La COVID peut entraîner un déficit cognitif

Par Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne 11:30 AM - 24 mars 2024
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Des militants provenant d'un peu partout demandent aux autorités d'accorder plus d'importance à la COVID longue. Photo Mariam Zuhaib/La Presse Canadienne

Une infection par le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, peut entraîner un déficit cognitif à long terme qui, dans certains cas, pourra correspondre à la perte de trois points de quotient intellectuel, prévient une nouvelle étude publiée par le prestigieux New England Journal of Medicine.

Le déficit cognitif était particulièrement prononcé chez les patients infectés lorsque la souche originale du virus ou le variant B.1.1.7. étaient dominants.

«Même les gens qui ont eu un diagnostic de COVID longue et qui par la suite sont revenus à leur état de base, supposément qu’il reste encore ce petit fond de déficience, d’atteinte cognitive, qui ressemble à ceux qui ont eu une résolution plus rapide après quatre à douze semaines, alors c’est intéressant», a commenté la docteure Emilia Falcone, qui dirige ses propres travaux pour élucider les mystères de la COVID longue à l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

Les auteurs de l’étude basent leurs résultats sur les réponses fournies par quelque 115 000 Britanniques à un questionnaire en ligne composé notamment de huit tâches cognitives.

Ils ont constaté que les participants dont les symptômes s’étaient résorbés en moins de quatre semaines, ou tout au plus en moins de douze semaines, présentaient de petits déficits cognitifs comparables à ceux des participants n’ayant jamais été infectés par le virus ou dont on ne savait pas s’ils avaient été infectés.

En revanche, des déficits cognitifs plus importants ont été mesurés chez les participants dont les symptômes persistaient. Une hospitalisation, notamment à l’unité des soins intensifs, a aussi été associée à un déficit cognitif plus prononcé.

«Mais il ne faut pas oublier qu’il y a des aspects de se retrouver aux soins intensifs qui peuvent avoir un impact à long terme sur les patients, a rappelé la docteure Falcone. Le fait de se retrouver aux soins intensifs ajoute à l’impact de l’infection.»

Les patients ayant été vaccinés au moins deux fois et ayant été peu affectés par des infections subséquentes au SRAS-CoV-2 présentaient un avantage cognitif modeste.

Les auteurs font remarquer que le déficit cognitif plus important associé à une infection au début de la pandémie correspond à une période où le système de santé était pris d’assaut, où on ne disposait pas encore de thérapies efficaces et où la probabilité d’hospitalisation était plus élevée.

L’étude publiée par le NEJM n’est pas la seule à jeter un nouvel éclairage sur la manière dont le virus de la COVID semble interférer avec le bon fonctionnement du cerveau.

Des travaux détaillés dans Nature Neuroscience à la mi-février indiquent ainsi que le virus semble rendre plus perméable la barrière hémato-encéphalique qui protège normalement le cerveau des intrus. Les dommages à cette barrière semblent particulièrement importants chez les patients atteints de la COVID longue qui rapportent ce qu’on décrit maintenant comme un «brouillard mental».

Une autre étude publiée par Nature Neuroscience porte à croire que l’inflammation provoquée par le SRAS-CoV-2 pourrait entraîner une réponse immunitaire dans certaines régions du cerveau aux premiers jours de l’infection, ce qui pourrait être à l’origine de symptômes neurologiques comme la perte d’odorat.

«Plus ça avance, plus on commence à avoir des morceaux du casse-tête qui complètent un peu l’image, qu’il y a une atteinte (au cerveau), a conclu la docteure Falcone. On le voit de différents angles. Chaque jour on a une nouvelle révélation.»