Le milieu est très amer face à la demande d’audiences

Par Steeve Paradis 13 septembre 2017
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Le député Martin Ouellet, Michael Cosgrove de la Chambre de commerce de Manicouagan, le maire de Baie-Comeau Claude Martel et le chef de Pessamit René Simon ont été unanimes à dénoncer le renvoi au BAPE du projet de Mason Graphite. Photo Le Manic

Le député Martin Ouellet, Michael Cosgrove de la Chambre de commerce de Manicouagan, le maire de Baie-Comeau Claude Martel et le chef de Pessamit René Simon ont été unanimes à dénoncer le renvoi au BAPE du projet de Mason Graphite. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Personne ne sautait de joie dans le monde économique et politique de la Manicouagan lorsqu’on a appris la tenue d’audiences publiques du BAPE concernant le projet de Mason Graphite. L’heure n’était pas à la rigolade dans la salle du conseil de la MRC de Manicouagan, où s’étaient réunis élus et décideurs quelques heures après la décision.

« Tout le monde est consterné par cette décision », a résumé le député de René-Lévesque, Martin Ouellet. « Il y a eu très peu ou pas de commentaires négatifs (sur le projet). Alors pourquoi cette demande au BAPE? »

Le député a assuré qu’au cabinet de Pierre Arcand, ministre responsable de la Côte-Nord, on ne s’attendait pas non plus à recevoir ce genre de demande, par ailleurs légitime et bien ficelée selon ce qu’on lui en a dit.

Le cabinet du ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, a aussi confirmé la recevabilité de cette demande d’audiences publiques sur ce projet de mine et d’usine de traitement du graphite. Les motifs de cette ou ces demandes seront dévoilés au début des audiences, le 25 septembre.

Du bonheur à la déception

Ironie du sort, Claude Martel se trouvait mercredi matin sur le futur terrain de Mason Graphite, dans le parc industriel Jean-Noël-Tessier, « heureux de voir qu’on allait pouvoir aboutir sur un projet collectif », lorsqu’on lui a communiqué la mauvaise nouvelle.

« C’est le plus beau projet qu’on pouvait porter pour notre région », a lancé le maire de Baie-Comeau, avouant être un peu découragé. M. Martel reproche au passage au premier ministre Philippe Couillard et au ministre Arcand de ne pas avoir donné l’heure juste dans ce dossier lors de leur visite dans la Manicouagan fin aout.

« Dans mon idée, les deux portaient ce projet. On pensait quasiment qu’ils venaient annoncer le projet lors de leur passage », a-t-il signalé.

Annonce négative

Le chef du conseil des Innus de Pessamit, a quant à lui certifié de la bonne foi de Mason dans le processus. « On a été les premiers consultés par la compagnie. On était plus ou moins en accord (avec le projet), on a mis nos conditions et après un an de négociation, on a signé une entente avec Mason Graphite », a fait valoir René Simon qui, avec ces audiences, parle d’une « annonce négative » pour sa communauté.

Représentant la Chambre de commerce de Manicouagan, Michael Cosgrove s’est dit estomaqué et estime que les nouveaux délais imposés au projet sont frivoles. « Je ne vois vraiment pas ce qu’on va apprendre de plus dans les audiences publiques », a soutenu M. Cosgrove, plaidant lui aussi la transparence de Mason.

Dans un communiqué, Marcel Furlong, candidat au poste de préfet de la MRC de Manicouagan, parle quant à lui de « coup de poing directement au cœur » et fait valoir que tout retard dans des projets industriels peut avoir des conséquences fâcheuses. « Il y a un risque qu’une autre carrière ou mine (de graphite) soit mise en exploitation avant celle du lac Guéret », fait-il valoir.

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