Baie-Comeau – En première mondiale, le documentaire de la cinéaste gaspésienne Natalie Martin, Chercher Ferron, sera présenté au Festival du film international de Baie-Comeau, Cinoche, ce samedi 18 janvier. L’œuvre met en vedette l’artiste baie-comois Richard Ferron dans son processus de création, qui se veut à la fois ludique, rassembleur et singulier.
Julie-Andrée Verville
Pendant plus de trois ans, Natalie Martin a braqué son objectif sur Richard Ferron, un ami de longue date, dont la façon de vivre la fascinait. «Le documentaire, c’est l’histoire d’une rencontre avec quelqu’un qui m’inspire. Ce qui m’a frappé chez Richard, c’est sa capacité de voir la vie avec un regard d’enfant, de s’émerveiller, de jouer avec les choses constamment. C’est souvent une faculté qu’on perd dans notre vie d’adulte», constate la cinéaste.
Elle avait envie de scruter le processus de création de l’artiste, alors qu’il venait de retourner dans sa région d’origine pour y pratiquer l’art en relation avec la population nord-côtière. «C’est de voir au-delà de ce qu’on peut attraper rapidement juste en faisant une entrevue. Quand j’ai eu trouvé mon angle, c’était de voir l’artiste évoluer dans son territoire auprès des gens. Il fallait que je voie plusieurs projets, son évolution», mentionne celle qui a réalisé le documentaire, en plus de faire la recherche, le scénario, de capturer les images et de prêter sa voix pour la narration.
En profondeur
De la Côte-Nord à Berlin en Allemagne, soit les deux territoires qui sont les plus chers à Richard Ferron, la cinéaste a suivi le personnage dans son quotidien pour faire réfléchir au rôle de l’art et de l’artiste dans notre vie de tous les jours, en plus de mettre de l’avant l’importance du territoire. «C’était autant le territoire que le personnage qui m’attiraient. C’était de dépeindre la relation entre l’artiste, l’art et la collectivité», ajoute Natalie Martin, qui se qualifie aussi commune une artiste qui entre en connexion avec les gens.
«Si ça me touche autant, c’est que je fais quelque chose qui se rapproche de l’art relationnel. Je souhaite que l’art soit plus accessible. Alors quand l’artiste ose sortir de son atelier pour aller dans la population faire de l’art, c’est quelque chose que j’admire et que je défends beaucoup, et que je veux mettre en avant-plan.» Richard Ferron lui-même a été touché par ce que dévoilait le film sur lui. «Ce qui m’a le plus frappé dans le documentaire, c’est de voir à quel point mon territoire nord-côtier m’habitait. Je suis vraiment Nord-Côtier dans l’art que je fais», soutient-il.
En créant cette œuvre cinématographique, Natalie Martin ne voulait pas mettre l’homme sur un piédestal, mais, au contraire, le montrer dans son état naturel. «On sent la dualité de cet artiste. Quelqu’un avec ce genre de vie et ces choix-là vit avec très peu de moyens, et on sent qu’il n’est pas superficiel. Quand on le rencontre, on le voit comme un clown, mais quand on s’approche, c’est quelqu’un qui a des pensées et une démarche très profondes. C’était intéressant d’aller chercher ça.»
Dévoilement
Si le film sera présenté en première mondiale à Baie-Comeau, c’est que Natalie Martin y tenait fermement, afin qu’il rencontre son public. «Pour moi, c’était super important qu’elle ait lieu à Baie-Comeau, pour que tout le monde qui a aidé et participé puisse célébrer.» Plusieurs personnes qui ont pu adhérer aux élans créatifs de Richard Ferron pourront d’ailleurs se reconnaître dans le documentaire, puisqu’il montre l’interaction de l’artiste dans sa communauté.
«J’espère que ça va stimuler une certaine relève au niveau des arts visuels en région. Si le film peut faire voir le potentiel contenu dans le territoire et montrer aux gens qu’il n’y a pas de limite… Normalement, tous les citoyens nés sur le bord du fleuve ont cette ligne d’horizon qui fait partie d’eux, ce possible d’aller très loin», conclut l’acteur principal de Chercher Ferron, qui croit que le film lui a fait parcourir un pas de plus dans l’acceptation de soi.
Photo : Courtoisie Natalie Martin
BV2 : Dans Chercher Ferron, on s’immisce dans le quotidien de Richard Ferron, découvrant sa façon bien à lui de voir la vie et de créer.
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