Les travailleurs saisonniers sont inquiets, selon un sondage sur l’assurance-emploi

Par Renaud Cyr 10:57 AM - 6 juin 2024
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30.5 % des répondants affirment vivre avec des problèmes causés par le trou noir sur toute la Côte-Nord. Photo archives

Action-Chômage Côte-Nord fait paraître un nouveau sondage réalisé auprès de 171 répondants afin de comprendre la réalité et les besoins des travailleurs sans-emploi de la région, qui sont aux prises avec des difficultés qui en forcent certains à se réorienter ou à quitter la région.

« Ce qu’on voulait, c’était donner la parole aux travailleurs afin de savoir si nos revendications représentaient bien ce dont ils avaient besoin », mentionne d’entrée de jeu la directrice d’Action Chômage Côte-Nord Line Sirois.

Le sondage rend des données fraîches à un moment où les recours à l’assurance-emploi restent toujours incertains pour les travailleurs saisonniers de la région, qui sont à la merci de bouleversements survenus lors de la saison estivale de 2023.

L’ajout de 4 semaines supplémentaires avait été annoncé en novembre 2023 lors du dernier énoncé économique de la ministre des Finances du Canada Chrystia Freeland, mais pour la directrice générale il s’agit d’une mesure qui ne correspond pas aux besoins des travailleurs nord-côtiers.

« Pour se qualifier à ça, il fallait avoir fait sa demande après le 10 septembre, mais malheureusement beaucoup de nos travailleurs ont dû faire leur demande plus tôt en raison des feux de forêt de l’an dernier », indique Line Sirois.

« On va écrire au ministère pour que ces 4 semaines soient reconduites, et qu’elles soient mieux adaptées à nos travailleurs », ajoute-t-elle.

47.4 % des répondants sont travailleurs de l’industrie saisonnière, et seuls 6,5 % des répondants ont obtenu 9 semaines supplémentaires.

L’un des principaux problèmes liés à l’assurance-emploi demeure celui du trou noir, cette période où les travailleurs saisonniers vivent avec des prestations insuffisantes.

En plus du trou noir,  23 % des répondants ont indiqué que les délais importants dans le traitement de leur demande d’assurance-emploi représentaient une difficulté importante.

Les femmes plus touchées

70 % des répondants sont des femmes, qui sont pour la directrice générale plus affectées par les difficultés que génère l’assurance-emploi.

« Quand on dit que ceux qui sont le plus touchés par les problèmes de l’assurance-emploi sont les femmes, je pense que le sondage parle par lui-même », explique-t-elle.

« Une maman qui retourne sur le marché du travail après 1 an sur le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) n’aura pas le droit à l’assurance-emploi si son emploi n’est plus disponible », se désole la directrice générale.

« Avoir une protection en cas de chômage sans tenir compte des prestations de maladie ou de maternité, c’est dans nos revendications », assure-t-elle.

Certains répondants pensent même à changer de carrière ou à déménager comme en font foi leurs témoignages dans le cadre du sondage.

« Il y a beaucoup de gens qui se sont battus avec nous qui sont retournés vers une autre carrière, car ils n’en pouvaient plus », remarque Line Sirois.

« On ne peut pas vivre le trou noir pendant 10 ou 15 ans », tranche-t-elle.

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