Les libéraux fédéraux sortent la carte Trump pour contrer Poilievre
Alors que le cycle électoral des États-Unis bat son plein en vue d'une élection plus tard cette année, les libéraux fédéraux au nord de la frontière comparent de plus en plus les conservateurs canadiens à leurs homologues américains. THE CANADIAN PRESS/AP-Frank Augstein
La candidature de plus en plus probable de Donald Trump à l’occasion de l’élection américaine en novembre 2024 permet aux libéraux fédéraux de se servir de l’ancien président comme épouvantail contre les conservateurs de Pierre Poilievre.
Les députés libéraux fédéraux attaquent depuis des mois leurs adversaires conservateurs en leur reprochant d’adopter un style politique rappelant les populistes au sud de la frontière. Ils qualifient même Pierre Poilievre de «Trump du nord».
Pour les conservateurs, les libéraux tentent de distraire la population des problèmes d’abordabilité en répandant de vieux clichés.
Les libéraux répliquent en affirmant que les enjeux sont bien plus gros.
Ils disent vouloir protéger le Canada contre la vague d’extrême droite qui frappe les autres pays démocratiques. Ces populistes nuisent à la reconnaissance des droits des LGBTQ et à la lutte contre les changements climatiques.
La coprésidente de la campagne nationale du PLC, la députée de Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada, reconnaît que la population est nerveuse et frustrée du prix élevé des aliments et du manque de logements abordables. Elle déplore que les conservateurs utilisent ces sentiments à la manière d’un Donald Trump.
«On utilise des tactiques visant à polariser les émotions afin de présenter des faits qui alimentent son idéologie propre et infiltrent la peur dans l’esprit des gens, lance celle qui est aussi ministre du Tourisme. C’est comme cela qu’ils veulent mener la politique, c’est quelque chose de nouveau au Canada. Et cela ne vient pas seulement des États-Unis, on le constate aussi dans d’autres pays. C’est ça qui est différent de nos jours.»
Le premier ministre Justin Trudeau est à la traîne dans les sondages depuis plusieurs mois. À l’instar de ses députés, il tire à boulets rouges sur M. Poilievre, l’accusant de vouloir imiter le modèle de campagne de Donald Trump.
M. Trudeau tente notamment de lier des sujets comme l’interdiction de l’avortement et le recul des droits des transgenres aux conservateurs.
«On peut penser que cela n’arrivera jamais au Canada, que ce sont les libéraux qui tentent de faire peur au monde, comme d’habitude. Je suis désolé, mais cela n’était pas censé se dérouler aux États-Unis non plus, mais c’est arrivé à cause du conservatisme [lié à M. Trump]. La menace est réelle», avait-il déclaré lors d’une entrevue de fin d’année accordée à La Presse Canadienne.
Sebastian Skamski, un porte-parole de Pierre Poilievre, dit que M. Trudeau et les libéraux tentent désespérément de distraire l’électorat «de la misère et des souffrances» qu’ils ont infligées pendant les huit dernières années.
«Avec les millions de Canadiens qui doivent se fier aux banques alimentaires et de plus en plus de gens de la classe moyenne menacés de perdre leur domicile, ce n’est pas surprenant d’entendre les libéraux lancer des allégations ridicules dans un effort désespéré visant à diviser les Canadiens. Ils espèrent que la population oubliera ses souffrances», a déclaré M. Skamski.
Alex Marland, un professeur de sciences politiques de l’Université Acadia, en Nouvelle-Écosse, juge que les libéraux tentent de résumer le débat politique à un choix entre le bien et le mal.
«Ils ciblent les gens qui ont voté pour eux dans le passé, mais qui en ont marre, souligne-t-il. Ils tentent de les convaincre de revenir au bercail. Une façon de le faire est de les dissuader de voter pour les conservateurs en leur faisant peur.»
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