L’environnement des avortements à améliorer à Sept-Îles

Par Marie-Eve Poulin 4:00 PM - 8 mars 2023
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Photo: iStock

Si les femmes ont le droit à l’avortement au Québec, ça ne veut pas dire que cela se passe dans un environnement optimal, tandis que le CISSS Côte-Nord admet qu’il y a place à l’amélioration.

Mélodie Lapierre est intervenante à La Source de Sept-Îles. Elle accompagne les femmes qui le souhaitent dans leur processus d’avortement et s’assure que leurs droits soient respectés. Par exemple, les médecins ont un protocole à suivre, ce qui est normal, ça fait partie de leur travail. Mais, certaines des étapes médicales, comme l’échographie, peuvent être confrontantes pour la femme en situation d’avortement et ne sont pas obligatoires.

Si elle avait une lutte à mener ou un changement à apporter pour le bien des femmes, ce serait de repenser l’environnement lié aux avortements et aux fausses couches.

« Une femme qui doit aller au bloc opératoire et qui est à côté d’une femme qui s’en va subir une césarienne. Ça peut être confrontant », dit-elle.

Elle parle aussi de femmes qui font une fausse couche dans la salle d’urgence.

« Ce n’est pas très humain. Elles ont envie de vivre ce moment-là en intimité », dit-elle.

Mme Lapierre souligne que malgré l’environnement, l’équipe médicale est très humaine et qu’elle reçoit de bons commentaires à ce sujet.

Changements à venir

Le porte-parole du CISSS, Jean-Christophe Beaulieu, affirme qu’il est presque impossible que les patientes soient en contact avec des patientes ayant eu une césarienne, considérant la plage horaire. Toutefois, en cas de césarienne d’urgence, ce qui n’arrive pas tous les jours, la probabilité que les patientes se croisent est minime, mais présente.

« Cependant, il est vrai que les premières consultations sont faites au planning familial qui partage ses locaux avec la Clinique de grossesse à risque élevé (GARE) et la gynécologie, où sont faits des suivis de grossesse. Les personnes sont donc effectivement dans la même salle d’attente à ce moment », explique-t-il.

Pour l’instant, même s’ils sont sensibles à cette réalité, la pénurie d’espace et de locaux rend impossible la séparation des clientèles.

« Toutefois, une révision de l’affichage sur place dans la salle d’attente est à venir pour en faire un lieu plus neutre. »

Une pratique encore jugée

Une affiche de sensibilisation partagée sur les réseaux sociaux du Calacs de Sept-Îles démontre à quel point le jugement est présent et la pression est énorme, peu importe le choix qu’une femme fera concernant l’enfantement.

On peut y lire des exemples de commentaires que les femmes reçoivent tels que : « tu aurais pu le donner en adoption », « Comment as-tu pu abandonner ton enfant ? » ou encore celle qui fait le choix de ne pas avoir d’enfants se fait traiter « d’égoïste ».

Un des droits obtenus grâce aux combats menés par les femmes est celui de l’avortement. Mais ce droit ne semble pas totalement acquis, si on se fie aux débats menés sur le sujet et l’illégalité de cet acte à divers endroits dans le monde.

« Au Québec, on sent que ce droit est encore là, donc on se sent “correct”. C’est surtout un sujet qui inquiète les mamans pour les générations futures. Est-ce que ça va devenir comme dans certains États ? C’est le discours qu’on entend », conclut Mélodie Lapierre.

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