L’intérêt d’un aciériste suédois à développer un projet de production d’acier vert de 5 milliards de dollars à Pointe-Noire est accueilli favorablement par les joueurs miniers de la région, qui pourraient venir tirer leur épingle du jeu d’un tel projet.
D’ici 2025, H2 Green Steel prévoit démarrer une usine à Boden, en Suède, pour produire à grande échelle de l’acier vert. Elle sera parmi les premiers dans le monde à le faire. La Compagnie minière IOC confirmait d’ailleurs, en août, avoir signé une entente pour approvisionner l’aciériste en boulettes de fer de haute qualité à réduction directe. Le produit nord-côtier serait expédié en Suède à partir des installations de la minière.
Or, H2 Green Steel aurait dans les cartons un autre projet de complexe d’acier vert de 5 milliards de dollars. L’entreprise voudrait concrétiser cet investissement à Pointe-Noire, à Sept-Îles, selon ce que rapporte La Presse.
L’arrivée potentielle de ce joueur suédois en terre nord-côtière est vue d’un bon œil par des producteurs de la région.
Champion Iron est en train de réaliser une étude de faisabilité pour évaluer la remise en service de la vieille usine de boulettes de fer de Mine Wabush, qu’elle a acquis de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire, en mai 2022. Elle envisage y produire des boulettes de fer de haute pureté de qualité de réduction directe.
Pour ce projet, Champion a conclu un protocole d’entente avec « un important aciériste d’envergure internationale », dont elle n’a pas révélé l’identité.
« Les projets d’acier vert, tels que celui proposé par H2 Green Steel, nécessiteront une alimentation en fer de qualité de réduction directe, ce qui est aligné avec notre annonce concernant l’usine de bouletage de Pointe-Noire », a commenté au Nord-Côtier, Noémie Prégent-Charlebois, directrice principale des communications et affaires gouvernementales chez Minerai de fer Québec, en lien avec le projet potentiel de H2 Green Steel à Pointe-Noire.
Pour la société minière, l’intérêt démontré par l’entreprise suédoise vient signifier l’importance du rôle de la fosse du Labrador, dans la volonté mondiale de décarbonisation de l’acier.
« Le fait qu’un leader comme H2 Green Steel souhaite venir s’installer dans la région témoigne de l’importance stratégique de la fosse du Labrador pour développer la chaîne d’approvisionnement de l’acier vert », a indiqué Mme Prégent-Charlebois. « En s’appuyant sur des ressources en fer qui sont rares et d’une grande pureté ainsi que sur de l’énergie propre et renouvelable, l’expertise développée sur la Côte-Nord peut transformer l’industrie sidérurgique à l’échelle mondiale », a-t-elle ajouté.
La remise en service de l’usine nécessiterait des investissements importants, souligne toutefois Minerai de fer Québec.
« L’étude en cours nous permettra d’évaluer plus précisément ces investissements, notamment pour y intégrer les technologies les plus efficaces. Elle devrait se terminer à la fin de l’année 2023 », a-t-elle précisé.
Ouverture
De son côté, la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire (SFPPN) est toujours en démarche, à la suite d’un appel d’intérêt lancé en 2022 pour planifier sa prochaine phase d’investissement et regarder notamment l’appétit des promoteurs à développer des projets sur ses terrains vacants de la Pointe-Noire. En mai, elle révélait au Nord-Côtier être en discussions avec cinq d’entre eux.
Questionné à savoir si H2 Green Steel était dans le portrait et quels impacts son arrivée pourrait avoir sur la Société, son président-directeur général, Louis Gravel, s’est montré ouvert.
« Nous sommes toujours ouverts à discuter de projets de développement sur le site SFP Pointe-Noire. Il serait possible qu’un projet d’aciérie verte voie le jour sur les terrains de la SFP Pointe-Noire, mais nous n’avons aucune confirmation à cet effet pour l’instant », a-t-il indiqué. « À ce stade, il serait difficile d’évaluer l’impact que pourrait avoir l’arrivée potentielle d’un tel joueur pour nous. »
