La Table des groupes populaires de la Côte-Nord appuie le salaire minimum à 18 $ de l’heure

Par Colombe Jourdain 2:11 PM - 7 avril 2022
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Michel Savard, coordonnateur de la Table des groupes populaires de la Côte-Nord, a invité la porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière, à venir exposer les arguments en faveur de la hausse du salaire minimum à 18 $/h. Photo courtoisie

En compagnie de plusieurs responsables d’organismes communautaires de la région, la Table des groupes populaires de la Côte-Nord a reçu Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, pour parler du salaire minimum à 18 $ de l’heure.

La présentation de Mme Larivière devant une dizaine de personnes provenant d’organismes communautaires de la région visait à les outiller et les former sur les arguments en faveur de la hausse du salaire minimum.

Selon le Collectif, « le salaire doit être haussé à 18 $ l’heure, et ce, afin d’assurer qu’une personne seule travaillant 35 heures par semaine puisse se sortir de la pauvreté ». Virginie Larivière n’hésite pas à interpeller les dirigeants d’entreprise qui sont contre la hausse du salaire minimum, comme Alain Bouchard, président exécutif du conseil d’administration et fondateur de Couche-Tard.

Mme Larivière rapporte que M. Bouchard s’est prononcé publiquement contre la hausse du salaire minimum en insistant sur le fait que l’inflation augmenterait et que de toute façon, la facture serait refilée directement aux consommateurs, plutôt que de gruger dans sa marge de profit. C’est l’argument principal du patronat et de l’état contre la hausse du salaire minimum qui, selon eux, occasionnerait la hausse de l’inflation et la montée des taux d’intérêt.

« Ce n’est pas vrai que d’augmenter le salaire minimum de 20 %, ça fait automatiquement monter le prix de 20 %, ce n’est pas logique », avance Mme Larivière. Selon elle, les entreprises ont une marge de manœuvre et possèdent des moyens d’absorber ces coûts-là.

Cet argument est devenu un mythe relayé dans les médias, par le gouvernement et les dirigeants d’entreprise, « pour faire peur au monde », indique la porte-parole du Collectif. Et malgré ce que M. Bouchard en dit, transférer la totalité de la hausse du salaire au client n’est pas logique. Les coûts de main-d’œuvre ne représentent qu’une partie du prix d’un produit ou d’un service, il y a les autres frais comme le local, les infrastructures, les assurances, la publicité, pour ne nommer que ceux-là.

Mme Larivière cite également la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) en exemple qui a également un discours contre la hausse du salaire minimum. La FCEI revendique plutôt que le gouvernement soutienne les travailleurs pauvres par des crédits d’impôt pour solidarité, les retours de TPS/TVQ et d’autres mécanismes fiscaux. La Fédération soutient également qu’il faut laisser cours au libre marché avec le moins d’intervention possible de l’état.

Pourtant, « la responsabilité sociale d’une entreprise devrait être d’offrir un salaire et des conditions de travail qui permettent à leur monde de sortir de la pauvreté » avance encore la porte-parole du Collectif.

Elle vante toutefois Louis Audet de Cogeco pour sa sortie à ce sujet en octobre 2021. Selon Mme Larivière, M. Audet a affirmé que les inégalités sont de plus en plus grandissantes entre les riches et les pauvres et est d’avis que le salaire minimum devrait même être à 20 $/h.

« Évidemment, il s’est fait lancer des tomates par les gens d’affaires et s’est fait critiquer sur le fait que de toute façon, il n’a pas d’employés à ce salaire-là », indique Virginie Larivière, qui ajoute aussi que M. Audet « craint pour une révolte » parce que la situation pourrait briser la cohésion sociale.

La pauvreté a des impacts causant des problèmes socioéconomiques et ces enjeux doivent être pris au sérieux par le gouvernement. « Ça coûte plus cher de tolérer la pauvreté que d’investir à lutter contre la pauvreté », soutient Mme Larivière en guise de conclusion.

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