Les cours de francisation sont courus plus que jamais

Par Charlotte Paquet 1:00 PM - 15 juin 2022
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L’enseignante Nathalie Pascalin pose avec trois étudiants en francisation. En avant-plan, on aperçoit Soufiane Abaghough et Abdelilah Knina, des Marocains. Derrière, Ivan Alfaro, un Chilien d’origine qui en était à sa deuxième journée de cours lors du passage du Manic.

Les cours de francisation sont plus courus que jamais dans la Manicouagan et la Haute-Côte-Nord. En l’espace de deux ans, le nombre d’étudiants de la Maison Alpha ABC Côte-Nord a quadruplé à la suite de l’arrivée de plusieurs travailleurs étrangers temporaires dans la région.

« Avant, on avait peut-être 10 étudiants en francisation par année. J’avoue que pour la session de printemps, on avait 42 étudiants », indique Marjolaine Landry, coordonnatrice de l’organisme qui fait dans la francisation, mais aussi dans l’alphabétisation.

Originaires d’une quinzaine de pays différents, ces étudiants travaillent fort pour apprendre le français afin de pouvoir se débrouiller dans leur quotidien. Sept se trouvent en Haute-Côte-Nord. Ils suivent leurs cours par la plateforme Zoom, mais aussi avec la présence d’une enseignante qui se déplace à Forestville une fois par semaine.

La clientèle a changé depuis deux ans, fait remarquer Mme Landry. « Avant notre clientèle, c’était 90 % des conjointes de Québécois qui venaient apprendre le français alors que maintenant ce sont des travailleurs. »

À temps partiel

Le programme de francisation couvre 12 heures de cours par semaine. Ils sont offerts en avant-midi pour certains et en après-midi et en soirée pour d’autres de façon à s’ajuster leur horaire. Pour faire face à la recrudescence de la demande, le nombre d’enseignants a aussi bondi d’un à cinq.

Depuis deux ans, Marjolaine Landry, coordonnatrice de la Maison Alpha ABC Côte-Nord, a vu le nombre d’étudiants en francisation bondir de 10 à 42 dans la foulée de l’arrivée de plusieurs travailleurs étrangers temporaires à Baie-Comeau.

De la francisation en entreprise est également dispensée. Chez Fransi, les six travailleurs philippins embauchés en mai 2021 sont libérés de leurs tâches pour apprendre le français avec une enseignante sur place. « Ils n’avaient pas de permis de conduire, c’était compliqué. Moi, dans le fond, je fais tout ce que je peux pour les aider ces gens-là. On essaie de les accommoder le mieux qu’on peut. »

Avec la rareté de la main-d’œuvre qui bouscule la vie de bien des employeurs, la coordonnatrice se considère bénie des Dieux d’avoir pu recruter le personnel enseignant qualifié nécessaire. « On est chanceux, mais je pense que les gens aiment ça aussi. C’est un beau domaine, c’est le fun de travailler avec différentes cultures. »

Contrairement à ce qui prévalait avant cette explosion de la demande en francisation, la Maison Alpha ABC Côte-Nord poursuit désormais son offre de cours même en été.

D’origine mexicaine, Flor Lizeth Hernandez Coronado (en bas, à gauche) ne fait pas qu’apprendre le français à la Maison Alpha ABC Côte-Nord. Elle s’est également proposée pour offrir des cours de danses latines à des élèves en alphabétisation.

De facile à difficile

La facilité d’apprentissage varie d’une personne à une autre. Certains se débrouilleront rapidement tandis que pour d’autres, ce sera ardu longtemps. « Si j’ai un Arabe qui écrit avec des signes de droite à gauche, c’est plus difficile. Les Latinos, c’est plus facile. Ça dépend toujours, puis tout le monde n’apprend pas au même rythme. »

Certains commencent leur cours en ne sachant pas un traître mot de français tandis que d’autres se débrouillent un peu, comme les Marocains. « Ils l’apprennent quand même un peu le français là-bas, mais c’est plus le français de France alors que nous, c’est le québécois », fait remarquer Marjolaine Landry.

La plupart des étudiants parlent heureusement anglais. Une dame dont la langue maternelle est l’arabe vient tout juste de commencer des cours de francisation, mais elle ne parle ni anglais ni français. Une personne l’accompagne pour jouer un peu le rôle d’interprète.

« Parfois, les gens nous demandent combien de temps ça va prendre, mais c’est tellement variable. Il y a beaucoup de facteurs », résume Marjolaine Landry, tout en ayant en tête le cas d’une étudiante de la République dominicaine devenue très bonne après un an seulement.

Bûcher pour apprendre le français

Ils ont beau avoir étudié les bases du français dans leur pays d’origine, le Maroc, Abdelilah Knina et Soufiane Abaghough apprennent énormément depuis qu’ils vont en classe à la Maison Alpha ABC Côte-Nord.

Lors du passage du journal Le Manic sur place, les deux employés de la chaîne McDonald’s à Baie-Comeau, dont la langue maternelle est l’arabe, travaillaient leur français en compagnie de leur enseignante, Nathalie Pascalin, une Française d’origine installée à Baie-Comeau depuis moins d’un an.

Abdelilah suit des cours depuis janvier 2022 et Soufiane, octobre 2021. Ivan Alfaro, un Chilien également à l’emploi de McDonald’s, en était seulement à son deuxième cours de francisation. Avec ses écouteurs sur ses oreilles et son cahier en main, il était assis au fin fond de la classe, visiblement très concentré.

« On avait une petite base, mais vraiment avec Nathalie, on apprendre beaucoup beaucoup de choses. On a vraiment amélioré notre niveau en français », a souligné Abdelilah, avec un accent très charmant. Il dit être désormais capable de facilement comprendre et se faire comprendre des clients du restaurant.

Le nouveau Baie-Comois est d’avis qu’avec l’environnement qui est devenu le sien et les gens qui l’entourent, son apprentissage du français se poursuivra aisément.

Mme Pascalin a d’ailleurs eu de bons mots pour ses deux étudiants marocains. « Ils sont réceptifs, ils sont assez assidus », a-t-elle assuré.

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