La sécurité renforcée dans les prisons de la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 14 novembre 2023
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La prison de Baie-Comeau fait partie des établissements visés par les investissements de 35 M$ annoncés. Photo archives

Contrebande, tentatives d’évasion, actes violents entre détenus, tous les établissements de détention vivent des problématiques liées à des enjeux de sécurité. Ceux de la Côte-Nord n’y font pas exception et ils ont besoin de sécurité renforcée autant qu’ailleurs.

« Ces phénomènes y sont de moindre ampleur comparativement aux grands centres urbains », assure toutefois la relationniste au ministère de la Sécurité publique (MSP) du Québec, Louise Quintin.

Il y a quelques semaines, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 35,8 M$ sur cinq ans pour renforcer la sécurité dans les établissements de détention (ED) du Québec.

Sur le territoire de la Côte-Nord, on retrouve deux prisons, soit celles de Baie-Comeau et Sept-Îles. Elles font partie des établissements visés par l’annonce gouvernementale du 24 octobre. Le ministère ne peut toutefois dévoiler le montant investi dans chacune d’entre elles, mais assure que la sécurité y sera aussi rehaussée. 

« Ces investissements serviront à faire en sorte que tous les établissements de détention soient dotés de systèmes de détection de drones performants et de scanneurs corporels pour la détection de substances et d’objets interdits dissimulés sur les personnes incarcérées ou à l’intérieur de leurs cavités corporelles », précise Mme Quintin, par courriel. 

Les prisons qui ne disposent pas d’arche de détection de métal et d’appareil à rayons X en seront désormais équipées. Ceux-ci sont installés à l’entrée des membres du personnel et des visiteurs et permettent « de rehausser le processus de fouille de ces personnes et de leurs effets personnels », ajoute la porte-parole. 

L’ajout de cours extérieures sécurisées fait aussi partie des objectifs des investissements gouvernementaux. La relationniste du MSP n’a pas voulu nommer les endroits précis où sont actuellement situées les cours extérieures grillagées « pour des raisons de sécurité ». Depuis 2013, au moins 22 cours grillagées ont été aménagées, dont une en 2023.

« Nous pouvons toutefois vous dire qu’à terme, elles seront réparties de manière à répondre aux besoins opérationnels et sécuritaires à travers tous le réseau des établissements de détention du MSP », laisse-t-elle tomber. 

Comme le souligne Louise Quintin, l’établissement de détention de Sept-Îles « a été doté dès sa construction des meilleurs équipements de sécurité existants et répondant aux normes ainsi qu’aux besoins organisationnels à ce moment ». 

Protection du public et du personnel

Investir dans la sécurité des prisons est évidemment lié à assurer la protection du public et du personnel des services correctionnels. « La sécurité de la population est au cœur des préoccupations », témoigne la relationniste.

Selon cette dernière, la création et le maintien d’un milieu carcéral sécuritaire sont nécessaires pour permettre aux membres du personnel d’assurer leur rôle dans l’administration des décisions des tribunaux et pour permettre aux personnes contrevenantes d’évoluer dans un milieu propice à leur réinsertion sociale. 

Les millions annoncés faciliteront l’acquisition « d’outils additionnels dans la lutte à la contrebande en milieu carcéral ; des outils qui sont complémentaires à tout ce qui est déjà en place ». 

Par outils déjà en place, Mme Quintin fait référence aux pratiques sécuritaires existantes soit l’inspection visuelle des cellules et les fouilles, notamment, « qui trouvent leur efficacité dans la compétence et le professionnalisme des membres du personnel ». 

Le ministère de la Sécurité publique se dit au fait que ces acquisitions ne seront pas suffisantes pour contrer toutes les problématiques même si elles sont un pas en avant. Il demeure conscient qu’il doit poursuivre ses efforts sur plusieurs fronts et toujours continuer à s’adapter aux stratagèmes et à la mouvance du milieu criminel, selon la porte-parole.

Une clientèle en baisse

Les prisons de la Côte-Nord ne sont pas à pleine capacité. Au contraire, leur population est même en diminution depuis 2019. La population carcérale moyenne des deux établissements est passée de 89 personnes incarcérées quotidiennement en 2019-2020 à 70 en 2022-2023, d’après les données transmises par le MSP.

Le nombre de personnes incarcérées présentes en établissement de détention varie de jour en jour en raison des admissions et des libérations. Le nombre de places disponibles (lits ouverts) peut également varier. 

“ Pour vous donner un aperçu, en date du 2 novembre 2023 au matin, il y avait 68 personnes incarcérées présentes dans les établissements de détention de la Côte-Nord pour un total de 88 places disponibles ”, commente Mme Quintin, au journal Le Manic.