Côte-Nord : le télétravail pour éviter la dévitalisation 

Par Anne-Sophie Paquet-T. 6:00 AM - 28 mai 2024
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Grâce au télétravail, Myra Imbeault a pu revenir vivre sur la Côte-Nord. Photo courtoisie

Myra Imbeault est une fonctionnaire fédérale qui a eu l’opportunité de revenir vivre dans son patelin nord-côtier lors de la pandémie de COVID-19. Étant aux commandes d’un emploi 100 % à distance, elle a pu se rapprocher de sa famille à Baie-Comeau en plus d’avoir les moyens financiers de devenir propriétaire d’une maison. Il y a quelques semaines tout a été remis en question.

« Le Conseil du Trésor du Canada a publié sa nouvelle politique sur le retour obligatoire au bureau pour un minimum de trois jours par semaine », a précisé Mme Imbeault, découragée de cette nouvelle. 

Pourtant, en avril 2023, l’Alliance de la fonction publique du Canada avait réussi à négocier plusieurs points pour leurs membres après la grève générale des 155 000 fonctionnaires fédéraux.

Relevant du Conseil du Trésor et de l’Agence du revenu, les employés du pays avaient été en mesure d’obtenir plusieurs nouvelles conditions de travail, dont le droit au télétravail pour le personnel en civil. 

« La décision malavisée du gouvernement d’obliger les fonctionnaires fédéraux à travailler à partir du bureau au moins trois jours semaine fait carrément fi de leur bien-être, en plus de brimer leur droit à la négociation collective », a écrit à ses membres l’Alliance de la fonction publique du Canada. Le syndicat dénonce d’ailleurs de ne jamais avoir été consulté lors de cette même annonce faite par le sous-ministre Jean-François Tremblay qui a envoyé un courriel aux 155 000 fonctionnaires fédéraux. 

Dans cedit courriel signé par M. Tremblay et le sous-ministre délégué Lawrence Hanson, dont le journal Le Manic a obtenu copie, nous pouvons y lire ceci : 

– D’ici le 9 septembre 2024, les fonctionnaires de l’administration publique centrale (APC) qui sont admissibles à une formule de travail hybride devront travailler sur place au moins 3 jours par semaine.

– Pour assurer un leadership et un soutien efficace à leurs équipes, les cadres devront être sur place au moins 4 jours par semaine, également à partir de septembre 2024. 

– Cette exigence actualisée s’applique également aux groupes de fonctionnaires des organisations qui avaient été autorisés à continuer temporairement à travailler à distance sur la base de modèles de travail précis (par exemple, le personnel des centres d’appels).

Ne pas considérer les régions 

Mme Imbeault a réussi à avoir une exemption dans les derniers jours puisqu’elle habite à plus de 125 km. « J’ai quand même dû me battre pour ça », ajoute-t-elle précisant que d’autres fonctionnaires fédéraux vivent cette même réalité dans la Manicouagan. Pour elle, l’option de retourner vivre à Québec, loin de ses racines et étant mère monoparentale était « hors de question ». Elle précise que sa fonction de superviseure, politiques et gouvernance en gestion de l’information a été accordée pour se faire complètement en télétravail, mais si elle désirait postuler comme cadre, il en serait impossible. 

« Je crois qu’il est grand temps pour les régions éloignées de prendre parole en faveur du télétravail », maintient-elle. 

Un travail qui se fait à distance pourrait, selon Mme Imbeault, permettre à une population de s’installer en région et ainsi participer à l’économie régionale en ayant d’excellents emplois. Les centralisations de plus en plus nombreuses sont au détriment des réalités régionales, croit-elle.  

Celle qui dénonce cette réalité a tenu à en faire part à la députée de Manicouagan, Marilène Gill, par une lettre. Le bureau de Mme Gill n’a pas pu nous en confirmer la réception puisque les dossiers citoyens sont confidentiels. Par contre, la députée affirme que « cette situation témoigne du manque de dialogue entre le gouvernement fédéral et les syndicats de la fonction publique ». Elle ajoute « qu’il existe un mécanisme négocié pour un enjeu aussi important que celui de l’organisation du travail, le Conseil du Trésor l’a sciemment contourné ». Elle souhaite d’ailleurs que des discussions aient lieu le plus rapidement possible avec le syndicat.