La Côte-Nord est l’endroit au Québec où le taux de violence conjugale est le plus élevé, et ce, depuis des années. La région a aussi connu des féminicides, dont un en particulier qui, malgré le drame vécu, a permis une grande avancée pour prévenir d’autres cas.
En 1996 à Baie-Comeau, un homme s’est suicidé après avoir assassiné sa femme et son fils. Selon l’enquête du coroner Jacques Bérubé, l’homme aurait visité à trois reprises l’hôpital de Baie-Comeau pour des problèmes psychiatriques, disant vouloir tuer sa femme et se suicider. Plus tard, il aurait contacté le CLSC en proférant les mêmes menaces. Accusé de menaces de mort, il aurait été libéré en attendant son procès.
À la suite de ce drame, le coroner a soulevé de nombreuses failles du système et émis plusieurs recommandations. Parmi celles-ci : mieux former les professionnels pour dépister les ex-conjoints violents, mettre en place des maisons d’hébergement temporaires pour les hommes et éviter la remise en liberté conditionnelle des agresseurs trop rapidement.
Des maisons des hommes, des ressources d’aide et des tables de concertation ont donc vu le jour et la Loi sur la confidentialité a été modifiée.
Le changement de loi a fait toute la différence en matière de gestion de la violence conjugale et pour la prévention des féminicides.
« C’est fou ! », dit Hélène Millier, coordonnatrice de la Maison des femmes de Baie-Comeau, qui a été l’instigatrice d’un projet de cellule de crise auquel participent Hommes aide Manicouagan et le CISSS.
« On cherchait un moyen de travailler ensemble et d’éviter de perdre des vies », dit-elle.
Cette cellule de crise fait en sorte que tous les intervenants utilisent la même grille d’évaluation pour évaluer le risque d’homicide par rapport à la violence conjugale, autant du point de vue de la victime, des enfants, ou du conjoint violent.
« Quand on est dans le rouge, on peut lever la confidentialité et faire une rencontre pour se partager les informations pertinentes pour éviter le pire », explique Mme Millier.
Un plan est donc mis en place pour éviter un drame.
Peines plus sévères
Martine Girard, coordonnatrice d’Autour d’Elles, une maison d’aide et d’hébergement pour les femmes à Sept-Îles, souhaite que les peines soient plus sévères pour ceux ayant commis le geste irréparable.
« Si on voit que les conjoints s’en sortent, la pensée de ‘’ ils vont dire que je suis fou, donc ça va être correct, je ne serai pas accusé de meurtre ’’, ça a un impact », dit-elle.
Mme Girard explique que plus il y a de féminicides, plus les femmes ont peur, puisque les hommes violents utilisent les drames médiatisés comme menace.
« Ils vont dire des choses comme ‘’ regarde ce qu’il s’est passé, moi aussi je peux le faire’’ », raconte-elle.
Du positif malgré tout
Selon Martine Girard, les gens en parlent beaucoup plus qu’avant. Ils sont plus sensibilisés et dénoncent plus.
« Avant, c’était quelque chose de caché qu’on ne parlait pas. Mais là, il y a une conscience sociale qui est faite. Les gens n’endossent pas ça et le dénonce », dit-elle.
Cela fait aussi en sorte que les bons mots sont utilisés.
« Le terme féminicide est utilisé et les gens comprennent que c’est un acte de violence qui est fait contre une femme et non un coup de folie.»
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.