Ginette Côté : « Je suis une privilégiée de la vie »

Par Charlotte Paquet 4 mars 2016
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Baie-Comeau – Ginette Côté respire la joie de vivre. Grande amoureuse de la vie, elle savoure les petits et grands plaisirs qui parsèment sa route. Elle les provoque même. Avoir 65 ans en 2016, ça peut aussi être toute une aventure lorsque les conditions gagnantes sont réunies. Portrait d’une grande dame tout en sagesse qui a tracé la voie à bien d’autres femmes sur le plan de l’engagement politique.

Maire de la municipalité de Pointe-Lebel de 1989 à 1997 et présidente de la Commission scolaire de l’Estuaire depuis 1987, Ginette Côté a multiplié les engagements ici et là au fil des ans. Encore aujourd’hui, elle garde le feu sacré dans sa vie professionnelle, tout comme dans sa vie personnelle.

« Je suis une privilégiée de la vie », lance avec entrain la dame, avec ses petits yeux rieurs.

Oui, elle a perdu l’amour de ses 17 dernières années, il y a 10 mois seulement. Oui, elle continue de vivre ce deuil cruel, mais, en même temps, elle est reconnaissante de ce que l’existence lui apporte de beau avec l’âge.

Les femmes de 50 ans, de 60 ans ou de 70 ans se trouvent dans une magnifique période de leur vie, affirme Ginette Côté. « C’est une belle vie, car on fait des choses pour nous-mêmes. On n’a plus la pression des enfants. On a la liberté. J’ai eu mes 65 ans et je les assume parfaitement. Il y a plein de choses à notre portée. Il y a plein de choses qui sont là pour nous combler et qu’on a juste à saisir », lance-t-elle, en parlant de voyages, de belles amitiés à développer et d’activités physiques et autres à pratiquer.

« Les femmes sont plus actives qu’avant. Elles font du vélo. Elles font du ski de fond. L’âge n’est pas un frein. On n’a pas besoin d’avoir une grande forme physique, on y va, c’est tout. Quand ma mère avait 60 ans, c’était les soirées de cartes », raconte celle qui se dit chanceuse d’avoir la santé. Les messages liés à l’importance de saines habitudes de vie ne tombent pas lettres mortes en ce qui la concerne. Elle tente de les faire siens, mais pas à outrance, précise-t-elle.

Sagesse

Une plus grande sagesse s’installe avec l’âge et la sexagénaire en est consciente. « On parle de sagesse, mais c’est vrai qu’on est rendues là », dit-elle.

Ginette Côté se dirige vers des gens positifs, « des gens qui n’éteindront pas la flamme ». Elle choisit le style de vie qu’elle veut avoir, d’où la raison pour laquelle elle s’entoure de gens dynamiques qui, tout comme elle, aiment la vie.

Elle a célébré la nouvelle année avec une amie à New York. Elles se sont amusées comme des petites folles. Lors d’une conversation sur Skype où les rires fusaient, sa fille lui a déclaré : « Maman, vous êtes belles à voir, vous avez du plaisir ». Ces paroles l’ont marquée. « Je vais avoir 70 ou 75 ans et ça va être comme ça aussi », assure celle qui, à la blague, se propose de donner des cours de danse en marchette quand elle sera rendue là.

Être jeune aujourd’hui

Cette grande dame posée, digne et brillante, qui a quand même vu neiger à son âge, n’envie pas les jeunes femmes d’aujourd’hui. « Malgré toutes les facilités qu’elles ont, je regarde leur rythme de vie effréné et je ne les envie pas. Moi, je me dis que j’ai eu la chance d’être à la maison avec mes enfants », note celle qui a élevé deux filles et un fils dans les années 70 et 80.

Tout ce qui entoure la vie de famille, les enfants à aller porter et chercher à la garderie, leurs activités, le travail des deux conjoints et le reste causent un stress énorme, mentionne Ginette Côté, rappelant les résultats d’un récent sondage à ce sujet. Elle admet que la société n’est pas facile pour les jeunes femmes d’aujourd’hui. Dans la sagesse de ses 65 ans, elle remarque aussi que les jeunes mères sont moins à l’écoute des besoins de leurs petits depuis l’arrivée du fameux t, qu’elle identifie de façon sarcastique comme « la bible ».

« À mon époque, on ne paniquait pas autant. Quand mon bébé de 10 mois s’était mis à saigner du nez, je n’avais pas appelé l’hôpital, j’avais appelé mon père », se souvient-elle en riant.

Et le 8 mars?

Et la Journée internationale des femmes, est-elle toujours aussi importante en 2016? À cela, Ginette Côté rappelle tout le travail de défrichage effectué par des pionnières dans l’amélioration de la condition de vie des femmes. Elle reconnaît les progrès et le travail énorme qui ont été réalisés.

Elle-même a beau avoir été l’une de celles qui ont pavé la voie à d’autres, notamment par ses engagements politiques à compter des années 80, l’ancien maire de Pointe-Lebel et actuelle présidente de la Commission scolaire de l’Estuaire a toujours refusé de tenter de marquer des points dans sa carrière en tablant sur le fait qu’elle soit une femme. « Trop insister là-dessus, ça ne nous aide pas dans notre crédibilité. Ma crédibilité, je l’ai construite par mes valeurs, pas parce que je suis une femme », martèle-t-elle.

Ginette Côté se souvient qu’à l’époque où elle venait d’être élue à la mairie, avec un conseil municipal constitué exclusivement d’hommes, un organisme féminin l’avait interpellée pour lui suggérer de réserver de facto à une femme un siège de conseiller autour de la table. La réponse avait été non.

La sexagénaire se rappelle aussi certains commentaires du passé à l’effet que ce serait bien d’élire une femme puisque « ça ferait différent ». Elle a toujours répondu à pareils propos en invitant les gens à l’élire pour ses capacités, ses formations, ses valeurs et ses croyances, non pas parce qu’elle est une femme. « Je n’ai jamais accepté qu’on m’élise ou qu’on me mette à un poste parce que je suis femme », insiste-t-elle.

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