Nouvelles variétés et redevances au Centre de recherche Les Buissons

Par Charlotte Paquet 26 juillet 2016
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Baie-Comeau – Le Centre de recherche Les Buissons (CRLB) de Pointe-aux-Outardes vient de connaître une année fructueuse avec le développement de deux nouvelles variétés de pommes de terre et un surplus financier de 71 000 $. Malgré tout, son avenir demeure incertain en raison du désistement graduel de Québec à son financement.

« Deux variétés dans la même année, c’est excellent », admet le directeur général par intérim du centre, Réjean Dubé, en parlant de la Campagna, une variété longue à fort rendement, et de la Katéri, qui se caractérise par sa couleur rouge et sa culture hâtive. Elles permettent de porter à 17 le nombre de variétés développées depuis le lancement d’un programme d’amélioration génétique en 1987.

La mise en place de nouveaux outils de biologie moléculaire en 2014 a permis au Centre d’accélérer le développement des variétés et d’accroître ses revenus autonomes. Ces revenus proviennent des redevances liées à la commercialisation des nouvelles variétés ainsi que des services fournis à l’industrie de la pomme de terre.

Les variétés qui sont sorties des laboratoires du CRLB au fil des ans sont aujourd’hui exportées ailleurs au Canada ainsi qu’aux États-Unis, en Uruguay, au Brésil et à Cuba. À elle seule, la production de la variété l’Envol en sol américain représente la quasi-totalité des redevances de 300 000 $ versées à l’organisme l’an dernier. « L’apport de royautés de cette envergure est unique et cela fait du CRLB l’un des centres de recherche les plus performants en génétique végétale au Canada », souligne d’ailleurs le président de son conseil d’administration, Guy Simard, dans une infolettre envoyée à la mi-juillet aux membres et aux partenaires.

Sonner l’alarme

Toutes ces bonnes nouvelles n’empêchent pas Réjean Dubé de sonner l’alarme. Si le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) continue de lui couper les vivres peu à peu, l’organisme pourrait bien devoir fermer ses portes le 31 mars 2017.

En l’espace de trois ans, souligne M. Dubé, le centre a vu son financement passer de 810 000 $ à 525 000 $. Uniquement au cours de la dernière année, il a reçu 100 000 $ en moins. Avec un surplus de 71 000 $ sur un budget de 1 M$ en 2015-2016, le directeur général ne voit pas comment il serait possible de supporter d’autres compressions, même si des efforts de rationalisation sont réalisés.

Un comité de transition est en place depuis le printemps dernier. Il réunit des représentants régionaux et nationaux du monde de la pomme de terre. Son objectif : trouver une façon d’assurer l’avenir de l’organisme de Pointe-aux-Outardes. Ce dernier espère notamment pouvoir développer de nouvelles activités autour de la pomme de terre, mais dans d’autres champs de recherche que l’amélioration génétique.

Le comité déposera un plan d’action au MAPAQ en octobre. L’accueil qu’il recevra sera déterminant pour l’avenir du centre, qui donne de l’emploi à 13 personnes. « S’il baisse notre financement à 300 000 $, martèle M. Dubé, on ferme. Déjà qu’il a fallu se battre pour avoir les 525 000 $ cette année. »

Le maire confiant

Maire de Pointe-aux-Outardes et administrateur au sein du CRLB, André Lepage refuse pour sa part de se montrer alarmiste avant le temps. Il préfère attendre la réaction du ministère au plan d’action que lui déposera le comité de transition, en qui il met toute sa confiance. « Le comité travaille là-dessus pour trouver justement une solution afin de ne plus avoir besoin du MAPAQ dans l’avenir », mentionne M. Lepage, dont le discours va à contre-courant de celui du directeur général.

Par contre, s’il fallait que l’automne apporte une mauvaise nouvelle, le maire se promet d’y aller de représentations politiques. D’ailleurs, le député de René-Lévesque, Martin Ouellet, sera informé de la situation dès son retour de vacances.

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