40 ans… comme si c’était hier

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 21 avril 2022
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Réaliser son stage en journalisme dans les mois précédant la fusion des ex-villes de Baie-Comeau et de Hauterive, ça ne s’oublie pas. Photo Pixabay

Avril 2022, avril 1982… Quarante ans ont passé, mais les souvenirs, eux, remontent à la surface ces temps-ci. Les souvenirs d’un début de stage en journalisme marqué par le climat de forte tension des semaines précédant la fusion des villes de Baie-Comeau et de Hauterive.

Dans un mois, j’aurai 40 ans de métier. Un métier dans lequel j’ai fait mes premières armes à une époque incroyablement orageuse et marquée par la consécration, en juin 1982, de la fusion des deux villes-sœurs.

Mais revenons-en au printemps 1982. À 19 ans et finissante du programme d’Art et technologie des médias du cégep de Jonquière, je reviens dans ma ville pour amorcer mon stage de fin d’études au défunt journal Plein Jour pour lequel j’ai travaillé 32 ans.

Ce stage, je le commence un vendredi plutôt que le lundi suivant comme prévu. Pourquoi? Parce que le directeur de l’information et responsable de mon stage, René Vallée, vient de recevoir des menaces de mort, rien de moins!

Il me demande de l’accompagner à une assemblée publique à laquelle une foule monstre de 1 500 personnes participera dans l’enceinte du centre récréatif de Baie-Comeau, « du vrai Baie-Comeau », disait-on dans le temps.

« S’il m’arrive quelque chose, tu seras là pour rapporter la nouvelle », me dit vraisemblablement M. Vallée, comme je l’ai toujours appelé. Imaginez, commencer un stage dans pareille circonstance. Quarante ans plus tard, je m’en souviens comme si c’était hier.

Le saccage de la MRC

Un autre événement hors du commun est survenu ce jour-là. On en parlera par la suite comme du saccage de la MRC.

Après la fameuse rencontre publique et les esprits bien échauffés, des centaines de manifestants convergent vers un édifice du boulevard La Salle où des gens mettent la dernière touche à la préparation d’une cérémonie d’inauguration des locaux de la MRC de Manicouagan. Nouvellement créé par le gouvernement du Québec pour voir à l’aménagement du territoire, l’organisme a comme premier préfet le maire de Hauterive, Maurice Boutin.

Évidemment, René Vallée et sa jeune accompagnatrice se rendent aussi sur place, où ils sont témoins d’un bien triste spectacle. À l’arrivée des antifusionnistes, les sandwiches volent aux quatre vents et les bouteilles prévues pour les invités sont dispersées dans la foule. D’autres méfaits sont perpétrés, mais l’image qui me reste en mémoire demeure celle des sandwichs lancées à qui mieux mieux sous mes yeux.

Quarante ans

Quarante ans ont passé. Ça n’a pas été facile pour les journalistes dans cette période d’avant et d’après la fusion de Baie-Comeau et Hauterive. Même si je n’étais pas souvent aux premières loges en raison de mon peu d’expérience (contrairement à ce fameux vendredi d’avril 1982), je l’ai tout de même vécu de l’intérieur.

À la fin de mai, je célébrerai mes 40 ans de métier. Quarante ans à faire des entrevues et à couvrir des événements. Quarante ans à écrire des textes et à raconter des histoires. C’est d’ailleurs ce désir de raconter des histoires qui touchent les gens, à différents degrés on s’entend, qui m’a menée vers des études en journalisme.

La fin de ma carrière approche. La journaliste va remiser son stylo et son cahier de notes en juin 2023. Les événements survenus il y a 40 ans demeureront parmi les faits marquants de toutes ces années à pratiquer un métier passionnant, certes, mais associé aussi à de bonnes doses de stress. Un stress de plus en plus difficile à gérer avec l’âge.

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