Zoé découvre bien des vertus au casse-tête

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 20 avril 2022
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Zoé Andriam a découvert le monde des casse-têtes il y a un mois à peine. Ce loisir lui permet de passer du temps de qualité avec sa fille Lucie, du temps loin des écrans pour l’une et l’autre. Photo courtoisie

Zoé Andriam se passionne pour les casse-têtes depuis à peine un mois. Avec sa fille Lucie comme partenaire d’aventure, elle aiguise sa patience et savoure ses réussites. Parmi les nombreuses vertus qu’elle découvre à emboîter les pièces les unes dans les autres, la maman va jusqu’à parler d’une belle leçon de vie.

Plusieurs personnes ont découvert ou redécouvert les casse-têtes depuis le début de la pandémie. Pour certaines, ce passe-temps est cependant tout récent, comme dans le cas de Zoé Andriam.

Après avoir résidé à Baie-Comeau pendant neuf ans, la femme originaire du Madagascar partage son temps entre Baie-Comeau et Québec depuis l’automne dernier. Sa nouvelle passion pour les casse-têtes, qui a émergé par l’entremise d’une amie, lui permet de passer du temps de qualité avec sa jeune adolescente de 12 ans. Du temps loin des écrans, insiste-t-elle, et à un âge où les jeunes sont plus sujets à se détacher de leurs parents.

« Ça me permet un moment avec ma fille. L’intérêt est commun. Les casse-têtes permettent de nous rapprocher. Pendant qu’on fait ça, on échange un peu de ce qui se passe », souligne la maman. Elle avoue que ces instants partagés avec Lucie sont précieux et la fait, elle aussi, décrocher de son cellulaire et de la télé.

Voici le premier casse-tête réalisé par Zoé Adriam et sa fille Lucie.

Mère et fille se sont lancées dans l’aventure avec un casse-tête de 1000 pièces. À leur grande surprise, elles l’ont terminé en une semaine.

Déconstruire et reconstruire

Philosophe, Zoé Andriam voit dans les casse-têtes une leçon de vie. « Parfois, la vie est tout à l’envers et c’est à nous de la reconstruire. »

Ces morceaux qu’on emboîte les uns dans les autres pour construire l’image parfaite qui apparaît sur le dessus de la boîte, elle les compare aux efforts qui peuvent être nécessaires pour replacer les pièces du puzzle, pour reprendre l’expression, afin de reprendre notre vie en main.

La nouvelle adepte voit d’autres vertus à ce loisir. « Vu que les pièces sont petites, juste de réussir à placer une pièce à un endroit, ça procure de la satisfaction. C’est comme de la confiance. Ça te fait dire wow! que je suis bonne. »

Patricia Tardif a ce passe-temps inscrit dans ses gènes

Patricia Tardif adore les casse-têtes et elle n’a pas attendu la pandémie pour s’y mettre. « J’en fais depuis que je suis au monde, je pense », lance la dame de 86 ans d’un ton enjoué.

La Baie-Comoise vient d’une famille où les casse-têtes étaient très populaires. « Ma mère en faisait. Mes sœurs en font », raconte-t-elle. Dans les chalets de l’une et de l’autre, il y avait régulièrement un casse-tête de commencé. Il progressait au gré des gens qui s’installaient autour, surtout par mauvais temps.

Patricia Tardif vient d’une famille d’adeptes de casse-têtes. À 86 ans, elle dit avoir l’impression d’en faire depuis qu’elle est au monde.

Depuis le début de la pandémie en mars 2020, l’octogénaire avoue que son engouement pour ce passe-temps a décuplé. « La pandémie nous en a fait faire encore plus. J’en ai fait 46 depuis le début, des 1000 morceaux », dit celle qui pouvait en faire trois ou quatre par année avant. « Je ne passe pas mon temps là-dessus », précise dame encore très alerte.

Pour elle, les casse-têtes, ça demeure un beau passe-temps, comme les jeux cartes. « Ça nous empêche de penser à la pandémie », s’esclaffe-t-elle, en ajoutant que ça aère l’esprit.

Choisir et donner

Mme Tardif choisit avec soin ses casse-têtes. Elle affirme ne pas faire n’importe quoi et jette souvent son dévolu sur les fleurs, les paysages et les animaux.

Une fois les 1000 morceaux en place et une réussite de plus à son actif, elle les remet dans leur boîte en attendant de passer au suivant. Quand elle n’a personne à qui refiler ses casse-têtes, « je vais les porter au soubassement de l’église », indique-t-elle, en faisant référence au Marché de Claire.

Lors du passage du Manic chez elle, la dame gardait au fond d’un garde-robe une boîte contenant quelques casse-têtes qu’une personne devait passer chercher.

« Quand tout a fermé, les gens se sont mis aux casse-têtes »

Si vous connaissez quelqu’un qui s’est mis aux casse-têtes ces derniers mois, ce n’est pas nécessairement un hasard, car ce loisir bondit en popularité pendant le premier trimestre de l’année.

« De janvier à mars, c’est toujours une période forte, c’est le peak des ventes », assure Annie Proulx, gérante à la librairie A à Z à Baie-Comeau.

Le commerce a vu les gens se ruer vers ce passe-temps dès le début de la pandémie et ses ventes ont évidemment suivi le rythme. « », souligne Mme Proulx, qui s’y adonne elle-même.

Gérante à la librairie A à Z, Annie Proulx fait remarquer que la pointe de la demande en casse-têtes survient toujours pendant les trois premiers mois de l’année.

Cette dernière y voit une forme de divertissement. « Tant qu’à regarder la télé, on fait des casse-têtes. » Entre autres bénéfices, elle note que c’est une excellente façon de lâcher prise.

« C’est aussi très familial. On participe tout le monde, les enfants viennent », poursuit Mme Proulx, en ajoutant qu’une petite coupe de vin pour les adultes peut très bien accompagner l’activité.

Questionnée sur la possibilité que la pratique des casse-têtes soit une affaire de femmes, la gérante affirme que ce n’est aucunement le cas. « Je dirais que c’est une affaire de couples. Ils viennent chercher leurs casse-têtes ensemble. »

La librairie s’est retrouvée en rupture de stock des populaires casse-têtes de la compagnie Ravensburger pendant une grosse année, ce qui a entraîné les consommateurs à se tourner vers des produits québécois. L’approvisionnement auprès du géant mondial du casse-tête est repris depuis quelques mois. Comme le dira Annie Proulx, « notre offre de casse-têtes est à son potentiel ».

Fait à noter, il n’y a pas que les casse-têtes qui sont au cœur d’une frénésie depuis les deux dernières années. La peinture au diamant, un art créatif relativement nouveau qui amalgame le point de croix, la broderie et la peinture par numéros, et les jeux de société ont aussi gagné plusieurs adeptes.