Stérilisations forcées de femmes autochtones : les recherches se poursuivent

Par Sylvie Ambroise ǀ Initiative de journalisme local 5:00 AM - 11 octobre 2023
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Suzy Basile, professeur, titulaire et directrice de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux relatifs aux femmes autochtones et — Mikwatisiw Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).

La directrice de la recherche sur le Consentement libre et éclairé et stérilisations imposées de femmes des Premières Nation et Inuit au Québec, Suzy Basile, est partie en début de semaine dernière de Sept-Îles, pour aller à la rencontre de femmes innues et naskapies à Schefferville, dans les communautés de Matimekush/Lac-John et de Kawawachikamach. 

C’est la deuxième phase de cette recherche dont les travaux ont été ralentis par la pandémie. L’équipe fera une tournée pour rencontrer des femmes ayant subi des violences obstétricales, des stérilisations forcées.

« En fait, ce qui est arrivé chez plusieurs cas, c’est lors d’une césarienne, par exemple. Ils ont décidé pour la femme que c’était mieux pour elle d’arrêter d’avoir des enfants. Donc, ils ont fait une ligature des trompes et la femme va l’apprendre après, on ne lui aura pas demandé son consentement », explique Suzy Basile. « Dans d’autres cas, ce sont des cas d’une hystérectomie, donc on aura tout enlevé, l’utérus, les trompes et tout ça, encore une fois, sans le consentement de la femme. » 

Il y a aussi des violences obstétricales.

« Il va y avoir des femmes qui se font malmener, qui se font parler de manière irrespectueuse. À qui on ne prend pas le temps d’expliquer ce qu’on va leur faire, qui se retrouvent dans des situations auxquelles elles n’ont pas consenti, donc, tout ça, ce sont des récits que l’on veut entendre », dit Mme Basile. 

L’équipe de recherche prévoit aller dans les communautés de Unamen-Shipu et Pakua-Shipu avant, ou après les fêtes. Suzy Basile invite les communautés qui n’ont pas encore reçu leur visite à communiquer avec elle via Messenger. 

« C’est un sujet très méconnu et c’est un sujet très tabou parmi les femmes. Encore aujourd’hui, pour certaines femmes, c’est encore trop profond. Elles n’arrivent pas à en parler », souligne-t-elle. 

Un filet de sécurité sera mis en place pour les femmes qui feront un témoignage. Un premier rapport de recherche a été publié en novembre 2022. En collaboration avec la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nation du Québec et Labrador, la recherche fait état jusqu’ici de 35 témoignages de violences obstétricales et de stérilisations forcées. On y conclut également à la présence évidente du racisme systémique. 

Un recours collectif

La Cour supérieure du Québec a autorisé récemment une poursuite contre l’Hôpital de Joliette, où 12 femmes atikamekws affirment avoir subi des stérilisations forcées.

« Il n’est pas dit qu’il n’y aura pas d’autres recours collectifs ailleurs au Québec, parce que cela marche par région. On est en lien avec les avocates qui s’occupent de ce recours collectif, on s’échange de l’information à l’occasion, pour surtout renseigner les femmes qui voudraient y participer », mentionne Mme Basile.

Des stérilisations forcées auraient été commises dans des hôpitaux à Roberval, La Tuque, Joliette et Sept-Îles. 

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