Le chicouté : un potentiel de développement pour la région

13 mars 2013
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Baie-Comeau – La phytogénéticienne Kristine Naess a offert une conférence d’intérêt sur le potentiel de développement du chicouté, dans le cadre de la troisième édition du Colloque sur les créneaux novateurs en foresterie du Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) qui se déroulait hier à Pessamit.

Julie-Andrée Verville

La chercheuse au Centre de recherche Les Buissons travaille depuis de nombreuses années à trouver des méthodes pour augmenter le rendement du chicouté, qui produit environ 10 kg de récolte par hectare dans la nature. Après des tests d’utilisation de polinisateurs comme les abeilles, de brise-vents et de clôtures à neige en milieu naturel pour améliorer la production, les chercheurs de l’équipe de Mme Naess et elle-même ont pu voir que, malgré un doublage du rendement, cela ne suffisait pas pour rentabiliser les entreprises productrices de chicouté.

C’est là que la domestication des plans de chicouté est intervenue. «Le rendement n’est pas très élevé dans la nature. Il faut donc beaucoup d’exploitation, ce qui est plus destructif pour les tourbières. En domestiquant le chicouté, on peut obtenir jusqu’à 500 kg de rendement par hectare. C’est 50 fois mieux», explique la chercheuse.

Banque de chicouté

Afin de procéder à la domestication du chicouté, il a fallu créer une banque de génotypes, aussi appelés des clones, dans le but de trouver les mélanges les plus performants entre mâles et femelles et les différents types de chicouté. Cette banque génétique est conçue in vitro. Ce sont 45 clones femelles qui ont été choisis et 15 mâles, mais il existe beaucoup plus de types différents. «Dans la nature, il y a 70 % de mâles, mais ils ne produisent pas beaucoup de fruits, alors nous, en domestiquant le chicouté, nous mettons à la place 70 % de femelles. On fait l’inverse. Les femelles sont très hâtives, alors que les mâles polinisent», mentionne Mme Naess.

Des essais ont été uniquement faits dans le sol du Centre de recherche Les Buissons, mais pour découvrir si les cultivars développés s’adaptent bien à différents milieux, il faut minimalement qu’ils aient été testés à trois endroits distincts. Après cela, il est possible de choisir les 10 meilleurs cultivars possibles pour les vendre aux producteurs de chicouté. À ce moment-ci, les travaux au Centre Les Buissons sont terminés. Mme Naess garde vivants les clones de la banque in vitro, mais, éventuellement, il faudrait qu’un autre centre de recherche ou une organisation prenne le relais. Le CEDFOB songe à récupérer la banque de chicouté et à développer un mini-laboratoire. «Ce serait dommage de perdre ce patrimoine collectif. On essaie de l’intégrer au CEDFOB, qui est prêt à investir, mais c’est encore préliminaire. Ce serait un projet de développement à court terme», conclut le directeur général du CEDFOB, Robert Beaulieu.

 

Photo : En domestiquant la chicouté, le rendement passe de 10 kg par hectare en milieu naturel à 500 kg par hectare en cultures domestiques, selon les travaux de recherche de la phytogénéticienne au Centre de recherche Les Buissons, Kristine Naess. (Centre de recherche Les Buissons)

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