Horizon
Des contenus faits par et pour nos annonceurs
Présenté par

Le bout de la 138

Par Émélie Bernier 10:26 AM - 7 juillet 2021
Temps de lecture :

Les Galets, ces anciens cabanons où l’on séchait et entreposait le poisson, entre autres, sont définitivement la signature de Natashquan. Une idée : stationnez-vous au coeur du village et arpentez la promenade en bois qui vous mènera jusque-là !

Bienvenue au bout de tout

Des rivières gigantesques et infranchissables ont longtemps tenu à l’écart les Macacains, gentilé des habitants de Natashquan, du reste de la population québécoise. Puis, le 7 décembre 1996, Gilles Vigneault, flanqué de quelques politiciens au sourire satisfait, coupait le ruban qui inaugurait le tronçon de la 138 entre Havre-Saint-Pierre et Natashquan, jusque-là inaccessible en voiture. Quelques années plus tard, c’était au tour des Coasters de Kegaska de voir leur communauté désenclavée.

Aujourd’hui, le bout de la route cherche encore à s’éloigner. Sous l’égide du vaste projet 138, les tronçons qui relient Kegaska à Unamen Shipu (La Romaine) et Tête-à-la-Baleine à La Tabatière seront en construction dès cet été et devraient être complétés en 2025. Les tronçons entre Unamen Shipu et Tête-à-la-Baleine et La Tabatière et Vieux-Fort sont pour leur part encore à l’étude.

Si l’hiver, plusieurs communautés de la Basse-Côte-Nord au-delà de Kegaska peuvent être rejointes en motoneige, l’été, les voies maritimes ou aériennes sont les seules options. Quoi qu’il advienne, avaler près d’un millier de kilomètres en solo entre Les Éboulements et Natashquan aura été toute une aventure. Mais le coup de coeur ressenti, aussi puissant que le fracas au pied de la grande chute Manitou, en aura valu la peine ! Bienvenue au bout du monde.

J’ai marché…

Le sentier du pas du portageur porte bien son nom. Longeant plus souvent qu’autrement la rivière Natashquan, le sentier porte encore les traces des portages empruntés par les Innus en amont et en aval des cinq sections de chutes magnifiques qui ponctuent la randonnée. Sans être ésotérique à outrance, on devine dans la terre usée et les arbres déviés la présence de ceux qui ont jadis emprunté ce chemin pour s’enfoncer dans leurs territoires d’hiver.

Ce sentier gagne à être parcouru aller-retour à partir de l’entrée située sur la 138 près de l’Auberge Le Port  d’attache, car les 6 derniers kilomètres de la boucle, sur une route de terre et sur la 138, sont beaucoup moins charmants. Pour un ou deux kilomètres de plus (un total de 15 environ), mieux vaut rester dans le secret de la forêt pour tenter d’entendre ses confidences…

Le sentier des Chutes Manitou, est accessible au kilomètre 1088, tout juste après Rivière-au-Tonnerre. Pour saisir pleinement l’amplitude de ces chutes imposantes, mieux vaut stationner à la halte touristique jaune du côté ouest du pont de la rivière Manitou, puis le traverser. Le sentier est bien entretenu, mais il faut être prêt à remonter les nombreuses marches que vous descendrez… Allez jusqu’au bout ! Le spectacle et le chant puissant de la chute qui s’y fracasse à vos pieds valent définitivement le petit cardio du retour !

Au pied des chutes Manitou.

J’ai bu…

La bière de la Microbrasserie la Mouche

À Natashquan, la Brasserie La Mouche produit des bières fines qui portent de jolis noms comme la Nabiss muddler, la Pompier, la Mickey Finn, la Pirate… Les pêcheurs au saumon reconnaîtront le jargon, puisqu’il s’agit de noms associés à certaines mouches utilisées pour leurrer le roi des rivières ! Les bières de  l’entreprise sise dans le parc industriel, à deux pas De baies et de sève, sont en vente à l’épicerie et dans les dépanneurs du coin, mais depuis cet été, un kiosque est aménagé sur place, près de l’atelier de fabrication bleu royal.

Le bière Muddler de la Brasserie La Mouche.

J’ai mangé…

Une pizza aux fruits de mer avec la dame de Natashquan

Aux abords du quai, il fait bon pique-niquer au pied de la dame de Natashquan, sur de grandes plaques de rochers polis par le temps qu’on dirait faites pour accueillir les vacanciers… La somptueuse pizza aux fruits de mer du restaurant Le Goût du large est le « snack » parfait ! Le bistro L’Échouerie, posé sur la plage à un jet de pierre des fameux Galets, est une halte obligée lors de votre passage à Natashquan.

Je n’ai mangé…

Mais j’aurais bien aimé goûter…

Le chocolat de la Coqueline ! Un must, semble-t-il… La petite chocolaterie sise sur le chemin des Galets offre, à ce qu’on dit, de succulentes bouchées où le cacao est roi !

J’ai dormi….

Au port d’attache

Le Port d’attache est le royaume de Magella Landry, un sympathique aubergiste un brin hippie sur les bords qui vous accueille comme à la maison. L’ambiance bon enfant est propice aux rencontres avec les autres voyageurs de passage au bout du monde. Les fenêtres de l’auberge bourgogne s’ouvrent sur la baie et on peut aisément en partir à pied pour gagner le coeur du village. Prenez le temps de piquer un brin de jasette avec votre hôte qui, même s’il ne s’en vante pas, est un véritable pilier de la vie culturelle et touristique de Natashquan ! Lancez-le sur le sujet de la COPACTE, la corporation de développement patrimonial, culturel et touristique de Natashquan portée par la communauté, et vous comprendrez à quel point Natashquan est peuplé de passionnés ! D’ailleurs, un arrêt au pôle d’accueil de la COPACTE est une priorité si vous ne voulez rien manquer des attraits de ce village dont il est si facile de s’éprendre… Une superbe exposition de la photographe danoise Anna Birgit vous y attend. Avant de partir vers Natashquan, visitez le site copactenatashquan.net. Votre séjour pourrait bien s’allonger…

Magella Landry devant son auberge Le Port d’attache, où il fait bon s’amarrer.

De baies de sève

N’écoutant que son plus fidèle conseiller, son coeur, Annick Latreille a choisi de se poser à Natashquan et de lancer sa petite entreprise de cueillette sauvage et de transformation (De baies de sève) plutôt que de dire oui à un poste d’enseignante à temps plein dans la beaucoup moins coquette ville de Sept-Îles. Aujourd’hui, elle cueille les fruits, fleurs, bourgeons et autres feuilles qui entrent dans la composition de ses petits pots succulents et de ses produits de soin pour le corps qu’elle distribue aux quatre coins du Québec.

Gelée sapin et de thé du labrador, thé de la Minganie, pesto des berges au persil et à l’épinard de mer, curd de framboise sauvage (rare, mais extraordinaire !) ne sont que quelques-uns des chefs-d’oeuvre qu’elle propose. Le beurre de baies d’églantier est une pure merveille !

Des algues cueillies au bord de la mer sont intégrées dans certains des savons, baumes et beurres corporels aux délicats effluves sauvages. Votre peau vous en remerciera…

Bord du Cap

Ce chouette centre d’interprétation situé aux abords de la fabuleuse promenade de bois est une reconstitution touffue du vieux magasin général de Natashquan. Dans un joyeux fourre-tout organisé, on y découvre des milliers d’artefacts qui rappelleront des souvenirs aux plus sages et interloqueront les plus jeunes. On peut y flâner longtemps!

La Vieille école

C’est Marie-Claude Vigneault, mairesse de Natashquan et petite fille de Jean du Sud, qui nous offre la visite guidée de la petite école. Jadis fréquentée par Gilles Vigneault, l’école est désormais un hommage tangible aux personnages macacains qui peuplent les chansons du poète. De Jean Débardeur à Odilon Carbonneau (le violoneux de la danse à Saint-Dilon !), de Caillou Lapierre à Jack Monoloy, de mademoiselle Emilie à la Marilouche, on découvre que les habitants et l’histoire de Natashquan sont le riche terreau sur lequel a fleuri l’oeuvre du poète. De beaux « capayous », ou lanternes, pendent du plafond de la vieille école et parfois, des visites sont offertes en soirée, à la lueur seule des capayous. Magique !

Le Festival du conte et de la légende de l’Innucadie : 15 ans de rencontres

Le festival Innucadie est un pont entre deux univers. Les Autochtones et les Allochtones s’y rencontrent pour s’écouter et s’entendre, partager et se réconcilier, chanter et échanger. Spectacles intimistes, soirées de contes, spectacles et ateliers vous y attendent.

Visitez le site Mamu (qui signifie être ensemble) installé par les Innus et goûtez-y le saumon et la bannique accompagnée de confiture de graine rouge! Découvrez toute la finesse du travail des artisans sous les tentes qui leur sont réservées.

Tout au long du festival, qui a 15 ans cette année, écoutez les raconteurs des deux camps ou côtoyez les agrémenteurs qui se feront un plaisir de chouenner avec vous…

Cette édition anniversaire sera particulièrement généreuse alors que le festival se déploiera sur toute la Côte-Nord. Avant de se retrouver à Natashquan pour l’ouverture du festival le 12 août, les artistes participeront aux Escales Innucadie qui débuteront le 8 août et s’arrêteront à Tadoussac, Baie-Comeau, Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre.

Les 12 tentes prospecteur du Camp culturel et artistique de la relève du festival accueilleront des jeunes des communautés environnantes qui auront l’occasion de rencontrer Joséphine Bacon et Marie-Andrée Gill lors d’ateliers de poésie. La belle bande de l’Institut Tshakapesh sera sur place avec un kiosque littéraire et la médecine traditionnelle sera à l’honneur lors de cette édition du festival alors que la sage Adèle Bellefleur partagera d’ailleurs ses vastes connaissances sur le sujet.

Du 12 au 15 août à Natashquan.

La directrice générale du festival Innucadie, Monique Bouchard.

Maison Vigneault

Sauvées in extremis de la vente à des intérêts particuliers, Les Maisons Vigneault sont maintenant ouvertes aux visiteurs curieux de marcher sur les pas du poète. L’émotion qu’on ressent entre les murs de la menue maison jaune où vécut le géant est telle que les larmes coulent souvent, constate Magella Landry de la COPACTE, responsable du sauvetage avec l’accord du poète lui-même. « On a offert aux visiteurs d’écrire une carte postale à M. Vigneault après leur visite. Les messages sont vraiment beaux et touchants. Il y a quelque chose qui se passe là qu’on n’explique pas vraiment… C’est fou à quel point les gens l’aiment! »

Le bout de la route

Le bout de la route, c’est ici, comme en font foi les innombrables « selfies » devant la flopée de pancartes qui  l’indiquent. Outre le fameux égoportrait, qu’est-ce qu’on fait à Kegaska? L’épave du Brion, ce bateau cargo en provenance des Îles-de-la-Madeleine échoué en 1976, vaut bien une petite visite. Le rafiot rouillé qui s’est abîmé sur les rochers est devenu une des principales attractions de Kegaska (qui en compte peu) et on y accède par de sympathiques trottoirs de bois. La vue sur la mer et la valse des oiseaux accompagneront votre pique-nique. C’est de Kegaska que partent les bateaux en direction des villages de la Basse-Côte-Nord. Lors de notre passage, un certain virus empêchait les voyageurs sans invitation officielle de s’y aventurer, mais peut-être aurez-vous plus de chance? Au final, Kegaska est un village anglophone à l’intérêt touristique plutôt limité, mais qui demeure un incontournable pour à peu près tout voyageur qui s’aventure jusque dans ces contrées éloignées. Tant qu’à y être !

L’épave du Brion.