Commission sur le caribou forestier : les recommandations ne font pas l’unanimité

Par Steeve Paradis 3:17 PM - 23 août 2022
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Comme on pouvait s’y attendre, les recommandations sur la protection du caribou émises par la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards ne font pas l’unanimité. Reste maintenant à voir ce qu’en fera le gouvernement.

La Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards vient de déposer son rapport au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) du Québec, rapport qui contient 35 recommandations. Autant les groupes écologistes que l’industrie forestière semblent en désaccord avec les conclusions, alors que les Premières Nations sont au premier abord « agréablement surpris ».

La principale de ces recommandations, peut-être, est d’écarter l’un des deux scénarios de base établis avant le début des travaux de la commission, soit celui sans impact sur l’industrie forestière.

« La Commission recommande au MFFP d’abandonner le scénario sans impact additionnel et de s’appuyer, pour les fins du développement de la future stratégie de protection et de rétablissement du caribou, sur le scénario consultatif révisé comme base de travail en y incorporant les améliorations suggérées dans le présent document », peut-on notamment lire.

Les commissaires se sont également interrogés sur le rôle du MFFP dans ce dossier, lui qui doit voir à la fois à offrir les meilleures conditions à l’industrie forestière tout en protégeant la faune. « La Commission recommande que la cohabitation, sous la responsabilité d’un même ministre, de la protection de la faune et de l’aménagement forestier, soit réexaminée par l’autorité compétente », est-il mentionné.

La Commission recommande aussi de créer l’aire protégée de Pipmuacan, telle que proposée par le Conseil des Innus de Pessamit, « et engager des discussions avec cette communauté en vue de lui en confier la gestion et la surveillance et lui fournir à cette fin une assistance technique et financière ».

« Lamentablement échoué »

Pour le Groupe Boisaco, la Commission « a lamentablement échoué » et a également « tout simplement ignoré plusieurs faits et/ou connaissances scientifiques qui ont été déposés à son attention et qui militent en faveur d’une approche prudente, adaptative et évolutive ».

Les dirigeants de Boisaco estiment aussi que la commission a « échoué dans l’évaluation et la prise en compte des impacts socioéconomiques pour les travailleurs, les citoyens et les communautés qui vivent et dépendent de la forêt ». Ils concluent cependant en disant croire « que le gros bon sens finira par émerger et que le gouvernement s’assurera de voir clair et de prendre les bonnes décisions ».

Pour sa part, Alliance forêt boréale exige que Québec protège autant le caribou que les communautés forestières et non l’un plus que l’autre.

« On ne peut absolument pas protéger le caribou aux dépens des travailleurs. Nos communautés forestières sont en danger et nous comptons sur le ministre Dufour (Pierre, du MFFP) pour assurer leur protection », a soutenu le président d’Alliance forêt boréale, Yanick Baillargeon, dans un communiqué de l’organisme.

Satisfait, mais pas encore rassuré

Au Conseil des Innus de Pessamit, on dit se réjouir de la conclusion de la Commission, surtout évidemment en ce qui concerne la création de l’aire protégée du Pipmuacan.

« On est agréablement surpris des recommandations de la Commission. Il y avait certaines craintes qu’elle penche du côté de l’industrie forestière », a lancé la responsable du dossier caribou au Conseil, Jérôme Bacon St-Onge. « C’est satisfaisant, mais pas encore nécessairement parce que ça reste des recommandations. Il faut voir ce que le gouvernement va en faire. »

Quant à l’entente Québec-Canada pour augmenter la protection du caribou, M. Bacon St-Onge se réjouit là aussi de cette avancée, mais ajoute au passage que les Innus désirent être impliqués dans les discussions et que des gestes doivent être posés rapidement.

« On a entendu juin 2023 pour voir des actions. Pour nous, cette échéance est inacceptable car le caribou dépérit jour après jour. Pourquoi attendre juin 2023 pour poser des gestes qui peuvent être faits maintenant », a-t-il conclu.

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