Groupe de médecine de famille universitaire à Sept-Îles : un projet unique au Québec

Par Emy-Jane Déry 5:00 AM - 25 octobre 2023
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Le CISSS de la Côte-Nord vise une ouverture potentielle de son GMF-U à Sept-Îles à l’été 2025, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire pour la concrétisation de ce projet unique au Québec, notamment pour sa composante sur les réalités autochtones. 

Le CISSS Côte-Nord, qui chapeaute le projet en collaboration avec l’Université Laval, confirme qu’un appel d’offres devrait être lancé dans les prochaines semaines, pour voir si d’autres options qu’une construction au Cégep de Sept-Îles seraient possibles. Actuellement, ce dernier est toujours l’emplacement ciblé. 

« L’option du CÉGEP permet une concentration des apprenants dans de multiples disciplines du réseau de la santé, un peu comme on le voit au niveau universitaire. Les futurs médecins côtoieront des futures infirmières et futurs travailleurs sociaux notamment. De plus, ceci permettra l’optimisation de l’utilisation des laboratoires de formation clinique », a fait valoir l’établissement par courriel. 

La présence d’un GMF-U serait un « atout indéniable » dans la région, selon le CISSS de la Côte-Nord, entre autres parce qu’il aiderait à retenir des médecins. Si l’on se fie aux effets découlant de celui de Baie-Comeau, tous les espoirs sont permis pour la région de Sept-Îles et des environs, qui compose quotidiennement avec le manque d’effectifs médicaux. 

« Dans l’ouest du territoire, 65 % des personnes ayant fait leur résidence en médecine familiale au GMF-U de Manicouagan à Baie-Comeau ont ensuite choisi de pratiquer sur la Côte-Nord. Selon les données de l’Université Laval, un médecin formé dans un GMF-U en région a 80 % de probabilité de s’installer dans une région éloignée », a indiqué le CISSS de la Côte-Nord. 

L’expérience Côte-Nord

Les étudiants en médecine ont beaucoup à gagner à venir faire leur résidence dans une région comme Sept-Îles, croit le Dr Jean Ouellet, directeur de la Direction des relations avec les partenaires du Réseau universitaire intégré de santé et de services sociaux de l’Université Laval. 

« Nous, on appelle ça l’expérience Côte-Nord », dit-il. « Cette vie-là, évacuer des patients en avion, en hélico, il y a tous ces aspects-là qui se vivent un peu moins quand tu es au GMF de Trois-Pistoles, il faut l’admettre », illustre Dr Ouellet. 

Dans le cas où un résident choisirait plus tard d’aller faire sa pratique dans un grand centre, l’expérience acquise en région reste un gros plus. Durant leurs études, les futurs médecins sont d’ailleurs obligés d’aller faire un certain nombre de semaines de pratique en région. Il est chose courante, hors des grands centres, que les médecins doivent appeler des spécialistes pour demander des conseils. 

« Tu veux que la personne qui te répond soit capable d’imaginer où tu es », dit Dr Ouellet. « Ces étudiants-là qui seront peut-être un jour neurologue à Québec ou à Montréal vont répondre au téléphone à un médecin qui est en Côte-Nord et il aura comme souvenir que peut-être à 22h, le médecin est seul à Havre-Saint-Pierre, avec une infirmière. »

Pour Dre Sonia Sylvain, directrice du Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’Université Laval, un GMF-U à Sept-Îles proposerait des éléments uniques aux résidents. 

« Juste la situation géographique est un plus. C’est un gros hôpital en région, donc ça a sa particularité en soi », note-t-elle. « Tu peux aller, oui, à Blanc-Sablon pour être comme seul au monde, isolé, mais à Sept-Îles, c’est d’être quand même dans un milieu très riche, il y a plusieurs spécialités. »

Les étudiants ont tendance à voir la Côte-Nord comme très loin, mais pour celle qui a déjà pratiqué à Havre-Saint-Pierre, la réalité est tout autrement et c’est gagnant de leur faire découvrir. 

« Une fois qu’on est là, on ne se sent pas au bout du monde », affirme-t-elle.  

Il y a également une proposition de clientèle différente. 

« Les types de travailleurs, les mines, ça amène une exposition qu’on a pas toujours ailleurs. Les Premières Nations peuvent aussi amener une expérience qu’ils vont ramener avec eux, même s’ils décident d’aller ailleurs », dit-elle. 

Novateur

Le CISSS de la Côte-Nord souligne d’ailleurs cet aspect novateur du projet, qui en plus de l’emplacement collégial visé actuellement, le rend unique au Québec, soit un groupe de médecine de famille universitaire avec une composante sur les réalités autochtones. 

« En collaboration avec la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam, le programme de formation enseignera aux résidents en médecine les réalités autochtones et leur permettra de développer une approche médicale adaptée et sécuritaire auprès des patients provenant de cette communauté », a-t-il souligné. 

À ce stade-ci du projet, il n’a pas encore été déterminé si la clinique satellite projetée à Mani-utenam fera l’objet d’une nouvelle construction, ou si elle sera annexée au centre de santé Uauitshitun. Ce sera à déterminer avec ITUM durant le processus, mais les médecins qui travaillent actuellement à Mani-utenam font partie de l’équipe de ceux qui s’impliquent pour le GMF-U. 

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