Violence dans les écoles nord-côtières ǀ Détresse parmi les employés

Par Marie-Eve Poulin 5:00 AM - 10 janvier 2024
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Violence école

Melly Rioux a été aux premières loges pour observer le phénomène au cours de ses 15 années en tant que technicienne en travail social dans les écoles du CSS du Fer. Photo CSQ

Melly Rioux, conseillère au personnel de soutien pour le Syndicat d’enseignement de la région du Fer (SERF-CSQ) affirme que la détresse se fait sentir chez les employés.

Melly Rioux a œuvré dans les écoles du Centre de services scolaire du Fer pendant 15 ans, en tant que technicienne en travail social. Elle était au cœur de l’action et très proactive sur les plans pour lutter contre l’intimidation.

Maintenant conseillère au personnel de soutien pour le Syndicat d’enseignement de la région du Fer (SERF-CSQ), elle ne peut que constater à quel point la violence a évolué sournoisement au fil du temps. 

« Tout le personnel se sent démuni par cette réalité », dit-elle. « Je ne pense pas que les membres ainsi que les gestionnaires pouvaient prévoir qu’on atteindrait un seuil de violence aussi élevé et de détresse parmi les employés », ajoute Mme Rioux, au syndicat depuis deux ans. 

Marie-Eve Murray, directrice des écoles Jean-du-Nord et Manikoutai rapporte que des situations de violence surviennent tous les jours. On parle surtout de violence verbale. 

Mme Rioux croit que les risques psychosociaux devraient être de plus en plus reconnus pour le personnel. 

« Être victime et/ou témoin de violence à répétition dans le cadre de son travail augmente considérablement les risques psychosociaux et ils sont un des facteurs palpables en termes d’invalidité », dit-elle. 

Elle appuie ses propos en soulevant une statistique. Au Québec, tous métiers confondus, 5 % des cas de Comité des normes de l’équité de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) sont d’ordre psychologique. Chez les membres syndiqués de la Centrale des syndicats du Québec, qui sont majoritairement dans le domaine de l’éducation et de la santé, cette proportion grimpe à 42 %. 

Désorganisation violente

Des rapports d’incidents/accidents sont remplis par les employés des écoles de la région. Ce qui revient souvent : désorganisation violente d’un élève. Au primaire, on parle de lancer des chaises et frapper une technicienne en éducation spécialisée. Au secondaire, c’est plutôt de la violence verbale, menaces de voie de fait et menaces de mort. 

Depuis août 2023, douze rapports ont été transmis au syndicat des enseignants de la région du Fer et dix d’entre eux découlent d’une situation violente de la part d’un élève. Depuis le début de l’année scolaire, dans Sept-Rivières seulement, le Journal a été mis au fait de trois interventions policières à la suite de désorganisation d’élève et de violence.

Banalisation

Melly Rioux croit que nous sommes face à un problème de société. 

« La violence dans les écoles en est venue à être banalisée, tant par la famille que par les professionnels qui gravitent autour des enfants », dit-elle.

Elle rapporte qu’une technicienne en éducation spécialisée habituée de se faire mordre et taper hésite avant de remplir un formulaire de déclaration d’accident, sous prétexte que gérer la crise violente d’un enfant fait partie de son travail. 

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