Baie-Trinité : les curieux doivent cesser de fouiller le site de l’épave
On aperçoit Érik Phaneuf, archéologue spécialisé en archéologie subaquatique, en plein travail d’expertise sur le site de l’épave découverte récemment aux Îlets-Caribou à Baie-Trinité. Photo courtoisie
Baie-Comeau – L’épave découverte au début de juillet à Baie-Trinité pourrait être celle du Margaret ou encore du Zetus, des navires marchands canadien et anglais victimes d’un naufrage lors d’une même tempête en 1869. Pour améliorer les chances de l’identifier, l’intégrité du site doit être préservée et les curieux qui creusent à la main à la recherche de souvenirs doivent se le tenir pour dit.
« Chaque élément qu’on enlève du site, ça peut nous enlever des indices pour des observations futures », insiste Érik Phaneuf, l’archéologue spécialisé en archéologie subaquatique qui, à la demande du ministère de la Culture et des Communications, a réalisé une expertise des vestiges.
Il s’est rendu sur le site à deux reprises, soit les 17 et 20 juillet. Or, dans ce court laps de temps, il a pu constater les ravages causés les gens. « Ils creusent avec leurs mains et ramassent des pierres, des souvenirs », précise M. Phaneuf, en insistant sur le fait qu’il ne faut pas faire ça. « Moi, je n’ai pas le mandat de creuser et j’ai altéré le site le moins possible », indique-t-il.
La population doit être sensibilisée à l’importance de protéger les sites des épaves maritimes qu’on retrouve le long des plages. Elles peuvent révéler tellement de choses sur le passé.
Puis, aux gens qui pourraient penser trouver de petits trésors en fouillant l’épave, l’archéologue les prévient qu’ils font sûrement fausse route. À l’époque, il était commun de récupérer une partie des vestiges, donc évidemment ce qui pouvait avoir de la valeur.
Des corrélations
Si M. Phaneuf pense que ce sont les vestiges du Margaret ou du Zetus que la mer vient de rejeter, c’est grâce aux corrélations effectuées entre ses observations et la liste des quelque 30 naufrages répertoriés dans le secteur des Îlets-Caribou. « Pour l’instant, ce sont deux candidats, mais j’en ai d’autres », dit-il.
Les deux navires marchands ciblés faisaient chacun 600 tonneaux et ont fait naufrage lors de la même tempête après avoir frappé la même roche. Au niveau du tonnage, ils pourraient correspondre aux vestiges découverts récemment, tout comme au chapitre de leurs dimensions, soit une trentaine de mètres de long par une quinzaine de mètres de largeur.
« Une bonne partie du bateau est enfouie dans le sable. Le haut du navire serait complètement détruit », précise l’archéologue en soulignant que cette destruction serait soit l’œuvre de la nature ou encore des pilleurs de l’époque.
M. Phaneuf croit que l’épave serait celle d’une colonie britannique étant donné que les données qu’il a prises démontrent que l’unité de mesure est le pouce et non le centimètre. « La majorité des éléments correspondent au pouce près, au demi-pouce, au quart de pouce », précise-t-il encore.
Vite l’ensablement
S’il y a une chose que l’archéologue souhaite rapidement, c’est le réensablement des vestiges. Il espère que la nature les recouvrira afin d’assurer leur protection. Par contre, s’il se fie à ses deux passages sur place en quelques jours, le site semblait plutôt vouloir se désensabler.
Le fait de verser des chargements de sable sur l’épave dans le but de la protéger n’est pas la solution. M. Phaneuf rappelle que l’expérience a déjà été tentée, mais s’était révélée un coup d’épée dans l’eau après que la mer ait désensablé l’épave à nouveau.
Enfin, l’archéologue subaquatique conclut en soulignant l’importance de déclarer rapidement au receveur des épaves, qui relève du gouvernement fédéral, toute découverte, comme ce fut le cas dans le présent dossier. « Ça permet d’accroître nos connaissances. On possède maintenant des connaissances sur le site d’épave », souligne-t-il en faisant référence à la dernière trouvaille.
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