Aviation 101

Par Réjean Porlier 7:00 AM - 25 février 2023
Temps de lecture :

Photo Pixabay

Puisque rien ne change, reprenons une autre fois. Qui sait, peut-être qu’un jour quelqu’un au gouvernement s’y intéressera suffisamment pour se poser les vraies questions et mettre en place de vraies solutions. À commencer par mon ex-collègue et désormais ministre adjoint au Transport aérien.

Pourquoi au Québec les gens ont-ils quitté les aéroports? Prix exorbitants! À cela s’est ajouté au fil du temps : horaires inadéquats et plus récemment l’incertitude que le vol va partir. Pourquoi les prix sont devenus exorbitants? Élimination de la concurrence depuis le départ de Québécair. Le gouvernement a nationalisé, injecté plusieurs millions $, puis tiré la plug.

Premier paradoxe 

On ne voulait plus mettre d’argent pour maintenir Québécair à flot, assurer une concurrence qui elle assurait une meilleure offre, qui elle assurait que les gens prennent l’avion. Donc, aujourd’hui, on injecte 250 millions $ sur 5 ans, sans aucune assurance de saine concurrence, avec des billets encore beaucoup trop chers qu’on subventionne pour donner l’impression qu’ils ne le sont pas, avec des horaires souvent inadéquats et des annulations à tour de bras. Trouvez l’erreur!

Je vous propose une solution toute simple, sans doute trop simple : le gouvernement va en appel d’offre pour desservir les régions du Québec, avec des Q-400, l’avion idéal pour espérer un jour rattraper notre énorme retard sur les autres provinces.

Dans l’appel d’offres, il inclut des horaires qui conviennent aux populations en adoptant une approche conservatrice : 2 vols aller-retour par jour dans les principaux aéroports de la province. Je vous rappelle que pour une ville comme Timmins en Ontario, qui en termes de population peut se comparer à Sept-Îles et ses environs, il y a 5 vols de Q-400 par jour pour Toronto, et que sans subvention, les prix sont en deçà des 400 $ et même 300 $.

C’est le résultat de la concurrence.

Donc, le gouvernement bâti un appel d’offres pour desservir SA POPULATION et non accommoder les compagnies aériennes. Combien coûterait une telle desserte croyez-vous? Une question toute simple et purement mathématique à laquelle pourrait aisément répondre un expert-comptable en quelques semaines.

Si la réponse à cette question est 50 millions $/an, cela signifierait que pour les mêmes 250 millions $ / 5 ans promis par le gouvernement avec le programme des billets à 500 $, nous pourrions avoir des avions dédiés à la population du Québec pour desservir les régions adéquatement, et ultimement, offrir ce service gratuitement.

Avant de me dire que je ne comprends rien, j’aimerais qu’on réponde à la simple question que je viens de poser. Ce n’est pas 50 millions $, alors c’est quoi le chiffre?

Comme il est utopique de penser que les gens vont voyager gratuitement au Québec et puisque le gouvernement a clairement exprimé qu’il ne voulait pas d’une coop comme TREQ dans le décor, prenons uniquement la grille tarifaire que proposait TREQ sans subvention rappelons-nous et élaborons un appel d’offres en fonction de ces prix qui j’en suis persuadé, étaient réalistes et susceptibles de ramener les gens dans les aéroports. À partir de ces prix et notre horaire conservateur, mais au service de la population, demandons à notre expert-comptable quel est le taux d’occupation nécessaire pour rentabiliser cette desserte et ajoutons-y un 10 à 15 % pour dégager une marge de profit et assurer l’opération. Vous me suivez?

Donc, un appel d’offres où le gouvernement ne prendrait en charge que le manque à gagner du transporteur pour assurer la rentabilité + 10 à 15 %. On parle ici d’un accompagnement annuel et non à la pièce.  Il est clair que pour les deux ou trois premières années, le temps de ramener les gens dans les aéroports, quelque part dans la moyenne canadienne, le programme est susceptible de coûter un peu plus cher, mais bien en deçà des 50 millions $ proposés dans son programme actuel et le pari que je fais, c’est qu’au bout des 5 ans et probablement avant, il n’y aura plus besoin de subvention, parce qu’avec les prix ainsi proposés, les gens auront regagné le goût de prendre l’avion. Je sais d’emblée qu’on ne répondra pas à cette question toute simple, parce que la priorité n’a jamais été de mieux desservir les régions et leur population, mais de tenter de faire plaisir à tous les autres.

La réalité, c’est que le système continue de plonger, ce qui ne profite ni aux aéroports, ni aux compagnies aériennes et surtout pas aux citoyens. Alors, expliquez-moi ce qu’on aurait à perdre à enfin envisager de changer les paradigmes?