Le ministre Lafrenière n’a pas dit son dernier mot
La complicité entre le chef d’Essipit Martin Dufour et le ministre Ian Lafrenière était palpable le 20 avril. Les taquineries ont fusé de toutes parts. Les voici accompagnés du maire des Escoumins, André Desrosiers. Photo Johannie Gaudreault
Pessamit n’était qu’une première étape dans le plan d’action du ministre Ian Lafrenière. De passage à Essipit le 20 avril, il promet d’autres surprises « à court terme ».
« On continue et le message c’est avec toutes les communautés, que ça soit du développement énergétique ou pas », lance le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, en entrevue avec le journal Haute-Côte-Nord.
Ian Lafrenière se dit choqué quand on sous-entend que le gouvernement conclut des ententes seulement avec des communautés qui travaillent sur des projets énergétiques.
« J’étais à Kawawachikamach il y a deux jours avec les Naskapis et il n’y a aucun développement énergétique là-bas. Je n’aime pas entendre ce message-là, ça me choque. J’ai fait la tournée des 55 communautés et ce n’est pas vrai qu’il y a du développement partout. Hier, j’étais à Quaqtaq et je confirme qu’il n’y aura jamais de barrage là-bas », martèle-t-il.
Toutefois, certaines Premières Nations lèvent la main pour participer au développement de ce genre de projet. « C’est ce qui est arrivé ici à Essipit et à Pessamit. Elles veulent faire du développement, elles veulent faire partie de ce changement-là », affirme le ministre.
Selon lui, leur intérêt pour la transition énergétique s’articule autour de deux raisons. « Oui, au niveau économique, on ne s’en cachera pas, c’est bon. Mais, je le dis tout le temps, ce sont les premiers témoins des changements climatiques. Ils sont victimes de ça, donc ils veulent faire partie de la relance. Ils veulent trouver des solutions », précise-t-il.
Ouvrir la voie
L’entente-cadre signée à Pessamit en février a ouvert la voie à d’autres accords du même genre. Le téléphone de Ian Lafrenière ne dérougit pas depuis l’annonce.
« Il y en a qui n’était pas de bonne humeur après moi. J’ai joué le miroir en leur disant que si ce n’était pas signé avec ces communautés-là, c’était peut-être de leur faute aussi », clame-t-il.
« Pessamit n’a pas gagné un tirage, déclare l’élu caquiste. Pessamit a investi du temps, de l’énergie et a mis des choses de côté. Des fois, il faut savoir dans une négociation dire ce n’est pas parfait, mais on avance. Il y en a d’autres qui sont en mode attente. C’est comme quand tu joues aux cartes, des fois tu peux attendre que ce soit parfait, mais tu peux attendre longtemps le grand soir. »
Il salue l’audace du Conseil des Innus de Pessamit qui a obtenu le fruit de son travail acharné. « Dans quelques semaines, il va y avoir une première pelletée de terre pour bâtir des maisons pour la communauté. C’est réel parce qu’ils ont osé pour la communauté », dévoile M. Lafrenière, qui sera présent lors du lancement des travaux.
Authenticité et humanité
Les convives du souper-bénéfice au profit de la Corporation de gestion de la rivière à saumon des Escoumins l’ont remarqué samedi soir, Ian Lafrenière est humain et authentique. C’est ce qu’on entendait quand les bruits ambiants s’estompaient.
Le ministre a conscience qu’il était sous-estimé à ses débuts. « Il y en a plusieurs qui se disaient : “un ancien policier, comment ça va aller”. C’est drôle parce que c’est un petit peu n’importe quoi ça. Quand tu t’impliques comme policier, c’est parce que tu veux servir ta communauté de plusieurs façons », raconte-t-il.
Il n’en veut pas à ceux qui ont fait preuve « d’optimisme mesuré », comme il aime le dire. « Les gens m’attendaient, m’ont évalué, mais je ne prends rien pour acquis. Oui, j’ai de bonnes relations, la relation humaine est là. On a eu des moments plus difficiles aussi comme dans n’importe quelle relation, c’est normal », partage M. Lafrenière.
Le député Yves Montigny, également présent lors du souper, a lui aussi constaté les qualités de son collègue. « Il crée cette volonté des communautés d’écouter et de commencer à dialoguer pour réussir à créer des ententes », souligne le Nord-Côtier.
« Quand j’ai été élu comme député, je ne pensais pas être capable aussi vite de créer une entente avec la communauté de Pessamit. Sa qualité de négociateur, sa capacité d’écoute et son empathie, c’est important pour les Innus », renchérit-il.
Traité Petapan
Le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit a profité de son passage à Essipit pour s’entretenir avec le chef Martin Dufour. Le traité Petapan a assurément fait partie des discussions.
« Ça fait juste 43 ans qu’on le négocie. On est juste tannés. On a tous hâte d’arriver à quelque chose, mais il faut faire les choses comme il le faut aussi autant pour les communautés innues que les communautés allochtones » laisse entendre M. Lafrenière.
« Il faut s’assurer que ce qu’on écrit aujourd’hui va être bien interprété dans le futur. C’est pour ça que c’est plus long. Il y a des petits points qu’on doit défaire des nœuds », conclut-il en mentionnant qu’il s’entend très bien avec les chefs des communautés concernées.
Une harmonie qui donne espoir
Questionné sur les bonnes relations entretenues entre le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et la Municipalité des Escoumins, le ministre Lafrenière ne pourrait pas être plus heureux.
« De voir cette relation-là, le maire et le chef qui demandent les mêmes choses ensemble. Ça avait presque l’air organisé avec le gars des vues. C’était beau. J’étais content de voir ça », témoigne-t-il en parlant du projet d’aréna, notamment.
Le mot qui lui traverse l’esprit quand il pense aux deux communautés, c’est harmonie. « Je me sers souvent de l’exemple d’Essipit pour dire que c’est une communauté qui s’est bien développée, mais en harmonie avec la communauté allochtone qui est à côté. Les deux vont très bien ensemble. C’est très positif. Ce soir, on célèbre oui le saumon, mais l’harmonie. »
Le caquiste sent que les communautés sont soudées solidement. « Cette cohabitation extraordinaire entre les deux, cette volonté de faire des projets communs aussi, ça rayonne. On le voit. Ça attire cette volonté de faire des projets parce qu’il y a cette volonté de travailler ensemble. Ça, c’est rassurant pour les entrepreneurs », soutient pour sa part M. Montigny.
Cette « prévisibilité », de l’avis de Ian Lafrenière, permet de rallier des investisseurs. « De savoir que les communautés travaillent ensemble, c’est un gage de stabilité et de prévisibilité parce que sinon ça devient difficile, dit-il. C’est un peu ce que les gens nous demandent. »
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.