Un danger pour ses installations projetées – Bitfarms craint un nouveau tarif rétroactif

Par Charlotte Paquet 13 juin 2018
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Président et cofondateur de Bitfarms, Pierre-Luc Quimper considère que le projet d’expansion à Baie-Comeau, aussi intéressant qu’il puisse être, risque d’être difficile à réaliser advenant une hausse du tarif rétroactive pour les consommateurs du domaine des chaînes de blocs. Photo archives Le Manic

Président et cofondateur de Bitfarms, Pierre-Luc Quimper considère que le projet d’expansion à Baie-Comeau, aussi intéressant qu’il puisse être, risque d’être difficile à réaliser advenant une hausse du tarif rétroactive pour les consommateurs du domaine des chaînes de blocs. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – Le géant québécois de la technologie des chaînes de blocs, Bitfarms, est de ceux qui accueillent avec un certain scepticisme la décision du gouvernement du Québec et d’Hydro-Québec de refiler à la Régie de l’énergie le mandat d’encadrer cette industrie naissante. Il craint plus que tout l’éventuel caractère rétroactif du nouveau tarif à venir.

On se souviendra que l’entreprise réclame un minium de 200 mégawatts (MW) à Hydro-Québec pour créer à Baie-Comeau un important centre de puissance de calculs qui procurerait plus de 500 emplois.

De toutes ses installations existantes ou projetées au Québec, le projet qu’elle pilote dans la Manicouagan est de loin le plus majeur.

Bahador Zabihiyan, directeur des relations publiques de Bitfarms, apprécie le fait qu’Hydro-Québec et le gouvernement « aient pris le temps de bien comprendre les risques et le potentiel de cette technologie-là au Québec ».

Par contre, Bitfarms a une crainte énorme : celle d’une hausse rétroactive du tarif LG (actuellement à 3,43 cents le kilowattheure) qui toucherait ses installations existantes, dont la consommation totalise 130 MW. Il est notamment question de celles de Saint-Hyacinthe, de Farnham et de Cowansville.

M. Zabihiyan insiste sur le fait que « ce sont les projets existants qui permettent de financer nos autres projets, comme celui de Baie-Comeau ». Une hausse rétroactive est une option sur la table de la Régie de l’énergie et, si cela se concrétise, il considère qu’elle portera un dur coup au développement de Bitfarms au Québec, la province qu’elle a choisie pour implanter et développer la technologie des chaînes de blocs.

Projets solides

Pour ce qui est de démontrer la qualité de ses projets de Baie-Comeau et de Thetford Mines devant la Régie de l’énergie, l’entreprise n’a aucune crainte. « On estime qu’on a des projets solides. On est confiant de pouvoir bien défendre nos projets. On est transparent sur nos activités », indique le directeur des relations publiques.

Selon lui, le projet pour Baie-Comeau a été élaboré avec soin. « Car on a eu le temps de parler à tout le monde », précise le porte-parole, en insistant aussi sur les retombées dans le milieu en création d’emplois et en diversification économique.

Dans une présentation publique Facebook live effectuée la semaine dernière, la veille même de l’annonce conjointe du gouvernement du Québec et Hydro-Québec, Bitfarms a présenté son nouveau siège social de Brossard et ses activités, tout en insistant sur l’importance pour elle de pouvoir demeure compétitive dans le marché. À quelques reprises, le même message a été martelé : si le tarif demeure compétitif, l’entreprise restera au Québec.

« Pour les projets de Thetford Mines et de Baie-Comeau, on attend que le gouvernement nous dise ce qu’il va faire pour l’obtention de l’énergie. On veut garder le même tarif. On ne demande pas de rabais, on veut le même tarif », a lancé le président de l’entreprise, Pierre-Luc Quimper, tout en rappelant que le plan d’affaires de Bitfarms au Québec est basé sur l’actuel tarif LG.

Coûts plus élevés

Ce dernier s’est aussi attardé à l’importance du projet de Baie-Comeau, mais aussi sa réalité. « Sur la Côte-Nord, ça va coûter plus cher pour la construction, ça va coûter plus cher pour les employés. Tout est plus cher, donc, s’ils nous obligent à payer un tarif plus élevé, des régions comme Baie-Comeau deviennent encore moins intéressantes», a indiqué M. Quimper.

La ligne de transport d’énergie représente un autre enjeu. Une ligne et un poste électriques devront être construits. « Ça va être à travailler avec Hydro-Québec pour voir c’est quoi les étapes pour acheminer cette énergie-là », a ajouté le président.

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