument commémoratif n’est rien pour aider à se souvenir.

En aout 1963, QNSP a fait construire un monument d’un peu plus de deux mètres près de l’endroit où neuf de ses employés avaient perdu la vie. Mgr Gérard Couturier, évêque du diocèse à l’époque, avait béni le monument lors d’une cérémonie officielle.

Sur la plaque, on y trouvait les noms de ces hommes qui ont laissé leur vie dans la rivière Toulnustouc. Il s’agit de Conrad Lévesque, Elphège Lévesque, Marius Lévesque, Jos Wilfrid Gallant, Arcadius Lavoie, Alcide Lavoie, Jos Adélard Blanchet, Adhémar Vachon et Jean-Baptiste Vachon.

Selon des villégiateurs dont les chalets sont situés dans le secteur du kilomètre 90 du chemin de la Toulnustouc, à tous les ans, des fleurs étaient déposées au pied du monument. Ils trouvent triste la disparition de cet élément de l’histoire manicoise.

Ni vu ni connu

Du côté de Produits forestier Résolu, la présen ce du monument érigé il y a 53 ans a vraisemblablement sombré dans l’oubli.

Interpellé au sujet de la disparition du la plaque commémorative, le directeur principal aux affaires publiques et aux relations gouvernementales, Karl Blackburn, a indiqué que les dirigeants de la papetière ignorent l’existence de ce monument.

Ce n’est donc pas sans raison que la Sûreté du Québec n’a reçu aucune plainte en relation avec le vol de la plaque. Si quelqu’un a jeté son dévolu dessus, c’est sûrement en présumant qu’elle était en cuivre. Or, il serait plutôt probable qu’elle ait été en laiton.

À la Société historique

Archiviste à la Société historique de la Côte-Nord, Catherine Pellerin connait les grandes lignes de ce drame humain qui a fait les manchettes à l’époque.

D’après ce qui a été rapportée dans l’édition du 30 mai 1962 du journal l’Aquilon, retracée par Mme Pellerin, quatre des victimes étaient originaires de Saint-Donat de Rimouski, une de Sainte-Luce et une de Matapédia, tandis que trois autres provenaient de Hauterive (devenue Baie-Comeau) et de Bersimis (aujourd’hui Pessamit). Le glissement de terrain meurtrier couvrait une longueur de 1,6 km.

Le drame aurait pu faire encore plus de victimes puisque huit draveurs avaient réussi à s’en sortir grâce à l’intervention d’hélicoptères d’Hydro-Québec et d’avions privés. « Contrairement à ce qu’affirmait la télévision, la société Quebec North Shore Paper ne considère pas que des dynamitages aient pu être la cause du glissement de terrain. L’enquête du coroner déterminera vraisemblablement de façon plus précise les causes de la tragédie », peut-on lire dans le texte qui avait été publié à la une de l’Aquilon.

Fait à noter, le probable vol de 2016 n’est pas le premier qui touche la plaque. Dans le passé, elle a déjà été dérobée, mais a été finalement retrouvée. Catherine Pellerin raconte aussi que le monument n’a pas toujours été à l’endroit où il se trouve actuellement. Lors des travaux hydroélectriques sur la rivière Toulnustouc, au début des années 2000, il a été déplacé pour éviter d’être ennoyé.

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