Gilbert Hervieux crie à l’injustice et au racisme

Par Charlotte Paquet 2 janvier 2016
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Gilbert Hervieux.

Baie-Comeau – Gilbert Hervieux a perdu sa femme des suites d’une longue maladie en septembre dernier. Trois semaines avant qu’elle s’éteigne à l’Hôpital Le Royer, un événement l’a fait sortir de ses gonds. Après avoir vu sa plainte virer en queue de poisson, il crie aujourd’hui son indignation et va jusqu’à parler de racisme.

Élisabeth Vachon a passé les deux derniers mois et demi de sa vie dans une chambre de l’hôpital de Baie-Comeau. Elle est décédée le 1er septembre. Étant à son chevet à tous les jours, son mari l’aidait à se nourrir en portant la cuillère jusqu’à sa bouche.

Le 9 août, deux interventions successives d’une infirmière l’ont laissé d’abord abasourdi, puis l’ont littéralement mis en colère. «J’aidais ma conjointe à s’alimenter quand une infirmière s’est présentée et m’a dit : “T’as pas le droit de l’aider à manger, elle doit prendre elle-même sa cuillère”», raconte M. Hervieux. Cet avertissement l’a surpris, mais il lui a répondu que la malade avait de la difficulté à le faire seule. L’infirmière est repartie.

Une vingtaine de minutes plus tard, la même employée est de retour dans la chambre. «Elle m’a alors dit : “On t’a vu manger dans la cuillère de ton épouse et on est deux à t’avoir vu», poursuit le veuf. Piqué au vif, il lui répond n’avoir jamais mangé dans sa cuillère. Il ajoute : « Tu m’accuses de quelque chose que je n’ai pas fait, je vais déposer une plainte.»

Rapidement, le plaignant demande à voir la responsable du 4e étage à qui il explique la situation. Il quitte ensuite l’hôpital et décide de revenir avec sa boîte à lunch. Il la dépose avec fermeté au poste des infirmières en indiquant qu’elle contient les restes de son souper.

Injustice et racisme

Avec le support du Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes de la Côte-Nord, M. Hervieux prépare sa riposte. Le 3 novembre, il achemine une plainte à la Commissaire aux plaintes et à la qualité des services du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), Manon Bourgeois. Elle a pour objet: «Attitude professionnelle, droit d’être traité avec courtoisie, équité et compréhension.»

La réponse de Mme Bourgeois parvient au plaignant le 13 novembre. «Malheureusement, je suis dans l’obligation de vous informer que je ne suis pas en mesure d’analyser cette plainte du fait qu’elle ne satisfait pas les critères d’admissibilité. En effet, le régime d’examen des plaintes s’adresse aux soins et services donnés aux usagers, mais non à leurs proches», écrit-elle.

La commissaire insiste cependant sur l’existence d’un code d’éthique à l’Hôpital Le Royer. Elle lui confirme aussi avoir informé la gestionnaire de l’unité des événements rapportés en ajoutant que cette dernière déterminera les moyens à prendre pour sensibiliser son personnel.

Tourner en rond

M. Hervieux est déçu. Il considère que sa plainte a «tourné en rond et a fini en queue de poisson». Il se dit assuré que l’attitude de l’infirmière à son égard est discriminatoire. «C’est sûr et certain que si j’avais été un Blanc, elle ne m’aurait pas traité comme ça», indique-t-il.

Invité à réagir à ce dossier, le CISSS a indiqué dans un courriel : «Tous les faits portés à notre attention font l’objet d’un suivi rigoureux auprès des gestionnaires concernés dans un souci d’amélioration continue.»

Le CISSS a aussi précisé qu’en cas d’insatisfaction face aux réponses obtenues, M. Hervieux peut toujours tenter de se faire entendre auprès d’autres instances, notamment le protecteur du citoyen.

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