Des livraisons par drone inquiètent au pénitencier de Port-Cartier

Par Emy-Jane Déry 9:37 AM - 22 juin 2021
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Les agents correctionnels s’inquiètent des livraisons illicites par drone au pénitencier fédéral de Port-Cartier.

Depuis janvier, une vingtaine d’armes artisanales ont été saisies à l’intérieur de l’établissement carcéral port-cartois. On parle entre autres de rasoirs, de pics ou encore, de « slashers ». Des médicaments et du tabac ont aussi été interceptés.

Le Syndicat des agents correctionnels du Canada évalue qu’environ 75 % des saisies réalisées dans les pénitenciers concernent du matériel introduit par drone. Depuis la pandémie, le phénomène s’est accentué.

« Durant la COVID, il n’y avait pas de visiteurs autorisés, mais on faisait quand même des saisies », a expliqué Frédérick Lebeau, président de la région du Québec au Syndicat des agents correctionnels du Canada-CSN. « Il faut que ça vienne de quelque part », a-t-il ajouté.

Sinon, les options ne sont pas nombreuses. Il y a le courrier, ou l’arrivée d’effets personnels, mais ceux-ci font l’objet de vérifications.  

Il y a des établissements plus problématiques, comme celui de Donnacona. L’éloignement et le type de clientèle qui n’inclut pas le crime organisé contribuent à ce que la situation soit un peu moins prononcée à Port-Cartier.

Scanneurs corporels

Le Service correctionnel du Canada achètera six détecteurs de drones pour le pays qui compte 49 établissements. Au Québec, seul Donnacona aura le sien.

« C’est un pas dans la bonne direction, mais outre la détection, ça prend 100 % d’interception », a dit M. Lebeau.

C’est-à-dire qu’une fois le drone détecté, il faut l’intercepter avant le détenu. Présentement, les agents correctionnels estiment qu’ils n’ont pas les outils nécessaires pour y parvenir.

« Les détenus utilisent généralement leurs cavités personnelles pour dissimuler des objets, et nous, en tant qu’agent de correction, nous n’avons pas accès à ça », a dit M. Lebeau.

Les agents demandent l’installation rapide de scanneurs corporels dans les établissements. Il y a également des discussions préliminaires avec Service correctionnel Canada sur la sécurisation des fenêtres des cellules et l’installation possible de toits sur les cours intérieures.

« Quand il y a plus de trafic, on voit que ça perturbe l’écosystème. Les armes que nous avons saisies à Port-Cartier, c’est un signe. Ça veut dire qu’il y a de la tension, des incidents de sécurité », a souligné M. Lebeau. 

La présence d’armes dans l’établissement carcéral inquiète pour la sécurité du personnel. Il y a les agents correctionnels, mais aussi le personnel de santé, les agents de libérations conditionnelles, des cuisiniers…

« Et ultimement, si la situation cause des évasions, c’est la sécurité du public qui pourrait être compromise », a conclu Frédérick Lebeau.

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