Des salaires alléchants pour attirer les infirmières sur la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 27 septembre 2022
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Photo : iStock

Les régions éloignées comme la Côte-Nord peinent à recruter un nombre suffisant d’infirmières et infirmières auxiliaires afin de combler tous les quarts de travail, tant au public qu’au privé. Les institutions de santé font donc appel aux agences de placement de personnel qui doivent offrir des salaires et conditions alléchantes pour attirer cette denrée rare.

La firme Brouillette, par exemple, a publié une offre d’emploi sur les réseaux sociaux il y a quelques semaines spécifiquement pour recruter des infirmières et infirmières auxiliaires dans les régions éloignées.
L’agence offre un taux horaire de 80 $ aux infirmières qui viendront pratiquer leur profession sur la Côte-Nord et 65 $ l’heure aux infirmières auxiliaires.

« En plus d’avoir un logement complètement meublé payé, nous vous rembourserons le transport et vous aurez 65 $ d’indemnité par jour travaillé. Les heures supplémentaires sont rémunérées à taux et demi », mentionne également l’offre d’emploi.

Selon Pierre Colin, directeur général et responsable du recrutement à la firme Brouillette, il est difficile de combler les postes dans les régions éloignées comme la Côte-Nord.

« Ce n’est pas compliqué quand on offre de bons salaires et de bonnes conditions comme on peut le faire. En un mois et demi, j’ai reçu 250 candidatures pour cette offre d’emploi », fait-il savoir.

Le besoin surpasse toutefois le nombre de curriculum vitae obtenu. « On en a besoin de beaucoup plus. On s’entraide entre agences. On a deux partenaires et quand un de nous remporte un appel d’offres gouvernemental, pour obtenir un contrat de gré à gré, on peut placer tous nos candidats. On peut faire plus de recrutement », explique M. Colin.

Comme l’indique le directeur général, quand un appel d’offres est publié par le gouvernement sur le Système électronique d’appel d’offres (SEAO), les agences peuvent soumissionner afin de mettre la main sur un contrat.

« C’est ce qui est arrivé pour les infirmières et infirmières auxiliaires en régions éloignées », confirme Pierre Colin.

« Tout est accepté dans ce temps-là. C’est certain que le gouvernement choisira l’offre la moins élevée, mais on ne doit pas respecter les plafonds fixés dans l’arrêté ministériel du 31 mars 2022. Certaines agences en profitent pour abuser et faire des offres excessives comme 350 $/heure, heureusement que ce n’est que le tiers d’entre elles qui agissent ainsi », poursuit-il.

De l’avis de M. Colin, les conditions de travail attrayantes et les salaires plus élevés sont d’abord et avant tout les raisons de la recrudescence des infirmières qui se tournent vers les agences.

« Avec nous, il n’y a pas de temps supplémentaire obligatoire et elles peuvent choisir leur horaire en plus d’être mieux payées », commente-t-il.

Toutefois, le revers de la médaille se situe au niveau de l’absence d’assurances collectives et de régime enregistré d’épargne-retraite (REER).

« On ne peut pas offrir non plus la stabilité d’emploi comme le réseau public. On doit placer les ressources où sont les besoins », admet également le responsable du recrutement.

Des restrictions « nuisibles »

L’arrêté ministériel se voulant une façon de limiter le recours aux agences de placement a causé bien des maux de tête à Pierre Colin et la firme pour laquelle il travaille.

« On a perdu beaucoup de candidats potentiels, notamment parce que les infirmières du réseau public doivent démissionner et attendre 90 jours avant de pouvoir travailler pour une agence, à moins de demander un congé nordique », confie-t-il.

Même s’il est conscient que l’objectif du gouvernement « est de limiter au maximum les agences », le directeur général trouve « très dommage » les restrictions imposées.

« C’est abominable de nous restreindre de cette manière alors qu’il y a un criant manque de personnel partout dans les hôpitaux. Je pourrais placer du personnel dès demain si je pouvais, mais on doit attendre les 90 jours », se désole-t-il.

L’usage du mot infirmière inclut le masculin.

Arrêté ministériel

Il est interdit « à une agence de placement de personnel, dont le contrat a été conclu, modifié ou renouvelé depuis le 13 mars 2020 » de fournir à un organisme du secteur de la santé et des services sociaux (ce qui inclut les résidences privées pour aînés) un service « dont la valeur excède la tarification horaire suivante » :

  • 71,87 $ pour une infirmière
  • 47,65 $ pour une infirmière auxiliaire
  • Les taux horaires peuvent être majorés de 20 % « si le lieu de travail du prestataire de services est situé dans l’une des régions sociosanitaires suivantes » : l’Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, le Nunavik, les Terres-cries-de-la-Baie-James.

Consulter les autres articles du dossier :

https://www.journalhcn.com/2022/09/27/baie-comeau-isabelle-hall-passe-du-reseau-public-a-une-agence-de-placement/

https://www.journalhcn.com/2022/09/27/les-agences-de-placement-sont-un-mal-necessaire-selon-le-cisss-de-la-cote-nord/(ouvre dans un nouvel onglet)

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