Gabriel Desjardins et Autobus Manic : un travail d’équipe payant
Atteint de dysphasie sévère et d’un léger trouble du spectre de l’autisme, Gabriel Desjardins a évolué énormément depuis son embauche chez Autobus Manic en 2014. On l’aperçoit entouré de Mario Gallant et Line Rossignol, respectivement directeur et adjointe administrative de l’entreprise, qui le considèrent pratiquement comme leur fils.
Gabriel Desjardins a commencé sa vie d’adulte avec deux prises contre lui. Pourtant, aujourd’hui, l’homme de 25 ans, atteint d’une dysphasie sévère jumelée à un léger trouble du spectre de l’autisme, a surmonté bien des obstacles et fait le bonheur de l’employeur qui lui a donné sa chance en 2014, Autobus Manic. Portrait d’une intégration au travail réussie.
Au sein de l’entreprise, Gabriel Desjardins fait partie de la gang, pour reprendre l’expression consacrée. Affecté principalement à l’entretien des autobus urbains et des bureaux de l’entreprise, il est considéré comme one of the boys parmi la soixantaine d’employés, indiquent Mario Gallant et Line Rossignol, respectivement directeur et adjointe administrative.
Et pourtant, au départ, rien ne pouvait le laisser présager. La montagne aurait pu sembler insurmontable à bien des gens, mais c’était sans compter les efforts et la détermination du jeune homme et l’engagement de ses supérieurs.
« Entre le Gabriel d’avant et le Gabriel d’aujourd’hui, c’est carrément deux mondes. On est partis d’une petite bête farouche, si on peut dire, et on est rendus à un jeune homme pratiquement autonome », précise Mme Rossignol.
Tout un défi
Avant d’être embauché à l’âge de 18 ans par l’ancien directeur d’Autobus Manic, Gaétan Ménard, aujourd’hui décédé, Gabriel Desjardins, alors résident de Chute-aux-Outardes mais aujourd’hui installé à Baie-Comeau, a effectué des stages dans l’entreprise deux années de suite par l’entremise d’un programme de niveau secondaire visant l’insertion sociale et professionnelle des jeunes.
« Je me souviens très très bien quand ils sont venus me le présenter. Je me suis dit qu’est-ce que je vais faire avec », raconte Mario Gallant, qui était alors chef mécanicien et responsable des stagiaires. Avant Gabriel, il avait eu à s’occuper de stagiaires à cinq ou six reprises, mais jamais le mandat ne lui avait semblé aussi difficile.
« Gabriel, au départ, ç’a été le plus gros doute. (…) Il avait des coquilles (énormes) toute la journée, il regardait à terre tout le temps, tout le temps. Il avait peur de tout, du bruit, de la poussière », poursuit le directeur.
Line Rossignol en ajoute : « On l’a déjà ramassé en petite boule à terre. Parfois on arrivait et il était renfermé, pleurait tout seul dans un coin. »
Une évolution incroyable
Au fil des mois et des années, le jeune employé a connu une évolution extraordinaire. Il a travaillé énormément sur son anxiété, qui le faisait paniquer régulièrement, notamment s’il commettait une bourde. « T’as le droit de faire une erreur », lui disait M. Gallant, qui affirme en être venu à réaliser une chose : « On s’est rendus compte que s’il faisait quelque chose de pas correct, c’était notre faute. On avait juste à lui montrer comme il faut. »
« Toute l’anxiété qu’il a appris à gérer à travers les années, toutes les insécurités et les peines qu’il a eues et qu’il a appris à exprimer, tout ça, c’est extraordinaire », renchérit Mme Rossignol.
Les deux collègues de travail ont pour ainsi dire développé un lien parental à l’égard de Gabriel. « C’est devenu notre fils. À toutes les fois qu’il fait quelque chose de nouveau, j’ai les larmes aux yeux », avoue la dame, qui a une fille du même âge. « J’ai dit à ma blonde l’autre jour, surprends-toi pas si t’entends parler que j’ai eu un fils avec Line », raconte en riant le directeur d’Autobus Manic.
Selon ce dernier, Gabriel est aujourd’hui autonome au travail, même s’il faut le tenir occupé. Dans sa vie personnelle, il est parvenu, entre autres choses, à obtenir son permis de conduire, un autre bel accomplissement pour lui.
Maman du jeune employé, Mélanie Desjardins se réjouit elle aussi de son évolution phénoménale au fil des ans. Tout en précisant que la dysphasie affecte le langage et la compréhension, elle précise que si du côté langage, ça va très bien aujourd’hui, Gabriel a encore un peu de cheminement à faire du côté de la compréhension.
Fierté et réussite
Oui, Mario Gallant et Line Rossignol se sont investis auprès du jeune homme avec leur écoute particulière et sans compter le temps à lui consacrer, mais quelle récompense ils ont eue!
« Les gens, ce qu’ils ne pensent pas, c’est le temps que tu mets pour ces gens-là, tout ce que ça peut donner comme résultat. Ça nous revient 100 fois », admet l’adjointe administrative, qui voit dans l’histoire de Gabriel un « beau modèle pour un jeune qui n’est pas fait pour le cadre de l’école et qui se dit ça ne donne rien d’aller faire un stage. »
« Quand je vais être assez vieux pour me bercer, si quelqu’un me demande c’est quoi ta plus grande réussite, c’est lui, c’est sûr », conclut d’un ton convaincu le directeur d’Autobus Manic.
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