1 000 km contre les féminicides : Marielle Bouchard fait un arrêt à Baie-Comeau

Par Colombe Jourdain 2:42 PM - 28 juillet 2022
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Marielle Bouchard a fait un arrêt à Baie-Comeau où l’attendaient des membres des organismes en soutien aux femmes et des gens venus l’encourager.

L’ultracycliste de Québec, Marielle Bouchard, a quitté la Capitale-Nationale tôt mercredi matin afin de parcourir les 1 000 kilomètres qui la séparent de Natashquan, afin de mettre en lumière la problématique des féminicides. Elle s’est arrêtée à Baie-Comeau ce matin.

Dans sa première journée, elle a parcouru 322 km, dans des conditions optimales, selon elle, puisque la température n’était pas caniculaire, la pluie annoncée n’est pas tombée et elle a eu le vent dans le dos la grande majorité du temps. Pourtant, ce défi demeure un exploit en soi.

« Faire 1 000 km en trois jours, on pense à l’effort physique que ça prend, c’est incroyable. Et comme Marielle le dit, elle se met en mode survie dans ce défi pour comprendre ce que les femmes victimes de violence doivent vivre pour se sortir de ce cycle-là », souligne Geneviève Gagné-Dumont du Regroupement des femmes de la Côte-Nord.

« Marielle avait envie de faire le parallèle avec le parcours des femmes victimes de violence. Ce n’est pas un parcours linéaire, c’est très symbolique avec son itinéraire, avec des hauts et des bas », souligne Mélanie Leblanc, une des accompagnatrices de Marielle, qui la suit en voiture.

Partie vers 4 h de Forestville, Marielle s’est d’abord arrêtée à Pessamit où plusieurs personnes l’attendaient. Les femmes de la communauté lui ont offert une petite robe rouge qu’elle a épinglée sur son chandail, symbolisant les huit femmes de la communauté innue victimes de féminicides.

« Les femmes autochtones ne se sentent pas toujours traitées comme des êtres humains. Dans les médias, on dit souvent une femme autochtone, sans plus de détails, comme si elles avaient moins d’importance. Pour les autres, on les nomme, on dit si elles ont des enfants, on donne leur âge. Avec le symbole de la robe rouge, je les amène avec moi sur la route, ces huit femmes assassinées dans cette communauté », explique Marielle Bouchard.

Elle est arrivée au rassemblement de Baie-Comeau vers 9 h 30 où l’attendaient plusieurs personnes, dont certaines provenant d’organismes en lien avec les femmes et la violence conjugale.

Hélène Millier de la Maison des femmes de Baie-Comeau mentionne que l’organisme se devait d’être présent, « c’était incontournable, on ne pouvait pas ne pas être ici. On a quelqu’un qui s’implique pour dénoncer les féminicides. Je trouve ça extraordinaire de faire 1 000 km à vélo. C’est un don de soi de faire ça et c’est une bonne façon de faire parler de la problématique ».

Marielle Bouchard a pris un moment pour discuter avec les personnes présentes provenant des organismes de la région qui lui ont confirmé que les maisons d’hébergement sont pratiquement toujours pleines.

 Dans son travail, en défense des droits des personnes en situation de pauvreté, elle a pu voir, durant la pandémie, à quel point le problème était criant. « J’avais des femmes qui me confiaient avoir peur. Certaines pensaient même être la prochaine victime », explique la cycliste.

« On ne voit que la pointe de l’iceberg, ce n’est rien comparé à ce qui se passe réellement sur le terrain. Un féminicide, ça reste un échec de la société. Parce que si ça se rend jusque-là, c’est parce qu’on l’a échappé pendant le processus où on aurait pu intervenir. Il y en a pourtant à la pelletée des solutions », conclut-elle.

Après son bref arrêt à Baie-Comeau, Marielle Bouchard a repris la route en espérant se rendre à Sept-Îles ou Moisie pour la nuit. Elle invite les gens qui veulent supporter sa cause à se rendre sur sa page Facebook où un lien les dirige vers sa campagne de sociofinancement.

Son objectif est de 5 000 $ qu’elle remettra à la Maison de Marthe à Québec, une ressource qui accueille des femmes qui veulent se sortir de la prostitution. Présentement, elle a accumulé une somme de 3 000 $.

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