En attendant la Maison des aînés de Havre-Saint-Pierre

Par Emy-Jane Déry 5:05 AM - 2 avril 2024
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Marie Landry et son mari, Michel Vigneault. Photo courtoisie

Marie Landry et son mari, Michel Vigneault, attendent, mais ils ne savent pas vraiment après quoi. C’est qu’ils n’ont encore jamais vu même une esquisse de ce à quoi pourrait ressembler leur chambre, dans la future Maison des aînés de Havre-Saint-Pierre. 

Mais convaincus par le projet du gouvernement et rassurés à l’idée de pouvoir vieillir dans la dignité, ils ont tout lâché pour s’assurer une place. 

« Au moins, si on nous disait exactement ce que ce sera nos chambres. Les espaces pour se rassembler et tout ça. On n’a rien vu encore. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il y a passé de l’eau et qu’il y a des champignons », lance Marie Landry. 

Ça fait deux ans qu’ils ont quitté leur grand 5 et demi pour une petite chambre « double » au Foyer. Lorsqu’ils ont fait le grand saut, ils pensaient qu’à ce jour, ils seraient déjà bien installés dans la nouvelle Maison des aînés.

Respectivement âgé de 82 et 86 ans, le couple est pourtant encore autonome. Sauf que lorsqu’ils ont reçu un appel du Foyer pour dire qu’une place était disponible pour les deux, ils ont dû se résigner à bouger. Il faut savoir que les résidents du Foyer auront des places en priorité dans la nouvelle construction. Le Foyer, lui, a de l’âge. Sa cinquantaine d’années se fait ressentir sur son plancher imprégné de marques de marchette, trahissant tout son vécu. 

« La dernière fois, ils [l’administration du Foyer] nous ont dit que si on refusait, on risquait de perdre notre place. Nous avons accepté de venir, avec l’idée qu’on ne serait pas longtemps dans ce foyer-là, qu’on irait dans l’autre », raconte-t-elle. 

Ainsi, malgré le sentiment de précipiter un peu les choses, le couple sentait qu’il faisait le bon choix en vue du futur. 

« On se disait que quand on ne serait plus capable de tenir maison, on serait bien », dit Mme Landry.

Deux ans plus tard, la construction de la Maison des aînés est au point mort et personne ne sait trop quand la promise sera enfin livrée.  

« On ne sait rien de ce qui se passe. Si ça travaille ou non, qu’est-ce qu’ils sont en train de faire. Au gouvernement, on dirait que ce n’est pas de leurs affaires », déplore-t-elle.  

Mme Landry est catégorique : s’il n’y avait pas eu les plans de la Maison des aînés, son mari et elle seraient demeurés dans leur logement. 

« Même si on est dans une chambre double qu’ils appellent, on est vraiment tassés, même très tassés. »

Autour d’eux, l’espoir diminue. 

« Depuis qu’on est ici, en 2 ans, il y a 15 personnes de décédées. Ça veut dire que ça s’en va vite. C’est certains qu’il y en a qui ont perdu espoir », dit-elle.  

En janvier, un comité de liaison a été mis sur pied par le gouvernement, dans le but d’assurer une meilleure transparence du dossier auprès des élus et de la population.

« La seule chose que j’ai retenue, c’est que maintenant, ce sont les assurances qui s’occupent du dossier », résume Mme Landry. « Ils nous ont donné une échéance assez éloignée pour qu’on arrête de questionner. »

Quelque part à l’automne 2025, la Maison devrait être livrée. 

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