Les esprits s’échauffent au conseil municipal

Par Charlotte Paquet 20 Décembre 2018
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On aperçoit le président de l’association des propriétaires du lac Potvin, Harold Michaud, au micro lors de la séance du conseil municipal du 17 décembre.Photo MaCommunauté

Baie-Comeau – La séance ordinaire de lundi (17 décembre) du conseil municipal de la Ville de Baie-Comeau a donné lieu à une période de questions pour le moins enflammée. À un point tel que l’habituelle durée de 30 minutes a été insuffisante et qu’il a fallu la prolonger d’autant. Au cœur des échanges : les subventions versées aux associations de propriétaires en milieu isolé.

Historiquement, la municipalité retourne aux résidents des zones de villégiature une partie des taxes versées dans ses coffres afin de les aider à assumer l’entretien de leurs chemins, entre autres choses. Les gens déplorent depuis toujours recevoir trop peu.

En novembre dernier, après un exercice basé sur l’obtention de pièces justificatives au cours de l’année, les élus ont adopté une résolution afin de faire passer l’aide financière de 10 % à 14 % du montant des taxes dans certains cas. Dans d’autres cas, le bond a atteint 18 %, tandis que certains regroupements sont demeurés au taux de base de 10 %.

Ce dossier a soulevé les passions à la période de questions. Parmi plus d’une vingtaine de représentants d’associations sur place, plusieurs ont interpellé le conseil municipal pour dénoncer être taxés pour des services qu’ils n’ont pas, comme les égouts. S’il y en a qui ont pris le micro d’assaut, c’est bien les gens du lac Potvin, dont son président Harold Michaud.

Pièces justificatives

« Ils sont carrément venus au micro pour plaider la situation du lac Potvin », a souligné le maire Yves Montigny, en faisant référence au fait que la majorité des interventions concernait ce secteur. Selon lui, ses résidents sont déçus, car leur subvention demeure au beau fixe à 10 % pour 2019.

« Au lac Potvin, le président de l’association n’a pas souhaité répondre à la demande qu’on avait faite pour avoir un portrait réel des dépenses de tous les lacs. L’association du lac Potvin est la seule qui a décidé de ne fournir aucune pièce justificative. Ils ont lancé des chiffres, mais pas plus », a expliqué l’élu.

Selon lui, c’est pour cette raison que cette association n’a pas vu sa subvention majorée. « On les a laissés à 10 %. Dans leur cas, ils n’ont rien soumis et ils nous disent que ce n’est pas suffisant », a ajouté M. Montigny.

Le dossier a avivé les esprits au point que le maire a dû, à un moment donné, demander à Harold Michaud de quitter la salle du conseil après l’avoir averti à trois reprises de ne pas interférer dans les propos des personnes au micro. « Il coupait la parole aux autres et prenait la parole quand d’autres étaient au micro », a-t-il précisé, tout en soulignant que le président de l’association a répondu calmement à sa demande.

30 %, rien de moins!

Le dossier des remboursements met Harold Michaud en beau fusil. Il considère que la Ville doit, avant toute chose, arrêter de facturer (à même les comptes de taxes) aux propriétaires des services qu’elle ne leur rend pas. « On donne 3 000 $ (en taxes) et ils te regardent et te rient dans la face », a-t-il dénoncé.

La subvention de 10 % octroyée à l’association du lac Potvin équivaut à ce qu’elle recevait en 1993, ce qui n’a aucun sens, d’après Harold Michaud. « À 30 %, on ne parlerait plus un mot », a-t-il assuré.

Quant aux pièces justificatives que la Ville considère ne pas avoir reçues, le citoyen lance : « Pourquoi je te fournirais des factures sur des services que tu ne nous fournis pas ». Il précise aussi que faire le tour des 21 propriétaires du lac Potvin pour réclamer les preuves nécessaires était une tâche lourde.

« Qu’ils me donnent le service ou qu’ils me remboursent et qu’ils arrêtent de me faire ch… avec leurs factures. Le problème avec la Ville, c’est qu’on me facture pour rien des services qu’on ne veut pas me donner et il faut se battre pour avoir un remboursement. Je suis découragé, ça n’a pas de bon sens », a laissé tomber le principal concerné.

Au lac Frigon

D’autres associations de propriétaires en milieu isolé demandent aussi des comptes à la Ville. C’est notamment le cas au lac Frigon. Louis Roy a profité de la séance du conseil municipal pour exprimer ses doléances.

Il a tenté de démontrer aux élus le non-sens d’une taxe d’eau qui n’est pas facturée aux propriétaires des zones de villégiature alors que d’autres services non offerts, comme les égouts et le déneigement, font partie intégrante de leur compte de taxes. « D’un côté, on m’enlève une taxe d’eau parce que je n’ai pas le service et de l’autre, on me charge même si je n’ai pas les services », a expliqué M. Roy au téléphone.

« Je ne suis pas en train de dire que si je n’ai pas de services, je ne veux pas payer de taxes », a-t-il cependant précisé, en indiquant que les services dispensés sur le territoire municipal, notamment celui de la bibliothèque municipale, ça se paye.

Selon un calcul qu’il a réalisé en 2017, les propriétaires du lac Frigon paient 0,28 $ par tranche de 100 $ d’évaluation pour des services qu’ils ne reçoivent pas. M. Roy veut que ça change.

« Ce n’est pas juste une question d’être en guerre contre la Ville. Le maire, je lui lève mon chapeau, car il a l’air de vouloir rétablir la situation », a d’ailleurs admis le porte-parole.

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